Le monde mental des éléphants

Un monde mental si proche et si différent….

Le monde mental des éléphants

Nous ne saurions ici réunir la somme d’informations qui s’accumulent depuis quelques années à propos des prodigieuses capacités cognitives des éléphants.
Une remarquable étude en anglais intitulée Elephant cognition in primate perspective, datée de 2009, tente de faire le point sur ce qui, fondamentalement, n’est pas vraiment une découverte. Nous savions depuis l’Antiquité que les pachydermes étaient très intelligents.
Mais sans doute pas à ce point-là  !

A en juger par les mesures de base de la psychologie comparative, les éléphants ne montrent pas de différences notables avec d’autres mammifères tels que les grands primates, humains compris, ou les cétacés : l’apprentissage discriminant, la coopération, l’empathie, l’utilisation spontanée d’outils, la reconnaissance de soi, la théorie de l’esprit (je sais que tu sais que je sais) et autres compétences intellectuelles, semblent globalement similaires chez tous ces êtres hautement sociaux. Dont la liste n’est d’ailleurs pas complète, car nombre d’oiseaux y ont aussi leur place.

Toutefois, une nouvelle série d’études menées sur le terrain suggère aujourd’hui que la cognition des éléphants pourrait être bien différente de la nôtre, compte tenu de la spécificité de leur système sensoriel et de la mémoire exceptionnellement puissante dont ils sont dotés.
Si leur vision est relativement médiocre, en revanche, leur audition et leurs langages infrasoniques, leur odorat et leur sens tactile surdéveloppés (on se caresse beaucoup chez les éléphants) leur créent un Umwelt profondément exotique par rapport à celui des hominiens mais également des capacités rares.
Elle leur permet  par exemple de réagir aux groupes de visiteurs humains traversant leur territoire en fonction de la langue qu’ils parlent (Masai, Kamba ou anglais), de compter avec précision les choses et les personnes, ou de connaître l’âge exact des éléphants qui les entourent. A défaut de pouvoir traduire la totalité de cette étude, reprenons ici le contenu résumé de divers articles relatifs à l’intelligence des éléphants.

En regrettant néanmoins que trop d’exemples n’en soient tirés d’observations faites en captivité, alors que la vraie complexité de la «pensée pachyderme» ne peut pleinement s’épanouir que dans les forêts ou en savane.
Car pour les orques, les hommes ou les dauphins, un éléphant n’est pas l’autre selon qu’il vient de tel lieu ou qu’il vit dans tel groupe : chez eux aussi, cultures et individualités propres coexistent au sein de sociétés très largement hétérogènes.

Regrettons plus encore qu’en dépit de ces découvertes, mais aussi de la connaissance que nous avons des éléphants depuis des millénaires, ceux-ci sont toujours traités par les humains selon quatre catégories :
– en tant que gibier et pourvoyeurs d’ivoire en Afrique,
– en tant que travailleurs forcés en Asie,
– en tant qu’esclaves danseurs pour les cirques,
– en tant qu’attractions-phares pour les zoos.

On les massacre, on les enferme, on les déplace, on les dresse, on les frappe, on les punit, on les torture, sans tenir aucun compte de ce qu’ils sont des personnes à part entière disposant, selon toute évidence, d’une sagesse qui nous fait défaut.

Tout comme pour nombre d’espèces animales, il est temps désormais de faire correspondre l’Éthique avec la Science, et de concéder à ces êtres hautement pensants la qualité de « sujets de droit ».

Eléphant captif à Belgrade.

Eléphant captif à Belgrade.

Introduction

0.1 Structuration du cerveau

1.1 Cortex cérébral

1.2 Autres caractéristiques du cerveau

1.3 Taille du cerveau dans l’enfance et à l’âge adulte

1.4 Neurones en fuseau

2. La société des éléphants

3.L’altruisme

4. L’auto-médication

5. Les rituels funéraires

6. Le jeu

7. L’imitation

8. L’usage d’outils

9. Art et musique

10. Résolution de problèmes

11. Conscience de soi

12. Langage 


Introduction

La vie d'un éléphant captif est synonyme d'ennui absolu et de séparations tragiques. Ici, à Planckendael, Belgique.

