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Zoo et delphinarium : l’enfer de l’ennui

Lama fou. Photo du Dr H.Hediger, Directeur du Jardin Zoologique de Zurich

Zoo et delphinarium :
L’enfer de l’ennui

 

« Plus que le manque de confort, c’est l’ennui qui transforme la vie des animaux en zoo en pur  cauchemar. Dans la nature, les bêtes consacrent l’essentiel de leur temps à chercher de la nourriture.
Comme le reste de la création poursuit le même but, ces mêmes bêtes vivent dans un état de perpétuelle attention, pour éviter de se faire manger, tout simplement. Une branche qui craque, une odeur apportée par le vent, un bruit bizarre les alerte : ami ? Ennemi ? Il faut savoir et vite. Leur vie est une perpétuelle  montée d’adrénaline. (…)
Dans la nature, rien n’est indifférent.

Dans un zoo, des soigneurs préparent des nourritures délicieuses et équilibrées. Aucun assassin ne menace personne. Il n’’y a qu’’à se laisser vivre.
Les ongulés, cerfs, dromadaires et autres mouflons dont la palette d’intérêts est assez réduite s’y font tout à fait. Les singes qui vivent en groupes aussi : leurs mode de relation crée perpétuellement l’événement. Mais les bêtes au tempérament plus inventif ne sont pas faits pour la paresse. Sans le stress, l’excitation engendrée par le monde sauvage, elles s’ennuient. Les ours tournent en rond, les éléphants se balancent d’une patte sur l’autre, les tigres arpentent leur plateau, les lions lèchent leurs barreaux. Comme il n’y a rien à faire, on invente quelque chose quand même, gestes idiots et inutiles  pour que ce monde du rien soit un peu moins vide. Ces comportements répétitifs à l’infini s’appellent stéréotypes ».


Des zoos pour quoi faire ?
Pierre Gay, Directeur
du Zoo de Doué-la-Fontaine

Editions Delachaux et Niestlé 2005

Aywaille

Le dossier qui suit est extrait de l’ouvrage : « Les Animaux Sauvages en Captivité » du Dr H.Hediger, Directeur du Jardin Zoologique de Zurich. Il est frappant de constater que le diagnostic et les suggestions évoquées pour pallier à l’ennui atroce dont souffrent les animaux dans les zoos restent pleinement d’actualité, même si ce livre a été publié en…1953 chez Payot.
Depuis lors, force est de constater que rien, ou si peu, n’a vraiment été fait dans le domaine de l’enrichissement comportemental en zoo et ce, pour les raisons financières que l’auteur dénonce d’ores et déjà.
Qu’on en juge :


Mouvements stéréotypés

« Il peut se produire quelquefois, sous l’influence de certaines conditions de captivité (confinement, hypertrophie des valeurs, inactivité, absence d’occupations) certaines hypertrophies partielles de certaines composantes du système espace-temps, telles par exemple que des mouvements stéréotypés.

Il importe de dire, tout d’abord, que de tels mouvements stéréotypés sont la preuve certaine d’un mauvais traitement. Nous reparlerons par exemple, plus loin et en détail, des mouvements stéréotypés d’un tatou étudié par Holzapfel, et dont un sol
biologiquement impropre était la cause.

Comme nous l’avons dit auparavant, on peut considérer la plupart de ces mouvements stéréotypés comme des hypertrophies plus ou moins sérieuses de certaines parties du système espace-temps.

Envisageons par exemple le cas d’un prédateur guettant de son poste d’observation, point déterminé de son système espace-temps, l’arrivée du gardien qui lui apporte sa viande. L’homme le fait attendre.
L’animal tourne en rond, et suit un chemin ou une piste qui le ramène toujours à son poste d’observation ; il y revient d’autant plus souvent que l’espace dont il dispose est plus restreint, et, de nouveau, se met à guetter. La nourriture qu’on lui fait attendre et qu’on doit lui distribuer à heure fixe détermine en lui une véritable excitation; de plus, elle est un des rares éléments de son univers qui vaille de retenir son attention et qui possède une certaine « valence « .

