Le delphinarium du Zoo d’Anvers

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  Le delphinarium du Zoo d’Anvers

Une inauguration royale

Portraits de trafiquants

Des bassins d’un autre âge

Le grand massacre

La liste des 29 morts

Le zoo persiste et signe


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Orcelles de Birmanie ? Que sont-ils devenus ?

Par-delà les images terribles d’éléphants fous, de bébés chimpanzés sous-alimentés ou de gorilles dépressifs, arrachés à leur monde normal pour être confinés dans des cages minuscules, on découvrira ici d’étonnantes photos de l’arrivée des premiers dauphins à Anvers ainsi que celles d’orcelles de Birmanie.

Il faut savoir effet que l’on importa toutes sortes de cétacés en Belgique, y compris des dauphins de rivière, en ces temps commercialement heureux où la CITES n’existait pas encore. Que sont-ils devenus ? Nul ne le sait et le site du zoo ne le dit pas. Tous ces malheureux sont sans doute morts depuis bien longtemps sans que personne ne réclame justice pour eux. Tous ont été sacrifiés sur l’autel de « l’éducation et du loisir » depuis les années 50, sans impact notable sur la conscience écologique de nos concitoyens.
Et chaque jour, aujourd’hui encore, de nouvelles victimes rejoignent par milliers les zoos d’Europe pour y mourir de désespoir…

 


 

UNE INAUGURATION ROYALE

Le Prince de Liège au Zoo d'Anvers. Il sera plus tard Albert II, Roi des Belges.

Dans une brochure à usage interne (Revue ZOO, 34eme année, N°4, avril 1969), Walter VAN DEN BERGH, le directeur de la Société Royale de Zoologie d’Anvers, nous livre un historique remarquablement complet de la mise en route de ce premier « Delphinarium » belge, destiné à rehausser mieux encore la gloire du Zoo d’Anvers.

De même que tous les bâtiments nouveaux (Nocturama, nouvelles cages pour rapaces, fauves et ours) auxquels il se rattache, le delphinarium a en effet été conçu dans le cadre du 125e anniversaire du Zoo, en 1968.

On ne sait pas d’ailleurs PAR QUI ni sur quelle base cette construction a pu être étudiée pour accueillir des dauphins Tursiops.
En 1970, rappelons-le, le Grand Dictionnaire Larousse indiquait encore à l’article « dauphin » que la principale caractéristique de cet animal était …. de fournir une huile douce aux pêcheurs !
Les scientifiques d’alors ignoraient donc à peu près tous des mœurs sociales des cétacés, de leur si vive intelligence et de leurs moyens de communication.
L’écholocation ne fut découverte elle-même qu’assez tard et c’est sans doute en toute ignorance de la plupart de ces paramètres que le bassin fut construit et les dauphins amenés.

« C’est l’une de ces utopies, explique savamment le rédacteur de l’article de la revue « Zoo », « auxquelles on est facilement tenté de se laisser aller par enthousiasme pour ces chers animaux que sont les dauphins, mais qui en fait, ne font qu’exciter la fantaisie.  D’autre part, nous ne devons pas non plus sous-estimer le pouvoir des dauphins. Le jour où l’humanité ira de plus en plus explorer la mer en tant que milieu vital elle trouvera certes en les dauphins les alliés souhaités.

Tout ceci justifie donc l’importance scientifique que l’on attache de plus en plus aux dauphins durant ces dernières années. Par conséquent, il est heureux que le Zoo d’Anvers offre l’occasion non seulement d’observer ces animaux de plus près mais aussi de suivre les méthodes d’apprentissage dont ils font l’objet ».

Le propos est clair. Pas d’intelligence particulière, le langage est une légende, le dauphin est là pour servir. Nous sommes en 1969. Ce discours est normal. Personne ne trouve ce genre d’enfermement choquant.

Au Zoo, quelques centaines de mètres plus loin, un gorille dépressif étale ses excréments sur la vitre d’une cellule carrelée comme une salle de bains, au fond d’un couloir sans soleil.
Pas un jouet, pas un meuble, juste une table-balance qui permet d’estimer sa force. Ses grimaces de folie font rire les badauds.
L’éthologie cognitive attend d’être inventée.