La vie d’un éléphant captif est synonyme d’ennui absolu et de séparations tragiques. Ici, à Planckendael, Belgique. Photo YG

Les éléphants figurent parmi les espèces animales les plus intelligentes au monde.
Doté d’une masse de plus de 5 kg, le cerveau des pachydermes est plus grand que celui de n’importe autre créature vivante.
Bien que les baleines bleues disposent d’un corps au moins vingt fois plus grand que celui d’un éléphant moyen, leur cerveau atteint à peine deux fois le volume d’un cerveau d’éléphant.

Le cerveau de l’éléphant est en outre très semblable à celui de l’homme en termes de structure et de complexité :
son cortex frontal (siège de la pensée consciente) compte en effet autant de neurones que celui de l’être humain, ce qui suggère une évolution convergente au niveau des capacités cognitives.

Les éléphants présentent une grande variété de comportements : ils manifestent du chagrin, se livrent à l’apprentissage, prennent soin du petit d’une autre femelle, imitent, jouent, pratiquent l’art, ont le sens de l’humour, de l’altruisme et de la compassion, utilisent des outils, coopèrent, disposent d’une conscience de soi, d’une prodigieuse mémoire et sans doute, d’un langage.

Les éléphants sont donc extrêmement intelligents, au même degré que les cétacés et les grands primates.
En raison de leur très hautes capacités cognitives et des solides liens familiaux ou d’amitié que les éléphants nouent entre eux, certains chercheurs soutiennent désormais qu’il est moralement inacceptable qu’on les abatte pour le plaisir de la chasse ou pour leur prendre leur ivoire, ou bien encore qu’on les enferme au zoo ou qu’on en fasse des animaux de cirque.
Dès l’Antiquité, Aristote affirmait déjà: «Les éléphants surpassent tous les autres animaux en sagesse et en intelligence »

 

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Structuration du cerveau

Cerveau humain comparé au cerveau éléphant

Cerveau humain comparé au cerveau éléphant

1.1 Cortex cérébral

L’éléphant (asiatique et africain) possède un néocortex très grand et très complexe, une particularité qu’il partage avec les humains, les grands singes et certaines espèces de cétacés. Les scientifiques considèrent cette caractéristique comme le signe évident d’une intelligence hautement sophistiquée.

Les éléphants d’Asie disposent en fait du plus grand volume néo-cortical (destiné aux processus d’association cognitive) qui se puisse trouver parmi les animaux terrestres actuels. En terme d’utilisation d’outils, ils font aussi bien avec leur trompe que les grands singes avec leurs mains.

Le cerveau d’éléphant présente un motif gyral plus complexe, avec des plis plus nombreux que chez les êtres humains, les primates ou les carnivores.
Les circonvolutions y sont cependant moins nombreuses que chez les cétacés, bien que les éléphants aient autant de neurones corticaux et de connexions synaptiques que l’Homme et davantage que les cétacés. On met généralement les éléphants sur pied d’’égalité avec les dauphins en termes de capacités de résolution de problèmes, et de nombreux scientifiques tendent donc à classer l’intelligence des éléphants comme équivalente à celle des dauphins ou des baleines.

Couches corticales.

Toutes ces mesures sont à prendre avec précaution, car nous savons que les capacités cognitives d’un être vivant sont directement liées à son appareillage sensoriel et à son milieu de vie, et qu’il est donc difficile de dresser une échelle de valeurs en ce domaine. Trop de dégâts ont déjà été faits quand les américains racistes des années 50 ont estimé le QI des afro-américains inférieur à celui des citoyens blancs.

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1.2Autres caractéristiques du cerveau

Les éléphants ont également un hippocampe très vaste et très complexe, une structure du cerveau située dans le système limbique, bien plus développée que celle de tout être humain, autre primate ou cétacé.
L’hippocampe d’un éléphant occupe environ 0,7% des structures centrales du cerveau, alors qu’il n’occupe que 0,5% chez l’homme, 0,1% chez les dauphins de Risso et 0,05% chez les Tursiops.

L’hippocampe est une zone du cerveau essentielle à l’émotion et à l’apprentissage, qui jouerait également  un autre rôle majeur en nous aidant à rationaliser face à l’incertitude.
Il serait également lié au traitement de certains types de mémoire, en particulier celle de type spatial.
Ceci explique peut-être pourquoi les éléphants disposent d’une carte mentale extraordinairement précise de leur environnement, mais aussi qu’ils peuvent souffrir de flash-backs psychologiques et du syndrome de stress post-traumatique.