Ainsi, un acte ayant au début un certain sens – le fait de guetter une proie à un certain point et à une certaine heure – peut être répété trop souvent et trop longtemps, du fait de l’absence d’autres activités et de la tendance à la répétition qui existe chez toute créature.
L’acte perd ainsi peu à peu son sens originel du fait de sa fréquente répétition et devient ainsi un mouvement stéréotypé. Il se peut même alors que l’animal effectue ce mouvement à d’autres heures que ses heures de repas. Le cas échéant, il se mettra même à marcher de-ci de-là sans aucun but et pourra même se blesser. J’ai choisi un exemple hypothétique à dessein, mais il existe de nombreux mouvements stéréotypés possédant tous une origine analogue et plus ou moins semblables à cet exemple.

La Martre (Martes martes), comme beaucoup d’autres espèces, dépose de façon caractéristique, à certains points fixes de son système espace-temps, des marques odoriférantes Elle dépose la sécrétion de ses glandes anales sur des branches ou autres repères. Il lui faut de temps à autre renouveler ces marques olfactives en les remplaçant par des sécrétions plus fraîches.

F. Goethe (1938) a cependant montré que, malgré le vent et les intempéries, une branche en conservait encore au bout de 15 jours l’odeur caractéristique. Il faut cependant réitérer ce geste périodiquement.
F. Goethe a observé une hypertrophie typique de ce comportement chez une Martre, et nous avons pu le constater nous-même à différentes reprises.
F. Goethe précise qu’un jour il compta les visites que rendit un mâle à ses marques odoriférantes ; en l’espace de 6 minutes, il, en constata 46, et à chaque minute suivante il en enregistra 5, 5, 6, 5, 5, 7, 5, 5, z, I et les diagrammes publiés par cet auteur montrent bien l’uniformité de ce marquage. Gœthe constata, et c’est assez significatif, que la martre rend bien plus souvent visite à ces marques odoriférantes dans une petite cage, que dans un enclos plus vaste, ou à l’extérieur. Le champ de cet
« aimant olfactif  » augmente en proportion inverse de la diminution de l’espace vital.

Voici donc un exemple saisissant d’hypertrophie partielle du système espace-temps, hypertrophie résultant de l’influence du confinement et de l’hypertrophie de certaines « valences  » qui en résulte.

Les visites périodiques aux marques odoriférantes sont normales et tout à fait naturelles, mais leur renouvellement à la cadence de 5 visites à la minute est sans aucun sens et est devenu un acte stéréotypé.
Ce dernier n’a en lui-même aucune gravité, mais montre assez clairement que le milieu de l’animal doit être amélioré par l’introduction de nouvelles  » valences « , par l’accroissement de la taille de la cage (ce qui, dans ce cas, apporta une amélioration nette), ou par des distractions ou occupations diverses.

L’animal qui n’a rien à faire 
Le problème que pose l’animal, qui, en captivité, n’a rien à faire, est urgent à résoudre et il n’est pas impossible d’y trouver une solution.
M. Holzapfel, dont les travaux si fouillés sont si intéressants à lire, dit que les mouvements stéréotypés des animaux
sauvages ne dépendent pratiquement jamais d’un facteur unique. Trois facteurs principaux seraient à leur origine:

1. La tendance à la formation d’habitudes.
2 L’émotion.
3 Le blocage de cette émotion – par un facteur externe ou interne s’opposant à l’ épanchement « normal » de cette émotion.

J’ai insisté sur le fait que l’on peut déduire, de mouvements stéréotypés apparemment absurdes et sans valeur, l’existence de besoins biologiques et psychiques sérieux. Les mouvements stéréotypés ne sont donc point intéressants du seul point de vue théorique, mais devraient, sur le plan
pratique attirer beaucoup plus l’attention des personnes s’occupant d’animaux.

On peut considérer de nombreux mouvements stéréotypés comme l’hypertrophie de certaines parties du système espace-temps, c’est-à-dire de la tendance de l’animal à accomplir certains actes à une date et à un endroit donnés. Nous constatons en fait dans les mouvements stéréotypés de ce type des rapports spatiaux et temporels frappants. Ce n’est pas le hasard qui déclenche
ces mouvements stéréotypés, ils se produisent généralement en un moment et un endroit précis.

