Tyonek le bébé béluga a rejoint sa prison au SeaWorld Texas
Tyonek le bébé béluga a rejoint sa prison au SeaWorld de San Antonio.
Le jeune cétacé avait été découvert échoué en Baie d’Hudson le 30 septembre 2017.
Il vient d’être transporté depuis l’Alaska SeaLife Center de Seward jusqu’à sa nouvelle « résidence » dans les bassins clos du SeaWorld de San Antonio, au Texas.
La première étape du voyage s’est passée à bord d’un camion, qui a quitté Seward pour Anchorage vers 6 heures du matin.
Tyonek se trouvait alors suspendu dans une civière, elle-même placée dans un réservoir partiellement rempli d’eau, un outillage auquel le personnel du SeaLife Center avait passé des semaines à familiariser le petit béluga, notamment en l’y nourrissant.
Deux membres du personnel du centre SeaLife ont accompagné Tyonek au Texas.
Arrivé à Anchorage, Tyonek fut chargé à bord d’un avion charter à destination de San Antonio.
C’était encore la nuit au Texas lorsque l’avion s’est posé et qu’un véhicule a transporté Tyonek jusqu’à SeaWorld avec une escorte policière pour contrôler la circulation.
À son arrivée, Tyonek a été placé dans une piscine en tous points identique à celle qu’il avait quittée en Alaska.
« Quand nous l’avons mis dans la piscine, il a tout de suite reconnu certaines personnes qui l’attendaient. Lisa Hartman de SeaLife était là, et évidemment, il la connaît très bien … Tyonek a tout vérifié dans son bassin, et nous lui avons aussitôt offert un biberon qu’il a avalé tout entier. Son appétit était bon. Nous avons eu une bonne interaction avec lui, et ensuite nous avons dit OK, maintenant, laissons-le se reposer un peu » raconte un membre du personnel.
Le 30 septembre 2017, Tyonek avait été découvert lors d’une patrouille en hélicoptère.
Il était échoué sur une vasière à l’ouest de Cook Inlet.
Au mois de janvier 2018, la NOAA – l’organisme fédéral habilité à gérer la population menacée des bélugas de Cook Inlet – a décidé que le manque de compétences sociales et de capacités à survivre rendait Tyonek à jamais tributaire des humains et qu’il ne pouvait plus être relâché dans la nature.
Lorsque la NOAA a annoncé début février que SeaWorld San Antonio serait la « maison » de Tyonek, c’était en partie parce que ce delphinarium texan possédait « le groupe social le plus approprié pour intégrer Tyonek, car il est composé de plusieurs femelles matures pouvant servir de mères adoptives ainsi que de deux jeunes mâles avec qui jouer ».
Le groupe des neuf autres bélugas à San Antonio est en effet composé de 4 femelles et 2 mâles adultes ainsi que de 3 mâles juvéniles dont Innik, qui a le même âge que Tyonek.
5 de ces 9 bélugas sont nés en captivité. Les autres ont été capturés en baie d’Hudson.
Quand Tyonek quittera sa piscine d’isolement, il sera progressivement présenté aux autres bélugas.
Le procédé habituel est de séparer un bassin en deux avec une paroi transparente, à travers laquelle les cétacés peuvent se voir et s’entendre avant de pouvoir interagir physiquement. La première connaissance de Tyonek serait « probablement l’une des femelles les plus âgées qui a montré une sorte de comportement d’adoption dans le passé, qui a eu des enfants et dispose d’une bonne expérience avec des bélugas plus jeunes. »
On parle sans doute ici de Natasha, capturée en Baie d’Hudson le 16 juillet 1984. De là, elle fut expédiée au New York Aquarium, puis au Mystic Aquarium jusqu’en décembre 2002 avant de repartir au New York Aquarium le 26 mai 2004 et enfin d’être transportée au Georgia Aquarium pendant un an avant d’atteindre une bonne fois pour toutes – on l’espère pour elle ! – au SeaWorld de San Antonio le 5 octobre 2009.
C’était aussi une grande amie de Maris, mais de cela, les delphinariums n’ont cure.
Les bélugas de la baie d’Hudson se frottant le ventre sur des galets.
Être un béluga sauvage à Cook Inlet et vivre dans un bassin à SeaWorld sont deux choses bien différentes.
Mais Tyonek devra s’y faire.
Depuis que les bélugas de Cook Inlet ont été déclarés en voie d’extinction en 2008, la Loi sur les Espèces en Voie de Disparition, telle qu’administrée par la NOAA, impose désormais des limites légales aux interactions humaines avec eux.
Ces limites s’appliquent aussi aux animaux en captivité – sans effet rétroactif, apparemment – excluant donc la possibilité que Tyonek soit dressé pour des shows ou qu’il participe aux programmes d’interactions vendus par le SeaWorld de San Antonio, dans lequel les visiteurs nagent avec les cétacés.
« Il ne fera aucun show ni rien de ce genre, a déclaré le directeur animalier, Mais qu’il soit dans la piscine ou non, nous voulons toujours être en mesure de raconter son histoire. La population de Cook Inlet est en train de diminuer et nous voulons que les gens s’engagent. Même dans des choses simples comme le recyclage des déchets ou l’utilisation d’ampoules moins énergétiques, ou même rien qu’en votant ! »
Avant même l’arrivée de Tyonek, le sort tragique des bélugas de Cook Inlet était déjà évoqué dans les messages de SeaWorld San Antonio.
L’un des nouveaux partenaires de Tyonek – un petit béluga mâle âgé d’un an né à San Antonio – se nomme d’ailleurs Kenai dans le but de sensibiliser la population au danger qui menace son espèce.
Nul doute que cela ne sauve l’espèce.
Bien sûr, SeaWorld aurait pu aussi se dispenser de capturer Natasha, Crissy, Martha et Imaq dans la même baie d’Hudson.
Il aurait pu éviter de laisser mourir de tristesse le mâle Shadow dans ses bassins de même que Luke, Kia, Sikku, Roxanne, Martina et quelques autres, tous également capturés en Baie d’Hudson.
Quand on sait toute l’horreur que représentent ces captures pour les parents, les amis, la tribu du béluga kidnappé, quand on sait que ces rapts menés par SeaWorld et consorts ont lourdement affecté la survie des orques sauvages et des bélugas en les privant de leurs femelles nubiles et de leurs enfants, quand on sait que les partenaires russes et chinois de SeaWorld continuent à capturer et à enfermer ces baleines blanches hyper-sociales et intelligentes, on se dit que vraiment, la lutte de SeaWorld pour sauver les bélugas de la Baie d’Hudson relève d’une mauvaise blague.