Jadis, les éléphants parcouraient des territoires immenses, dont ils devaient garder mémoire...

Jadis, les éléphants parcouraient des territoires immenses, dont ils gardaient la carte mentale.

Doté d’un poids de 5 kg, le cerveau des pachydermes est plus grand que celui de n’importe quel autre animal terrestre ayant jamais existé. Il est plissé de davantage de circonvolutions que chez les primates et les humains et les primates, mais moins que chez les cétacés.

Le quotient d’encéphalisation des éléphants varie de 1,13 à 2,36.
La moyenne est de 2,14 pour les éléphants d’Asie, et de 1,67 pour l’Afrique, avec la moyenne globale de 1,88.
Le calcul du coefficient encéphalique n’étant plus pertinent avec des animaux comme les baleines ou les éléphants (seulement 1,68 QE pour les pachydermes, 7 chez l’homme et 3 chez le bonobo), on compare le poids du cerveau à la naissance, révélateur de la capacité à apprendre.
Comme que chez les cétacés, les humains et les autres grands singes, le cerveau des éléphants contient des neurones en fuseau (von Economo), responsables de l’empathie et de la vie sociale.

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1.3 Taille du cerveau à la naissance par rapport à la taille du cerveau adulte

Comme les humains, les éléphants doivent apprendre leurs comportements à mesure qu’ils grandissent.
Ils ne sont pas nés avec des «instincts », comme les insectes, qui leur permettraient de survivre et d’agir dès la sortie du ventre maternel. Les éléphants disposent d’une très longue période de leur vie pour cet apprentissage, au minimum une dizaine d’années.

Une autre manière de tenter de mesurer l’intelligence consiste à comparer la taille du cerveau à la naissance par rapport à celle du cerveau adulte pleinement développé.
La majorité des mammifères naissent avec un cerveau d’un poids proche à 90% de celui de l’adulte.
Les humains naissent avec un cerveau d’un poids de 28% par rapport à celui de l’adulte, les grands dauphins avec 42,5%, les chimpanzés avec 54%, et les éléphants avec 35%.

Ces mesures indiquent que les éléphants possèdent la plus grande capacité à apprendre parmi les « animaux » et que leurs connaissances se renouvellent tout au long de la vie. Les parents montrent à leurs enfants comment se nourrir, utiliser des outils et connaître leur place dans la très complexe société éléphant. Les lobes temporaux, siège de la  mémoire, se développent de manière bien plus importante chez l’éléphant que chez l’homme.

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1.4 Les neurones en fuseau

Les cellules fusiformes semblent jouer un rôle central dans le développement des comportements intelligents, sociaux et altruistes.
Comme que chez les humains et les grands singes, on trouve également des neurones en fuseau dans les cerveaux des éléphants d’Asie et d’Afrique, ainsi que chez les baleines à bosse, les rorquals communs, les orques, les cachalots, les dauphins, les dauphins de Risso et les bélugas. La similitude remarquable entre le cerveau de l’éléphant et celui de l’humain conforte l’hypothèse d’une évolution convergente vers l’intelligence.

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2. La société éléphant

Loin d'être solitaires, les éléphants mâles entretiennent entre eux des relations très étroites, entre alliances et conflits.

Loin d’être solitaires, les éléphants mâles entretiennent entre eux des relations très étroites, entre alliances et conflits.

La société des éléphants est menée par les femelles.
Une famille éléphant, appelée harde, est dirigée par la femelle la plus âgée du groupe.
Elle est la matriarche, grande soeur, mère, tante, grand-mère ou grand-tante de tous les membres de la famille.
La matriarche détient le savoir de la harde, elle sait les routes migratoires, le rythme de saisons et les endroits importants pour trouver l’eau et la végétation. Dans une harde, les femelles restent ensemble, alors que les mâles quittent le groupe dès l’adolescence, après avoir appris tout ce qu’ils devaient savoir.