Aucune personnalité ne se montre donc gênée de cautionner ce projet et c’est en présence de Son Altesse Royale elle-même, le Prince de Liège aujourd’hui Roi de Belgique sous le nom d’Albert II, que se déroule une somptueuse inauguration, le 17 décembre 1969.En fait, la mise en service du  delphinarium date déjà du 19 décembre 1968, grâce à la générosité des firmes AGFA GEVAERT et Des biscuits DE BEUKELAER.

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Portraits de trafiquants

gelés dans leur caisse....

Gelés dans leur caisse….

 

 

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DES BASSINS D’UN AUTRE ÂGE

le grand hall

Conçu dans l’esprit tout en « courbes et béton » des années soixante-dix par l’architecte René GROSSEMANS, le Delphinarium d’Anvers comprend 5 sections :

A. Le Grand hall
La première est constituée par les locaux accessibles au public, où sont « montré les animaux ». Ces lieux comprennent le grand hall, avec son grand bassin, ainsi que l’entresol où dix grandes vitres d’un mètre sur deux, directement encastrés dans les parois de la piscine, permettent d’observer les dauphins sous l’eau.
Le grand hall comprend des gradins où huit cents personnes peuvent prendre place.

Les dauphins nagent dans un bassin en forme de rein de 28 mètres de longueur, 7 mètres de largeur, 3 mètres de profondeur et d’une capacité de 600m3 d’eau artificiellement salée.
Tous les bassins ont été construit en béton armé, imperméable à l’action de l’eau.
Néanmoins, pour « éliminer toute apparence d’un basin de natation » mais surtout le développement de micro-algues ou de bactéries dans les fissures du béton nu, son revêtement a été réalisé en résine artificielle (epoxy) d’une jolie couleur blanche, qui renforce par ailleurs l’étanchéité de l’ensemble.
A l’extérieur, tout autour du bassin, des pièces détachées de navires, ainsi qu’une grande reproduction d’un paysage maritime vu à bord d’un bateau créent l’atmosphère « Mer du Nord » à l’usage des humains.
« Une aubette très élégante et quelques panneaux didactiques, relatifs à des données biologiques des cétacés procurent à l’ensemble une apparence très agréable » précise le chroniqueur de notre revue ZOO EN 1969.
En 1998, force est de constater que ni le décor ni les données pédagogiques n’ont beaucoup évolué.
Les panneaux didactiques, indignes d’un institut zoologique, ne mentionnent aucunement la vie sociale des cétacés, ni leurs capacités cognitives ou ni moins encore leurs techniques de chasse si complexes.
Juste un petit texte sur l’écholocation. Et c’est tout.

B. Les bassins d’entraînement
A l’arrière, loin des regards du public, existe un second local contenant deux bassins d’entraînement de taille nettement réduite, qui servent également de bassin de repos.
Ces deux bassins ont en connexion mutuelle grâce à un petit chenal, qui donne également accès au grand bassin. Ce chenal ou sas relie également le grand bassin du hall aux véritables demeures des dauphins. Le chenal proprement dit mesure 1,50 m de profondeur et 1,30 m de largeur.

le petit chenal

Iris dans le petit chenal , fermé par une grille. Photo YG 1998

En direction du grand bassin, situé dans le hall, la profondeur atteint progressivement 2,80 m. A cet endroit, une porte tournante ferme l’entrée du chenal. Cette fermeture comme toutes les autres est réalisée en tubulures métalliques inoxydables.

Plus loin dans le chenal, sont encore prévus trois emplacements pouvant être fermés au moyen d’une trappe. Il est possible de subdiviser ces bassins d’entraînement en de plus petits compartiments, au moyen de filets tendus sur des cadres en PVC. C’est la raison pour laquelle le plus grand des deux bassins a été pourvu de trois issues vers le chenal.

Ces dernières peuvent être subdivisées en section pour séparer les animaux.
Cette salle avec bassin d’entraînement ou de repos comprend deux bassins servant à isoler ou à entraîner ces mammifères aquatiques.

Le plus petit des bassins est cylindrique (diamètre : 5m/profondeur : 3m/capacité : 60m3). Le plus grand est large de 5m, profond de 3m et contient 150m3 d’eau. Ses deux extrémités sont semi-circulaires et sa plus grande longueur est de 11m.