M. Holzapfel est parvenu, grâce à un dispositif expérimental particulier, à modifier dans le temps le comportement stéréotypé d’un Melursus
ursinus. La piste que suivait de façon stéréotypée un dingo (canis dingo) dépendait de facteurs externes précis, tels que la présence ou l’absence de public. En général, les mouvements stéréotypés comportant des déplacements d’un point à un autre s’accompagnent de pistes ou traces dessinant des figures géométriques définies, les mêmes pistes étant toujours utilisées dans une même direction. Les figures ainsi réalisées sont généralement des cercles, des lignes droites, ou des 8, etc.

M. Holzapfel a étudié très à fond ces diverses figures.
Il apparaît que le 8 dérive de mouvements répétés en droite ligne. Les déplacements le long d’un mur ou d’un grillage peuvent être provoqués par le besoin de fuir vers un point donné, par exemple lorsque l’animal veut éviter le public ou encore par la forte tentation de traverser le mur ou le grillage pour observer ce qu’il y a de l’autre côté, ou également par l’attirance de la nourriture d’un camarade ou d’un partenaire de sexe opposé, présents de l’autre côté de la clôture cloison.
A chaque bout de son trajet en ligne droite, l’animal est contraint de tourner ; rares en effet sont les animaux qui marchent à reculons, comme certains animaux aquatiques,
certains ours blancs ou quelques chevaux atteints de troubles pathologiques.
Le retour en arrière se fait généralement de la façon suivante : l’animal maintient sa tête aussi proche que possible de son objectif (but de sa course) et ses pattes de derrière opèrent le virage qui va l’écarter du but.

Une telle course en ligne droite, d’un point à un autre avec virages le long de l’obstacle peut être considérée, selon
Holzapfel, comme une ébauche de huit très étroit et de forme allongée. Puis, l’animal se détache graduellement de l’obstacle, mur ou grillage, au cours de ses déplacements, et allonge en conséquence son trajet de retour. Il en découle, en définitive, une longue figure en forme d’un huit

(…)

L’observation de l’animal sauvage qui vit à l’état de nature permet de constater qu’il passe son existence dans le souci constant d’éviter ses ennemis et de rechercher sa nourriture or, la vie captive le libère de ces deux inquiétudes primordiales, et il est évident que ce changement de vie comporte des conséquences profondes. La captivité lui supprime ses occupations les plus importantes. Il dispose donc d’une réserve d’énergie considérable et qu’il faut endiguer.

Un des problèmes les plus urgents qui puisse être posé au jardin zoologique est cette absence d’occupation de l’animal captif. Cette inoccupation peut être la cause de conséquences dangereuses et variées. Nous avons montré quelques-uns des effets secondaires dus à la captivité et auxquels il faut remédier autant que possible, principalement à l’hypertrophie des valences qui peut prendre l’allure d’un comportement antisocial exacerbé, la funeste hyperactivité sexuelle, et les mouvements stéréotypés.

F. Alverdes (1925) a démontré à juste titre, il y a quelque temps, que la captivité condamne lés animaux à l’inactivité. Il en arriva à cette conclusion à la suite d’une analyse du comportement spécial de singes mais elle s’applique de même à de nombreux autres animaux, tels que carnivores, ongulés, etc…

Il est manifeste qu’il faille bannir à tout prix cette inactivité dangereuse et cette nuisible pauvreté du milieu.
Il faut allouer à l’animal captif un intérêt nouveau, une possibilité adéquate de substitution aux soucis principaux qui accompagnent normalement sa vie à l’état libre. L’auteur émet l’opinion que ce substitut peut prendre la forme d’un dressage biologiquement approprié et pense qu’une thérapeutique « d’occupation  » est importante.

