Le show d’otaries au Zoo d’Anvers
Le Zoo d’Anvers ne renonce pas aux spectacles d’otaries
Un spectacle d’otaries perturbé dimanche par des défenseurs des droits des animaux
Un spectacle d’otaries a été perturbé dimanche après-midi par des défenseurs des droits des animaux.
La police est arrivée sur les lieux et a procédé à 3 arrestations administratives.
Sur la vidéo, un dresseur est en train de s’occuper d’une otarie, trois activistes surgissent avec des panneaux « Stop shows with animals ».
Le public est furieux. Un homme se lève de la scène et s’approche de l’un des militants, qu’il pousse dans l’eau sous les applaudissements de la foule. Au micro, un annonceur demande aux activistes de partir. « Vous ne savez pas de quoi vous parlez. Allez-vous en ! « crie-t-il plusieurs fois. Pendant ce temps, l’animateur disparaît également de la scène.
Les activistes – avec un accent néerlandais – déclarent que les spectacles avec animaux doivent être arrêtés. Peu de temps après, la lumière s’éteint dans la pièce.
Une action du Vegan Strike Group !
La police locale d’Anvers confirme qu’une intervention a eu lieu dimanche après-midi, et que trois personnes ont été arrêtées pour trouble à l’ordre public. Le zoo d’Anvers a maintenant décidé d’annuler le spectacle avec des otaries pendant trois jours.
Du delphinarium à l’Aquaforum
Chassez le naturel, il revient au galop
En 1998, sous la pression combinée d’associations belges et d’organisations internationales, le Zoo d’Anvers s’était enfin résolu à fermer son delphinarium, où moururent 29 dauphins et où croupissaient encore depuis 18 ans deux malheureux survivants, Iris et son fils Ivo.
Ceux-ci furent ensuite transférés à Duisburg, où Iris s’éteignit lamentablement en mars 2003.
A l’époque, les organisations belges et internationales avaient instamment demandé au Zoo qu’il suspende à jamais toute exhibition publique de mammifères marins.
Le Prince Laurent de Belgique avait notamment plaidé pour qu’un espace multimédia consacré aux cétacés soit construit en lieu et place de ces installations, où plus de 29 dauphins avaient trouvé la mort depuis 1968.
Le geste aurait eu une valeur symbolique : en renonçant à ces pratiques, le Zoo d’Anvers aurait ainsi montré publiquement que ces numéros de cirque n’avaient pas leur place dans un jardin zoologique moderne, en principe dévolu à la protection des espèces gravement menacées.
Il semble que d’autres considérations aient prévalus dans l’esprit des responsables du Zoo.
Dès le 7 avril 2000, l’ancien et sinistre delphinarium s’est transformé en Aquaforum non moins sinistre !
Un show « détonnant » a été mis sur pied durant lequel huit otaries dressées, venues de Californie, y font sauter des ballons au bout de leur museau ou bien encore, tentent maladroitement d’imiter le comportement de l’être humain pour le plus grand plaisir des petits et le plus grand profit du Zoo.
En juillet 2003, les otaries étaient au nombre de huit. Il s’agissait de 2 mâles dont l’un se nomme Mister Banjo, venu d’Allemagne et l’autre Mister Kees, surplus du Zoo de San Diego, castré pour éviter les bagarres.
Les femelles portent les noms de Miss Lilly et Miss Spanky, Miss Trixy , Miss Youki, Miss Zilver et Miss Arielle, ces cinq dernières étant en principe les filles de Miss Lilly et de Mister Banjo.
Lilly, la femelle « dominante » sans doute capturée, aurait engendré 11 bébés otaries, dont bon nombre ont été expédiés au Zoo de la Flèche en France, au parc Nausicaa et au Dolfinarium de Hardewijck.
Une fois encore, la présentation des animaux traduit un anthropomorphisme infantile destiné à faire vendre le produit aux familles avec enfants. Car ici comme du temps des dauphins, la logique est toujours la même : il s’agit de faire croire que la Nature, et les animaux en particulier, n’ont rien de plus urgent que de nous amuser !