C. Isolement et quarantaine
Eu égard aux maladies fréquentes – mais peut-être en tant que moyen de rétorsion pour juguler l’indiscipline – un « local d’isolement et de quarantaine » a également été prévu.

Cette section possède son propre bassin et se trouve isolé de toutes les autres sections.
« Notre fournisseur, M. James Tiebor » explique benoîtement la brochure ZOO, « attira notre attention sur la nécessité de pouvoir isoler complètement les animaux éventuellement malades ou nouveaux venus. C’est pourquoi il fut construit une section de quarantaine, dont l’alimentation en eau et le système de chauffage sont indépendants de l’installation principale ».

Ses dimensions sont les suivantes :
5 mètres de diamètre, 3 mètres de profondeur, 60 mètres- cube de volume d’eau.
Totalement isolé du reste des dauphins, fermé à clef par la double porte de ce compartiment, doté de sa propre entrée à l’arrière, ce bassin est un vrai cachot. C’est sans doute là que l’un après l’autre, tant de captifs en bout de course sont morts au terme d’une interminable agonie, tandis que la foule, joyeuse et ignorante, applaudissait à tout rompre d’autres clowns tristes encore vivants….

D. Le filtrage de l’eau de mer artificielle
A l’étage, surplombant l’ensemble, existe enfin un grand « bureau-laboratoire » d’où l’on surveille les dauphins détenus et à partir duquel s’effectue le contrôle de l’eau effectué journellement et de manière précise, pour connaître sa teneur en sel, chlore, ammoniaque, ainsi que son degré d’acidité.

« Comme il est souhaitable de maintenir l’eau à une température constante de 18 à 20°, le procédé suivant a été appliqué : l’eau salée est portée une première fois à température voulue au moyen d’une installation de chauffage au gaz. L’eau étant filtrée toutes les deux heures dans un ensemble à circuit fermé, il est important qu’elle ne se refroidisse pas. L’isolation efficace de certaines parties du bâtiment et le placement d’une seconde installation de chauffage ont apporté la solution la plus favorable ».

L’installation de chauffage a été conçue pour l’ensemble du complexe « Fauves-Nocturama- Rapaces-Dauphins ».
Cette seconde installation sert à chauffer les bâtiments, de sorte que la température de l’air y est maintenue entre 20 et 22° et celle de l’eau à 19. Il n’y a donc pas de condensation sur les vitres du sous-sol.

Comme il s’agit d’un delphinarium loin de la mer, au coeœur d’une ville très polluée, il est impossible d’y amener l’eau naturelle et celle-ci doit donc être reconstituée artificiellement. et maintenue constamment propre par filtrage.
Les animaux vivent dans une eau dont la teneur en sel de cuisine est de 2%, ce qui est une concentration suffisante pour permettre à nos pensionnaires de nager sans trop d’effort et éviter les œdèmes cutanés qui surviennent en eau douce. Le degré d’acidité de l’eau se situe lui aux environ de Phi 7, 6, ce taux étant maintenu éventuellement par adjonction de carbonate de calcium.

« Des animaux sains dans une eau pure, cela compte aussi pour les dauphins », conclut sans rire le rédacteur de notre brochure  » Et nous n’avons donc pas hésité à placer une installation de filtrage très puissante. Quatre pompes, 6 filtres, des cylindres remplis de silex concassé. Divers produits antiseptiques sont ajoutés aux 850 m3 d’eau (sulfate d’aluminium, aluminate de sodium, carbonate de sodium et hypochlorite de sodium). Le but est de lutter contre les bactéries qui troublent l’eau et de faire disparaître les matières organiques.
Le rinçage des filtres s’effectue tous les dix jours environ, au moyen d’eau salé et d’air. »

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LE GRAND MASSACRE

Dauphins captifs morts stockés dans la chambre froide

Iris et Ivo arrivent à Anvers le 3 mars 1981, soit douze ans après l’ouverture du Delphinarium.

A cette époque, aucun doute n’est permis.
Malgré les installations de filtrage décrites avec tant d’enthousiasme, force est d’admettre que le bâtiment est complètement inadapté à l’accueil des dauphins.