Les animaux montrent clairement et souvent qu’ils cherchent eux-mêmes de leur côté une occupation quelconque. Les mammifères et les oiseaux en expriment le désir un nombre incalculable de fois.
Lieinroth (1938) en a observé des éléments intéressants. Il dit qu’à l’état de nature, le don d’imitation est inconnu des perroquets. C’est peut-être que leur vie ennuyeuse d’animaux en cage éveille chez eux le désir d’imitation qu’ils poussent si loin, que dès qu’ils perçoivent un bruit ou un coup de sifflet, ils approchent doucement, et, les plumes de l’oreille hérissées, écoutent attentivement.

Quelquefois même plus tard, ils s’y exercent et reproduisent le bruit.

 

Kéa solitaire au Zoo d’Anvers 2017

Il est évident que ce défaut d’activité est d’autant plus perceptible que l’animal captif est plus évolué.
Il ne faut donc point s’étonner si les singes servirent d’abord aux exercices de dressage. Les jardins zoologiques modernes procèdent même au dressage de grands carnivores, et aussi des éléphants. Nous ne voyons pas la raison pourquoi certains ongulés ne bénéficieraient point eux aussi d’un dressage physique et psychologique approprié. Et parmi eux, on pourrait inclure des animaux, tels les cervidés, antilopes, etc…

Il n’est pas douteux que les animaux éprouvent le besoin d’un traitement biologique meilleur.
Une des principales raisons qui s’opposent à la généralisation des exercices de dressage est d’ordre financier : l’extension du programme de dressage nécessite du personnel. Nous pouvons dire à nouveau qu’au point de vue biologique, tout comme pour le problème de la nourriture, la réalisation d’économies dans ce sens est non biologique. Il faudrait que l’animal vécût dans les conditions optima et non minima. Comme nous l’avons dit à propos du régime, tout permet de penser que la généralisation du dressage améliorerait l’état physique des animaux
et leur maintien dans des conditions optima, ce qui s’accompagnerait d’une vie plus longue et d’une reproduction meilleure.

La plupart des quatre cents jardins zoologiques mondiaux doivent surmonter des difficultés d’ordre financier, et cette situation démontre qu’il faut l’examiner de près dont on n’en a pas encore apprécié la gravité.
D’abord et surtout, cette situation provient d’erreurs financières graves lors de la création de jardins zoologiques, puis de défectuosités d’aménagements, de conditions de vie minima alors qu’elles devraient être maxima, et de compression de dépenses qui, biologiquement, sont injustifiables. Les estimations financières doivent donc se baser sur l’acquisition de nouveaux terrains, et surtout tenir compte du traitement optimum des animaux. Il est possible d’éviter à l’avenir de grandes difficultés en se pénétrant de ces faits. De nos jours, même les jardins zoologiques qui ne présentent pas un caractère de nécessité absolue, et que ne favorisent aucune subvention, restent ouverts.

Plaidoyer pour le dressage

Nous ne pouvons nous empêcher de dire une nouvelle fois, dans l’intérêt des animaux eux-mêmes, que certaines sociétés protectrices des animaux feraient oeuvre très utile, quand Lies le peuvent, en insistant sur les avantages du dressage biologiquement approprié elles devraient en faciliter l’adoption dans les hautes sphères, plutôt que de brandir aveuglément des arguments qui sont depuis longtemps insoutenables. Leur opposition au dressage nuit réellement à l’animal.

Comme il a été démontré, l’animal sauvage captif bénéficie, sur le seul plan biologique, d’un certain dressage.
On croit généralement que le dressage est un acte qui n’est pas naturel, qu’il est une erreur, et qu’il se base sur une
conception erronée du traitement naturel des animaux: ce sujet a déjà été traité dans le chapitre consacré au milieu de l’animal.

Traitement biologique naturel ne veut  pas dire essai d’imitation prétentieuse du terrain naturel, du régime naturel ou des rapports naturels de l’animal avec l’homme, mais signifie substitution adéquate et interprétation pertinente des conditions naturelles.

Ceci n’exprime pas que l’animal qui vit en captivité et dans un endroit restreint soit obligé d’éviter constamment des ennemis et de lutter durement pour obtenir sa nourriture, comme il le fait pendant sa vie de liberté. Cela consiste plutôt en des activités de substitution qui cadrent avec les conditions de la captivité, et c’est ce qu’apporte le dressage. Les exercices de dressage régulier sont non seulement nécessaires à l’hygiène psychique de nombreux animaux, mais représentent, au point de vue physique, un avantage. Le dressage est plus ou moins aux animaux sauvages captifs ce que les sports et les compétitions athlétiques sont à l’homme civilisé.

