Mayani la gorille des plaines enceinte au Zoo d’Anvers
Mayani la gorille des plaines est enceinte au Zoo d’Anvers. Son bébé est attendu pour décembre 2018. Il ne sera pas le premier à naître dans ce vieux zoo colonial coincé au coeur de la ville…
« Si tout se passe bien, le zoo d’Anvers accueillera en décembre, un bébé gorille parmi sa population de gorilles des plaines occidentales. La femelle Mayani attend en effet un petit, une nouvelle très positive selon le zoo qui souligne qu’il s’agit d’une espèce en danger d’extinction.
Mayani est âgée de 17 ans et n’est arrivée à Anvers que l’an dernier, à l’occasion de l’ouverture par le zoo d’un nouvel espace consacré aux grands singes (la « Vallée des grands singes »). Le père du futur petit est Matadi, le « dos argenté » du groupe de gorilles du zoo.
Matadi et Mayani appartiennent à la sous-espèce des gorilles des plaines occidentales, dont la population est estimée à environ 90-95.000 individus et catégorisée « en danger critique d’extinction ».
La gestation d’un petit est de 9 mois, et les femelles ne mettent bas qu’à partir de l’âge de 10 ans, puis tous les 4 ans «
Tel est le communiqué du zoo, religieusement relayé par la presse du pays.
Mais regardons-y de plus près…
L’élevage des gorilles en batterie
Le Zoo d’Anvers n’a jamais eu beaucoup de succès avec la reproduction de ses grands singes.
Mais il n’a pas non plus vraiment essayé. Ce n’est que tout récemment que la conservation des espèces est devenue une priorité pour la plupart des zoos européens, mais celui d’Anvers a traîné les pieds.
A vrai dire, rien n’a été mis en place pour rendre cela possible avant l’année dernière, lorsque la Vallée des Grands Singes fut construite.
Il était temps !
Ce nouvel espace, que nous appelions de nos vœux depuis des décennies, n’a été dégagé que sous la pression d’un public de plus en plus sensible au bien-être animal, comme ce fut le cas des éléphants. Le zoo d’Anvers a donc fini par construire cette « vallée » toute en vitres pour le bonheur du public et séparée en deux sections, l’une pour les chimpanzés, l’autre pour les gorilles.
Le scandale de ces grand singes enfermés jour et nuit dans les mêmes stalles puantes, sans accès la moindre végétation a pris fin.
Mais rappelons tout de même que cet espace de verdure n’est accessible que durant les beaux jours.
Le reste de l’année, c’est le retour à la case départ, dans les cellules verdâtres pour les chimpanzés et dans la salle vitrée au baobab en béton pour les gorilles.
Le dernier bébé gorille qui naquit et survécut se nommait Victoria, une gorille de Grauer.
Née dans les sous-sols du bâtiment des grands singes le 9 juin 1968, elle était l’enfant de maman Quivu et de papa Kisubi, tous deux capturés. Ses quatre et frères et sœurs moururent tous en bas âge. Victoria elle-même eut un enfant, Isabelle, née des oeuvres de Kisubi, à la fois père et grand-père. Seuls les zoos connaissent ce genre de situation psychologiquement dramatique, d’autant que la frêle Isabelle mourut très vite à son tour. Pour le reste, la plupart des gorilles morts au zoo depuis sa création étaient des individus jeunes, récemment capturés après qu’on eut massacré leur famille. Les zoos étaient comme ça, à l’époque !
En 2016, Mambele (16 ans) et Kiki (8 ans), gorilles des plaines de l’ouest, devaient normalement assurer la descendance de Matadi.
« Le zoo espère que le nouveau mâle fera des petits à une de ces deux femelles. Le gorille des plaines de l’ouest est très menacé. Il n’en reste que 90 000 dans la nature. Des bébés sont donc très importants et bienvenus » expliquait alors le site du zoo.
« La rencontre entre les femelles et le nouveau mâle, qui doit se faire accepter et prendre sa position de leader du groupe en mordant chacune dans le cou se fait d’abord visuellement ». Et le zoo ajoutait :
« Le processus d’acceptation peut s’avérer long et parfois pénible »
Pénible, ce le fut.
La version officielle veut que Kiki ait été victime d’une crise d’épilepsie devant la cage de Matadi et provoqué sa colère.
Le grand mâle aurait alors saisi son avant-bras et l’aurait mordue. La malheureuse dut être amputée mais mourut peu après d’une infection de son moignon de bras. Suite à cet incident qui dut être d’une violence rare, Victoria subit une ultime attaque cérébrale et dut être euthanasiée
Pour sa part, Mambele à la lippe pendante, la simplette du groupe, semble incapable d’engendrer.
Quant à la belle Amahoro, une gorille de Grauer née en liberté, elle ne convenait pas plus que Victoria pour engendrer l’enfant de Matadi. De toutes façons, la mort de son amie lui a brisé le moral.
Place donc à Mayani, une belle jeune fille de 17 ans née au Zoo de Barcelone le 6 décembre 2001.
Elle a été nourrie au biberon, sa mère l’ayant sans doute rejetée à la naissance. Ses deux parents, papa Xebo – mort aujourd’hui – et maman Machinda sont également nés en captivité.
Lorsqu’elle était au Dublin Zoo, Mayani avait déjà donné naissance à un enfant, qu’elle a réussi à élever elle-même.
Sa fille Kambiri est née le 16 septembre 2011 mais malgré son jeune âge, on l’a déjà séparée de sa mère puisque celle-ci se trouve à présent à Anvers pour y produire d’autres enfants.
Le fait est qu’en matière de reproduction, les gorilles captifs se défendent aujourd’hui relativement bien.
Tout dépend bien sûr de la qualité de vie qu’on leur offre en captivité. Mais il n’empêche ! Quelle triste vie pour ces personnes non-humaines que de se voir déplacées sans cesse d’un zoo à l’autre pour produire du bébé.
Si vraiment ces gorilles qui verront le jour en cage doivent être les derniers au monde – et c’est hélas possible – alors, oui, nous aurons réussi à garder leur corps vivant.
Mais nous aurons perdu leur âme, leurs cultures, leurs savoirs, toute leur sagesse de peuple libre et pacifique dont nous avons volé les terres et capturé les enfants.
La vie s’est sûrement améliorée pour les gorilles d’Anvers, mais côté ambiance, ce n’est pas encore ça. Tout le monde reste dans son coin avec un air sinistre… Photo YG