Plus de 20 d’entre eux – chiffre officiel – sont déjà morts quand Ivo, Iris, Ina et Illas sont amenés à leur tour dans le bassin-haricot.
Ina mourra au bout de six ans, en 1987.  Illas la suivra peu de temps après et il faudra encore attendre qu’agonisent la vieille Pat, une « vétérane » de près de vingt ans d’âge, et les bébés Jan, Nick, Odin, Orfee, Prinses et Querida, avant qu’Iris et son fils Ivo ne se retrouvent désormais seuls au monde, enfermés à jamais dans un bassin d’eau sale.

Mais qu’importe !  Le défi est lancé, on l’a dit, même s’il tourne au vinaigre et les professionnels affectés au « bien-être » des dauphins n’éprouvent pas à l’époque l’ombre d’un état d’âme ou d’une pulsion de pitié. Ces gens aiment peut-être leur chat, leur chien ou leur perruche ondulée mais les souffrances inouïes qu’endurent les cétacés, ne soulèvent chez ces vétérinaires, ces dolphin-trainers, ces responsables d’équipe, ces « amis des dauphins », aucun écho ni dénonciation publique, aucune démission spectaculaire. On peut d’ailleurs en dire autant du public, mais celui-ci est savamment maintenu dans l’ignorance.

Les cadavres sont aussitôt remplacés par les victimes de nouvelles captures et même les spectateurs les mieux informés ne distinguent pas facilement un cétacé d’un autre.
Peu de gens d’ailleurs se soucient à l’époque du sort des dauphins captifs, généralement considérés comme « souriants et donc heureux ». Et c’est vrai que ceux qu’on voit sautent, dansent, cabriolent et bondissent dans le cerceau avec un merveilleux entrain. Dans la salle à côté, les malades agonisent en silence, bien à l’abri des regards….

En fait, le plus souvent, le dauphin meurt au moment de la capture, pendant le voyage ou lors de son arrivée.
Le suicide par suffocation est souvent observé dans les tous premiers jours.
Mais pour ceux qui dépassent le premier choc de l’enfermement, le désespoir est souvent si intense qu’il semble faire tomber d’un coup toutes les défenses immunitaires.
A cet égard, les causes de décès parmi les plus fréquentes sont les suivantes:

* Broncho-pneumonie.
* Entérite.
* Oedème pulmonaire.
* Trauma (écrasement du bébé contre la paroi par sa propre mère ).
* Ptomaïne due à la présence d’un enfant mort-né dans l’utérus.
* Hépatite.
* Attaque mortelle par un mâle agressif.
* Nécrose du foie.
* Infection rénale chronique.
* Attaque mortelle d’une femelle agressive pour la garde d’un nouveau-né.

Ces causes avouées ne sont que la pointe visible d’un iceberg de désespoir.
La mauvaise qualité de l’eau, le goût constant des fèces en dilution, l’écho des cris sur les parois sont déjà des facteurs de risque dans la plupart des delphinariums.

Mais à Anvers, c’est bien pire : le bassin est notoirement trop petit et surtout, il est bruyant. Machines-outils, camions, marteaux piqueurs, trains de marchandises font vibrer leur bassin. Le Zoo se trouve juste à côté de la Gare Centrale, au beau milieu de la ville !

En outre, la surpopulation constante, le confinement d’individus aux caractères parfois très dissemblables donnent en delphinarium les mêmes résultats qu’en prison. La violence surgit chez ces êtres généralement paisibles et conviviaux. Il y a des meurtres et des infanticides. Les prisonniers deviennent fous dans cet espace minuscule.

Le Zoo d’Anvers compte donc un taux de décès vraiment exceptionnel, que nous révèle un document intitulé Preliminary Report on The Demographic Status of the Bottlenosed Dolphin in the E.E.EC (July 1981), signé HELGA DE BOIS, biologiste à la Royal Zoological Society of Antwerp et PAUL VAN DEN SANDE, scientifique détaché par la Communauté européenne.

Au-delà des chiffres froids que nous livre ce RAPPORT, c’est l’histoire, tragiquement insensée, de chaque dauphin qu’il faut lire dans ces dates de naissance, de capture et de mort.
Ce sont ces petits destins, ces vies ratées, ces drames et ces agonies atroces qui n’ont eu pour témoin que des hommes sans coeur et d’autres condamnés. C’est leur pauvre mémoire qu’il nous faut faire revivre, afin que leurs morts n’aient pas servi à rien.