Cette stimulation physique que produit un dressage approprié réussira au moins jusqu’à un certain point, à prévenir et en tout cas à atténuer les signes et symptômes variés du mauvais état général qui accompagne la captivité: amaigrissement, fonte musculaire, fragilité du squelette, etc… Le dressage contre-balancera aussi des modifications complexes qui naissent de la captivité et de a domestication.

L’animal captif ressent d’autant plus cette vie inactive tue son organisation est plus complexe : il essayera plutôt
encore de faire quelque chose pour lui-même, car occupation et jeux lui font défaut. Les ours, dans leur fosse de Berne, ne sont pas dressés, et ne disposent d’aucun jeu qui leur convienne : un de ces ours, au cours de l’hiver, confectionna de sa propre autorité une boule de neige dont il s’amusa
[F. A. Voliar (1940), 357].

De même, la mendicité est une forme altérée de ce besoin d’agir.
En 1934, l’auteur étudia un chimpanzé maintenu seul dans sa cage chez Hagenbeck. Cet animal attirait l’attention des visiteurs en poussant des clameurs, puis laçait une brique sur son dos, et tournait en rond dans
sa cage pendant un certain temps. Quand il avait réuni un nombre suffisant de spectateurs, le chimpanzé s’emparait de la brique et en menaçait la foule amusée. Les barreaux ne lui permettant pas de lancer la brique, il la lâcha, et
brusquement prit une poignée de sable de son plancher et en bombarda les visiteurs qui reculèrent, mais réoccupèrent bientôt leur place. Le chimpanzé répéta plusieurs fois ce geste, mais les mains vides. La retraite éclair des assistants devant ce jet de sable simulé avait comblé de joie le chimpanzé ; ce fut la fin du jeu, que l’auteur put observer longtemps.

Il apparaît, quand on compare systématiquement la liberté et la captivité, et ceci sans équivoque possible, que l’animal éprouve le besoin physique impérieux de faire quelque chose. Le biologiste de jardins zoologiques se doit de satisfaire à cette nécessité. Ceci s’obtient par le dressage, qui est le dérivatif approprié.

Le dressage combat la pauvreté des éléments du milieu et l’animal y trouve un intérêt nouveau : son attention se. porte sur divers éléments, l’hypertrophie des valences disparaît, et par conséquent aussi sa fixation morbide sur un point ou quelques points particuliers de son habitat. La nourriture n’hypnotise plus exclusivement le carnivore le dressage par lui-même, les préparatifs de l’homme avec lequel il prendra contact, éveillent son intérêt, etc…

On a pu constater que les animaux dressés vont d’eux-mêmes à leurs lieux d’exercice. Au cours d’une exhibition de dressage d’un groupe d’ours, le dompteur épuisé s’était assis pour reprendre souffle, quand l’auteur s’aperçut qu’un ours, qui avait beaucoup moins besoin de récupérer que son dresseur, se mit, de son propre chef, à tourner en rond sur son scooter.

Le dressage est un événement, un intermède agréable dans la vie monotone et désespérante de l’animal captif.
Le contact de l’homme et de l’animal s’intensifie, et souvent à un tel point que l’animal l’accepte définitivement en tant que membre de la même espèce, et qu’il l’incorpore dans la structure sociale de son groupe. Cette intimité offre des possibilités d’ordre psychologique intéressantes- et souvent des avantages pratiques, semblables à ceux de l’apprivoisement, mais toutefois plus prononcés. De plus, le dressage peut augmenter considérablement la valeur matérielle d’un animal ou d’un groupe d’animaux, en raison de l’attrait spectaculaire infiniment supérieur à la simple curiosité de voir des animaux non dressés. Nous constatons donc, de tout ce qui précède et des avantages qu’il présente, que le dressage est une nécessité. Le dressage, tout comme l’apprivoisement, est salutaire, utile et intéressant.

Yvon Godefroid