Ecoutons le Zoo nous les décrire en 2003 :
« Nos huit otaries sont bien évidemment les acteurs principaux de cette attraction et bien qu’ils se ressemblent tous ils ont chacun leur propre caractère. Spanky, par exemple, refuse toute coopération une fois son ventre rempli. Et que pensez-vous de Trixy, notre chef de bande? Avez-vous déjà fait connaissance avec Kees, notre Monsieur Macho qui prend un plaisir fou à éclabousser ses entraîneuses ?
Quelques anecdotes ? Trixy est un grand spécialiste de l’évasion. Véritable taquin, il oblige constamment ses entraîneurs à trouver de nouvelles astuces !
Les deux amoureux Banjo et Lilly ont mis quelque temps à s’adapter aux vitres sous l’eau. Trop épris l’un de l’autre, ils n’y ont pas trop fait attention. Vous imaginez le reste… Heureusement sans trop de mal pour nos amis. Venez-vous rendre compte par vous-même des superbes moments à passer en compagnie de nos otaries. Ne manquez pas de leur rendre visite à l’Aquaforum. Elles vous y attendent ! »
Traduit en langage adulte : les otaries ne font leur show que sous la contrainte de la faim, comme les dauphins. Elles essaient de s’enfuir et lorsqu’ils font l’amour derrière ces vitres glauques au sous-sol, c’est très gênant pour les enfants. Donc, on les calme avec des médicaments avant les spectacles.
Les otaries domestiquées qu’on nous montre en bassin sont de la race des ces éléphants ou de ces ours des dessins animés à la Walt Disney, bref de ces animaux de conte qui fument la pipe ou portent des lunettes, vivent des histoires humaines et parlent notre langage. C’est ainsi que les tout petits voient les animaux et c’est ainsi que certains Zoos – pas tous ! – se croient encore obligés de les leur montrer.
Les otaries sont pourtant une espèce sociale très intelligente et dotées de cultures propres mais ce qu’on leur fait faire durant les shows – bisou sur la joue, jets de ballons et rock and roll – n’a que peu à voir avec leurs compétences naturelles (chasse, communication, nage en grande profondeur ) et n’apprend certainement rien de précis aux enfants à propos de la vie réelle de ces sympathiques mammifères marins…
Par ailleurs, si Kees essaye de s’enfuir sans cesse, comme le note plaisamment le texte du zoo cité ci-dessus, c’est sans doute qu’à l’instar de la très grande majorité des animaux captifs, ce genre de vie ne lui plaît guère et qu’il préférerait être libre. Mais il n’a pas le choix, bien sûr.
Faut-il rappeler aussi que les bassins sombres, réniformes et totalement nus du Zoo d’Anvers, qui ont vu mourir tant de dauphins captifs, ne sont pas mieux adaptés aux besoins des otaries, même si la plupart d’entre elles sont nées captives et que l’espace a été sommairement ré-aménagé ? Aujourd’hui encore, celles-ci nagent en rond, sans fin, dans ce décor vide, les yeux fermés pour se protéger de la morsure du chlore.
Le même bassin, la même eau chlorée… mais cette fois pour les otaries. Le show en 2011
2008
Un nouveau show d’otaries, plus proche du cirque et du music hall encore que le précédent, permet aujourd’hui à nos chères têtes blondes d’apprendre que les otaries sautent à travers des cerceaux au premier de coup de sifflet ou exécutent sur ordre des actions qu’elles ne feraient jamais en milieu naturel.
« Après d’intensifs entraînements, les otaries sont prêtes à vous raconter leur histoire. Elles vous confient leur version de la création de la vie: L’EAU! Le début de toutes vies.
Le spectacle est fantastique avec des grands comme Dimitri Leue et Pieter Embrechts qui lui ont donné forme. Une musique unique a été composée pour l’occasion. L´éclairage et le son sont professionnels et le décor a été totalement réaménagé. Tous les moindres détails ont été pris en compte et on en a profité pour délivrer un message au sein du spectacle. 2008: l’année de l’eau. Car l’eau c’est la vie! »
Mais pas quand elle est chlorée et qu’elle brûle les yeux des otaries…