 

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Liste des dauphins morts
au Zoo d’Anvers

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Le spectacle de dauphins au Zoo d’Anvers

Tout commence avec Chris, delphineau mâle né libre en 1965. C’est l’un des premières victimes du massacre annoncé.
Amené le 20 décembre 1968 au Zoo d’Anvers, il y meurt le 6 janvier1969, soit près de quinze jours après la mise en service et près d’un an avant l’inauguration officielle du 17 décembre 1969.

Bert était née libre en 1968.
Capturée en même temps que son vieux copain Chris, c’est pourtant encore une enfant qui meurt le 26 février 1972, à l’âge où ses amis restés en liberté commençaient tout doucement à jouer loin de leur mère.

La petite Zolly (F), née libre en 1970, est enlevée à sa famille puis amenée en Belgique le 10 février 1972. Elle meurt le 26 février 1972.
La cause de cet accident ? Noyade ! Elle s’est coincé la tête dans un tuyau de drainage. A deux ans et demi, tous les bambins font des bêtises.

Julie (F) née en 1968, libre ou captive ? On n’en sait rien. Elle n’a qu’un an en tous cas lorsqu’elle est amenée au Zoo le 20 décembre 1968 pour y mourir le 12 avril 1972.

Ensuite, c’est Karin (F).  Elle naît le 12 février 1972.  Elle meurt le 23 juillet 1973.

Sonny (M) né libre en 1962, amené avec la première « cargaison » du 20 décembre 1968, meurt au Zoo le 13 avril 1973 d’une broncho-pneumonie.

Le 30 avril 1973, le premier mort-né fait son apparition dans la liste.
Pas de nom. Mais ce ne sera jamais que le premier d’une longue série désespérante.
On sait ce que représente la maternité pour les dauphins libres. On sait tout l’amour qu’ils peuvent donner à leurs enfants. Nul doute dès lors que ces avortements, ces décès à répétition, ces enfants « dystrophiques » broyés par les adultes contre la paroi du bassin réniforme n’ait profondément déprimé les mères et accéléré leur trépas.

Gi-bi (F), née en liberté en 1964, amenée au Zoo le 20 décembre 1968 en même temps que ses vieux copains, Chris, Sonny et Scooter, y meurt le 16 décembre 1973 pour cause de broncho-pneumonie. Elle a pu tenir presque six ans.

Scooter (M) né libre en 1964, capturé lui aussi en 1968, semble mal supporter la mort de son amie.
Il meurt à peine un mois plus tard, le 24 janvier 1974. Toujours la broncho-pneumonie, nous annonce le rapport. Sans doute.

Puis il se passe une chose étrange :
Bobby (M) né au Zoo le 25 avril 1974, meurt deux jours plus tard. Péritonite et pleurésie.
Ban (M) et Brabo (M) également nés à cette date (trois accouchements simultanés ?) meurent tous les trois, le 28 avril 1974. Cause du décès : broncho-pneumonie.
Que s’est-il réellement passé ? Cette nouvelle tentative de « reproduction en batterie » semble en tous cas avoir été singulièrement meurtrière.
Le Zoo n’en persistera pas moins de longues années à poursuivre cette politique.

Bill, lui, naît en avril 1974. Il meurt juste au printemps, le jour du Premier Mai…et de la même année.

Ziska, née libre en 1967, amenée au Zoo en 1972, meurt à son tour le 14 septembre 1975. Trois ans de torture.

Danny (F) naît puis meurt en février 1976.

Monique est née en 1960 dans le Golfe du Mexique.
Amenée ce fameux 20 décembre 1968, à l’âge de huit ans, cette jeune femelle était presque une adulte. Au lieu de fonder une famille et de s’épanouir parmi les siens, elle crève lamentablement après onze ans de confinement et d’ennui, le 7 mai 1979. Chris, Sonny et Scooter, Gi-bi, tous ceux de son Clan sont morts avant elle, sous son regard.
Cause officielle du décès : attaque de broncho-pneumonie, compliquée d’une congestion des bronches et d’un œdème pulmonaire. Morte par suffocation.
Et de tristesse, sûrement.