Les mâles adolescents retrouvent souvent les jeunes mâles adultes qui forment des groupes de célibataires. La plupart d’entre eux n’ont pas encore eu la chance de se reproduire.
Ils attendent d’être plus grands, plus forts et plus expérimentés. Au sein du groupe, ils s’entraînent à lutter tout en se tenant compagnie. Quand ils se sentent prêts, les mâles cherchent à se reproduire avec les femelles des hardes et se battent pour les conquérir.
A partir de ce moment, beaucoup de mâles mènent une vie solitaire, du moins en apparence.

En fait, la vie sociale des éléphants est plus riche encore qu’il n’y paraît.
Les hardes de femelles peuvent se scinder puis se réunir régulièrement en groupes familiaux. Les groupes familiaux peuvent également former de grands troupeaux, auxquels les mâles, jeunes et plus vieux, se joignent. Les éléphants restent en contact constant grâce à des infrasons qui se transmettent notamment par le sol, sur de très longues distances. Ainsi, un vieux mâle peut nous sembler solitaire, mais il est sans doute en communication avec les autres, sans que nous le voyions ni ne l’entendions ! (d’après : Mon voisin éléphant )

Bien sûr, comme déjà signalé plus haut, les cultures varient selon les espèces : un éléphant d’Asie ne se comporte pas comme un éléphant d’Afrique, ni celui de la forêt comme celui de la savane. En outre, chaque « troupeau » a son histoire propre, qui façonne la personnalité de chacun de ses membres.

L’éléphant vit au sein de l’une des sociétés parmi les plus étroitement soudées qui existent au monde.
Les familles d’éléphants ne peuvent être séparés que par la mort ou la capture.

Cynthia Moss, une éthologue spécialiste des pachydermes, se souvient d’un événement mettant en scène un groupe d’éléphants africains.
Deux membres de la famille venaient d’être tués par des braconniers, lesquels ont ensuite été chassés par les autres membres du groupe. Bien que l’un des éléphants soit mort, l’autre, nommée Tina, restait encore debout, mais ses genoux commençaient à vaciller.
La mère de la victime, Teresia et son amie Trista encadrèrent Tina de chaque côté pour la soutenir.
Finalement, Tina devient si faible qu’elle s’écroula et rendit l’âme.

Toutefois, Trista et Teresia n’abandonnèrent pas la défunte mais continuèrent à tenter de la relever. Elles parvinrent à placer la morte en position assise, mais le cadavre retomba sur le sol à nouveau. Les autres membres de la famille s’’impliquèrent à leur tour, tentant de fourrer de l’herbe dans la bouche de Tina.

Teresia plaça ses défenses sous la tête de sa fille et recommença à la soulever. Ce faisant, sa défense droite se brisa nette sous le poids, à la limite de ses lèvres, mettant le nerf à vif. Le groupe renonça alors à redresser le cadavre mais le quitta pas.
Bientôt, les éléphants creusèrent une tombe peu profonde où ils poussèrent Tina, qu’ils recouvrirent ensuite avec des branches et du feuillage.
La nuit entière, elle demeurèrent près du corps et ne s’’en allèrent que dans le courant de la matinée. La dernière qui s »en alla fut la propre mère de Tina.

Du fait que les éléphants vivent dans une société à ce point unie et matriarcale, tout un groupe peut être dévasté par la mort d’un seul de ses membres, en particulier s’il s’agit d’une ancienne. Certaines familles ne retrouveront jamais leur équilibre.
Cynthia Moss a observé une mère qui venait de perdre son bébé et ne suivait plus que de loin, à pas lents,  le troupeau qui marchait devant elle.

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3. L’altruisme chez les éléphants

Une éléphante caresse le corps de son amie morte, sous les yeux des 2 autres. Photo National Geographic

Les éléphants sont des animaux altruistes, susceptibles de venir en aide même à d’autres espèces, y compris les êtres humains, quand ils les voient en détresse.
En Inde, sur ordre de son mahout (son dresseur et guide), un éléphant aidait les habitants d’un village à déplacer des troncs depuis la benne d’un camion jusqu’à des fosses creusées préalablement. Devant l’une d’elles, l’éléphant refusa brusquement de poser son fardeau. Le cornac vient voir ce qui se passait et il constata qu’un chien dormait au fond du trou. L’éléphant n’a accepté de déposer le tronc d’arbre que lorsque le chien se fut enfui.

