
Mercedes au Zoo d’Edimbourg
Le paradoxe de l’ours polaire
Le paradoxe de l’ours polaire en captivité, c’est que sa détention ne sert à rien mais qu’il est récemment devenu, à l’image du panda, le symbole frelaté d’une nature à péril. Capturés pour la plupart au Canada puis expédiés vers les zoos du monde entier, au nom d’une prétendue sensibilisation du public au dérèglement climatique, ils se reproduisent fort mal au zoo et présentent rapidement des troubles du comportement.
Comble du comble, ils ne sont même pas si menacés que ça, comme nous le rappelle Catherine Khalil dans un article récent et ce ne sont pas les zoos non plus qui ont inversé la tendance : « En 2005, la population était estimée entre 20.000 et 25.000 individus. En 2015, on estimait qu’il y avait 28.500 individus, le chiffre le plus élevé jamais enregistré depuis que ces animaux sont protégés par la Convention internationale de 1973 ».
Enfin, lorsqu’ils sont maintenus prisonniers sous nos latitudes, où les températures s’échauffent d’année en année, il faut aménager pour eux d’énormes enclos réfrigérés, dont le fonctionnement augmente encore un peu plus cet effet de serre qui fait fondre la banquise !
L’histoire de Mercédès est éclairante à cet égard, elle qui fut parrainée par la marque automobile du même nom…
L’histoire de Mercedes
2003
Mercedes est née libre au nord du Canada.
En janvier 1984, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant âgée de trois ans à peine, elle fut arrachée à son univers de neige et de glace pour être déportée comme un «cadeau» vers le Royaume Uni. Depuis 21 ans, elle survit en captivité au Zoo d’Édimbourg et reste aujourd’hui l’ultime ours blanc à être maintenu dans une «prison animale» écossaise.
Du temps de sa jeunesse, Mercedes fut d’abord considérée comme une nuisance par les autorités de Churchill City, « la capitale mondiale des ours blancs».
Par trois fois, elle fut attrapée au moment où elle allait fouiller les papiers gras et les emballages de hamburgers de la décharge municipale. Trois fois, Mercedes fut anesthésiée, déplacée, remise sur sa banquise désormais vide de tout gibier. Sur sa fourrure immaculée, on a peint en gros caractères le chiffre «39» afin de pouvoir identifier plus facilement cette ourse errante dont le seul crime était d’avoir faim.
A cette époque, le «programme d’alerte de l’ours blanc à Churchill» stipulait en effet que tout ours blanc qui se présenterait à trois reprises au même endroit afin d’y piller les poubelles, devenait automatiquement un «ours à problèmes», susceptible d’être soit euthanasié sur l’heure, soit envoyé gratuitement vers des zoos hors du Canada.
Cette décision scélérate fut avalisée par un gouvernement que l’on sait peu sensible aux souffrances animales, qu’il s’agisse de bélugas, de phoques ou de loups.
Par conséquent, Churchill City est devenu le meilleur endroit pour acquérir des ours blancs gratuits !
N’importe quel zoo souhaitant obtenir un exemplaire de cette magnifique espèce en voie d’extinction n’a qu’à envoyer une lettre dite «d’application » et il en recevra un !
Nombre d’ours blancs fouilleurs de détritus ont été ainsi distribués à des parcs animaliers en tant que « dons du gouvernement canadien», lequel va jusqu’à payer le transfert de leurs détenus à fourrure blanche.

Les ours blancs sont devenus des mendiants ou des fouilleurs de poubelles
Le Zoo d’Édimbourg a commandé plusieurs ours blancs par cette voie mais ce n’est que le 31 août 1983 qu’il a enfin appris du «Manitoba Department of Natural Ressources» que le numéro 39 était disponible.
Malgré l’absence de frais, le Zoo d’Édimbourg ne s’en est pas moins activé pour recueillir des fonds auprès de généreux donateurs.
C’est ainsi qu’il a reçu l’appui plein et entier d’un célèbre fabriquant de voiture, de celles qui polluent notre environnement et contribuent activement au réchauffement du climat et donc à la fonte des glaces des pôles – à savoir la firme Mercedes.
On sait pourtant que les ours blancs sont parmi les animaux les plus difficiles à garder en captivité de manière satisfaisante (pour eux). Leur santé s’altère rapidement, leur comportement frise la folie pure, la mortalité infantile est chez eux extrêmement élevée…
Tout cela les rend en outre terriblement féroces et dangereux.
Difficile, par ailleurs, d’aller cajoler un ours blanc en plein délire au fond de sa fosse pour lui remonter le moral..
Aujourd’hui, en 2003, la pauvre Mercedes manifeste tous les symptômes de la zoopsychose : elle arpente son enclos sans fin, longeant les murs de façon stéréotypée, plaçant ses pattes précisément au même endroit à chacun de ses innombrables tours de cage, heure après heure, jour après jour, mois après mois, année après année…
Ou bien encore, elle nage en cercle, sans but, pendant des heures, dans sa petite piscine.
Un comportement aussi anormal est considéré depuis longtemps comme révélant un stress intense.
Pourtant, Mercedes a tout de même pu donner naissance à deux petits dans ce même Zoo d’Edimbourg.
Ils furent baptisé des noms de «Minty» et «Ohoto», mais tous les deux furent déportés par la suite vers d’autres zoos. Ohoto est déjà mort aujourd’hui.
Quant au père de ces enfants, le compagnon de Mercedes, un ours blanc du nom de Barney, il s’est étouffé en avalant un jouet en plastique jeté dans la fosse par un visiteur.

Mercedes n’a pas supporté son transfert
2009-2011
Mercedes a quitté le zoo d’Édimbourg pour le Highland Wildlife Park en 2009.
Walker, un ours polaire âgé de deux ans, a été introduit dans l’enclos de Mercedes en novembre 2010.
Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu. La femelle, vieillissante, ne s’amusait pas des jeux du jeune mâle.
Son déclin a été rapide. Son comportement a changé. Ses mouvements se sont ralentis et elle a commencé à montrer des signes de sénilité précoce et de confusion mentale. On la sépara de l’ours mâle pour éviter que celui-ci ne la force à bouger plus qu’elle ne le voulait.
Finalement, ne sachant que faire cette vielle ourse dépressive, les personnes responsables de sa santé ont malheureusement conclu que la seule option restante était de l’euthanasier.
Ce qui fut fait le 15 avril 2011.