Dick (M) lui, naît en 1976. Il réussit le tour de force de ne mourir que quatre ans plus tard, le 6 janvier 1980.

Zarin (F) née libre en 1964, amenée en 1972, meurt le 30 décembre 1980.
Un vétéran pour l’époque. mais c’est un juvénile qui meurt, après huit ans de cauchemar.

Jan (M) naît puis meurt le 9 février 1982. Cause du décès : dystrophie musculaire aiguë.

Puis c’est Napo (M).
Naissance: 31 mai 1986. Décès : 3 juin 1986.

Ina (F) née en liberté en 1963, est capturée le 3 mars 1981, en même temps que Iris et Ivo et sans doute à partir du même groupe familial. Elle y meurt six ans plus tard, le 31 juillet 1987.

Orfee (F) et Odin (M) ont fait un peu parler d’eux dans la presse de l’époque.
Une fois encore, on annonçait que tous les espoirs étaient permis. On allait enfin réussir à « élever » des dauphins en boîte !
Pas de chance. Les deux bébés meurent à peu près au même moment, les 9 et 10 août 1987.
Cause du décès : broncho-pneumonie purulente et aspergillose pour Odin ; dégénérescence générale du parenchyme déclenchant une congestion pulmonaire pour Orfee.

Prinses (F) vient grossir le nombre des enfants nés au Zoo et condamnés d’office. Elle naît le 8 puis meurt le 17 septembre 1988 pour cause de « trauma ». Rapide parcours en Enfer qui se termine contre une paroi d’epoxy, broyée par un adulte.

Querida (F) la suit de près. Elle naît le 8 octobre 1989 et meurt le 20 de cette même année. Cause du décès : pneumonie et entérite aiguë.

Pat (F) née libre en 1968, capturée en 1972, meurt le 19 septembre 1989.
Beau parcours : on sent que les vétérinaires deviennent de plus en plus habiles à conserver leurs pensionnaires en vie.
Les décès semblent s’espacer.
Pat a résisté au désespoir et à l’ennui pendant plus de dix- sept ans.
C’est le score actuel de Iris et Ivo. Arriveront-ils à le dépasser ?

Puis c’est Nicky (M). Né le 20 mai 1986, il meurt le 4 décembre 1990.

Dolly (F) aussi était une dure à cuire ! Née libre en 1968, enlevée à sa famille et amenée à Anvers le 19 octobre 1972, elle meurt entre 1995 et 1998. Pas d’annonce dans la presse.

Illas (M) né libre en 1973, a été amené au Zoo d’Anvers le 3 mars 1981.
Lui aussi renonce, épuisé de tant d’années de spectacles épuisants et stupides tant de cris, de bruits qui n’avaient rien à faire avec son véritable monde.
Il meurt entre 1995 and 1998, mais là encore, son décès est passé sous silence.

En 1998, ne restent plus qu’Iris (F), née en 1969 et Ivo (M), son fils, né en 1978.
Capturés puis amenés au Zoo ce terrible 3 mars 1981 en même temps que leurs amis Illas et Ina, tous deux vivent encore aujourd’hui dans ces mêmes bassins de mort où ont agonisé avant eux 29 dauphins adultes ou nouveau-nés.
Certains d’entre eux étaient de proches amis, des membres de leur propre clan.
Combien de temps Iris et Ivo résisteront-ils encore ?
Pourront-ils jamais revoir le soleil ?


 

 Ce texte a été écrit en 1998.
La révélation du nombre et de l’identité de ces 29 dauphins morts fit l’effet d’une bombe dans la presse belge. Personne n’avait jamais soupçonné qu’n tel massacre ait eu lieu !
Dès le lendemain de sa mise en ligne, Yvon Godefroid reçut un coup de fil de l’un des dresseurs du Zoo d’Anvers, puis une invitation à rencontrer son directeur, M. Fred Daman.
Pour la première fois dans le monde francophone, un site web faisait bouger l’Histoire…



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Iris et Ivo ont tourné 18 années de suite dans ce petit bassin...

Iris et Ivo ont tourné 18 années de suite dans ce petit bassin… Photo YG 1998