7 baleines à bosse tentent de sauver un bébé baleine grise

L’une des deux baleines à bosse repoussent et chassent les orques

 7 baleines à bosse tentent de sauver un bébé baleine grise

8 mai 2012

C’est sans doute la première fois que l’on observe un tel comportement : des baleines à bosse tentant d’intervenir pour sauver un bébé baleine grise des mâchoires d’une troupe d’orques en chasse  !
Le printemps est sans doute la meilleure période de l’année pour observer les baleines dans la baie de Monterey, Californie.
Les baleines grises sont alors en effet en train de migrer vers le nord avec leurs baleineaux, les baleines bleues se nourrissent dans les environs, tandis que les baleines à bosse s’en reviennent de leur transhumance hivernale.

Les orques transients, quant à elles, rôdent également dans le secteur.
Les autres cétacés constituent l’une de leurs ressources alimentaires principales, en ce compris les cachalots !
Habiles à chasser même les plus grands mysticètes, les épaulards attaquent régulièrement les jeunes des baleines grises.
Même si le spectacle est insupportable à regarder, il n’en s’agit pas moins d’un comportement aussi nécessaire que culturellement acquis, impliquant des proies et leurs chasseurs.
Mais ce qui est arrivé ce 3 mai 2012, sous les yeux stupéfaits des whale-watchers présents, constitue un événement vraiment exceptionnel.

Sous un ciel couvert, John Mayer, le capitaine du SeaWolf ll, observait les baleines à distance.
Il se rendit vite compte quelque chose d’inhabituel était en train d’avoir lieu. Alors que l’embarcation se rapprochait de la scène, les passagers n’en crurent pas leurs yeux.

Une troupe d’environ 9 orques transients était occupée à essayer de séparer un baleineau nouveau-né de sa mère, comme elles le font d’ordinaire. Mais ce qui frappa les spectateurs, ce fut la présence de deux énormes baleines à bosse qui se préparaient à intervenir.
La maman baleine grise se battait vaillamment pour sauver son enfant, en le soulevant hors de l’eau afin qu’il puisse respirer. Mais elle se montrait incapable de faire face aux attaques cordonnées que lançaient les orques de façon répétée pour attraper le bébé épuisé et de le renverser ventre en l’air afin qu’il se noie.

Au cours de la demi-heure que le premier groupe de whale-watchers passa à regarder cette lutte pour la vie, les deux baleines à bosse se mirent à frapper l’eau de leur caudale, à pousser des sons puissants de trompe, et à se rapprocher aussi près que possible de la mère baleine grise et de son enfant.

A ce moment, les chercheurs Alisa Schulman-Janiger et Nancy Black arrivèrent sur les lieux, à bord du navire Pt. Sur Clipper et poursuivirent l’observation de la scène durant près de 7 heures.

 

Les autres baleines arrivent à la rescousse

Peu de temps après leur arrivée, le bébé était déjà mort et la mère se réfugia temporairement à côté du bateau avant de se diriger vers le rivage.
Schulman-Janiger raconta par la suite que tout à coup, trois autres baleines à bosse apparurent et renforcèrent les rangs des deux premières.

Ensemble, les 7 baleines se mirent à poursuivre de façon incessante le groupe d’orques, toujours en lançant des sons de trompette explosifs, en frappant l’eau de leur puissante caudale, en roulant sur elle-même et en élevant haut la tête hors des flots. Elles continuèrent à revenir sur le lieu où les orques étaient occupées à déchiqueter le cadavre du baleineau et à en dévorer la graisse.

La chercheuse Nancy Black supposa que ces baleines semblaient vouloir protéger le corps de l’enfant et empêcher les orques de s’en repaître, bien qu’en l’absence de caméras sous-marines, il était difficile d’en être certain.

« Ce dont nous sommes sûres, déclara Schulman-Janiger, « c’est que ces baleines à bosse affichaient tous les signes d’un extrême désarroi.
A chaque fois qu’elles  faisaient surface, elles émettaient ces souffles sonores semblables à un bruit de trompe. Elles se sont même potentiellement mises en danger elles-mêmes en plongeant directement auprès de la mère baleine grise, au moment où le baleineau vivant était encore attaqué ».

Schulman-Janiger fit aussi remarquer que l’on connaissait un cas similaire où des baleines à bosse avaient sauvé un phoque de la même manière dans Antarctique, en écartant les orques, soulignant au passage que la protection de ces mysticètes, toujours chassés pour leur viande par les baleiniers, permettrait évidemment d’en savoir plus sur elles.

Le Dr.Lori Marino, professeur de Neurosciences à l’Emory University d’Atlanta, est réputée pour ses connaissances dans le domaine des capacités cognitives des dauphins et baleines.
Elle partage l’opinion de la chercheuse à propos de ce remarquable événement :

« Ceci constitue apparemment un nouveau cas où des baleines à bosse tentent d »aider un individu appartenant à une autre espèce de cétacé. Ceci démontre qu’elles sont à même de faire preuve d’une extraordinaire flexibilité comportementale et apporte encore plus de crédibilité aux récits où des cétacés sont venus en aide à des humains.
Les dauphins et les baleines semblent capables de généraliser une situation par rapport à une autre, et un type d’être vivant par rapport à un autre. Mieux encore, ils semblent pouvoir sympathiser avec les membres d’autres espèces que la leur et ressentir l’envie de les aider ».

L’une des causes de cette capacité tient au fait que les baleines à bosses possèdent dans leur cerveau, à l’instar de bien d’autres cétacés des cellules spécialisées nommées « cellules fusiformes ».
On retrouve celles-ci dans l’encéphale des humains, des éléphants et des grands singes. La fonction exacte de ces neurones allongés est encore mal connue mais on les retrouve exactement aux mêmes endroits du cerveau chez toutes les espèces précitées.

Or, ce qui est intriguant, c’est que l’on pense que ces parties du cerveau mammalien sont dévolues à l’organisation sociale, l’empathie, la parole, la prise de conscience des sentiments de l’autre et des réactions émotionnelles rapides et viscérales.
Dès lors, on peut penser que la présence de ces cellules constituent un support neurologique à l’idée que les cétacés sont capables  d’empathie, de pensée et de sentiments d’un ordre supérieur.
Dans le cas décrit plus haut, les baleines à bosse ont à tout le moins fait preuve d’un haut niveau de sensibilité et de souci pour l’autre, en d’autres termes, d’une attitude morale louable chez n’importe quelle espèce.

Lire l’article original : http://www.digitaljournal.com/article/324348#ixzz1v8QSlcDm

les orques attaquent une baleine grise

Il est dans la culture des orques transients de se nourrir d’autres cétacés,
voire même de prêter main-forte aux baleiniers !