Cynthia Moss a souvent observé des éléphants qui changeait de chemin pour éviter de blesser ou de tuer un être humain, même quand c’était difficile pour eux (comme le fait d’avoir à marcher à reculons pour éviter une personne).

Joyce Poole a rapporté une rencontre advenue à Colin Francombe au Ranch Kuki Gallman Laikipia.
Un éleveur s’était dirigé sans le savoir à la tête de son un troupeau de chameaux droit vers une famille d’’éléphants.
La matriarche a chargé et l’a renversé, en lui brisant la jambe d’un coup de trompe.
Dans la soirée, ne voyant pas revenir l’homme, une équipe de recherche fut envoyée en camion pour partir à sa recherche. Lorsqu’on l’a découvert, il était gardé par un éléphant. L’animal a chargé le camion. Ses occupants firent feu sur elle, la faisant fuir.
Le blessé leur expliqua plus tard qu’après avoir été jeté au sol dans un moment de colère, l’éléphante l’avait soulevé et conduit à l’ombre d’un arbre. Elle avait ensuite veillé sur lui la journée entière en le caressant doucement de sa trompe.

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4. L’auto-médication

Les éléphantes d’Afrique mastiquent les feuilles d’un arbre de la famille des Boraginaceae, qui accélère  le travail de l’accouchement.
Les femmes du Kenya l’utilisent dans le même but. Dublin a suivi un éléphante enceinte depuis plus d’un an en Afrique de l’Est, et a observé que l’éléphant a suivi un régime alimentaire très strict et uniforme ainsi qu’un mode de vie quotidien scrupuleusement respecté jusqu’à la fin de sa gestation.

À ce moment-là, l’éléphant se mit à marcher près de 25 kilomètres par jour, c’est-à-dire nettement plus que son rythme habituel,  et s’était mise à manger non seulement les feuilles mais aussi le tronc d’un arbre de la famille des Boraginaceae.
Quatre jours plus tard, elle a donnait naissance à un éléphanteau en bonne santé.
Compte tenu du fait que le chimpanzé dispose déjà de plus de 40 variétés de remèdes naturels, on peut raisonnablement supposer que d’autres plantes médicinales sont utilisées par les éléphants pour d’autres usages, mais les observations de terrain font encore défaut.

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5. Rituel funéraire

Les ossements d’une mère ou d’une amie…

Les éléphants sont acteuellement les seules espèces autres que l’Homo sapiens et l’Homme de Neandertal mais aussi les dauphins de Mikura, connus pour se livrer à un rituel funéraire.
Les éléphants montrent un vif intérêt pour les ossements d’individus de leur propre espèce, même s’il s’agit d’éléphants morts depuis  longtemps et sans lien de parenté avec eux.
On les a souvent vus manipuler doucement ces os avec leur trompe ou le bout de leurs pattes, dans un état de très grand calme. Parfois, des éléphants complètement étrangers à la personne décédée reviennent à de nombreuses reprises visiter ces lieux. Rappelons d’ailleurs que lorsqu’un éléphant est blessé, il sera toujours aidé par d’autres, même s’il ne fait pas partie de leur famille.

Un biologiste sud-africain qui étudia les éléphants d’Addo en Afrique du Sud, pendant plus de huit ans, rapporte un rituel de ce type.
Toute la famille d’une matriarche morte, parmi laquelle son dernier né, s’en vinrent toucher délicatement de corps de la défunte avec leur trompe, en faisant mine de la soulever. Le troupeau émettait alors de forts et graves grondements. L’éléphanteau se mit à pousser  des cris qui ressemblaient à des pleurs, tandis qu’au même moment, le reste de l’assistance demeura totalement silencieuse. Tous commencèrent ensuite à jeter des feuilles et de la terre sur le corps et cassèrent des branches des arbres pour le recouvrir entièrement. Le groupe
demeura deux jours entiers debout, tranquilles, sans bouger auprès de la morte. Parfois certains partaient pour aller s’abreuver ou se nourrir mais ils revenaient tout aussitôt.

Un fait plus étonnant encore est que les éléphants peuvent se comporter de la même manière à l’égard d’un humain.
En Afrique, à de nombreuses reprises, on les a vu couvrir de feuillages des gens morts ou en train de dormir. George Adamson, un gardien de parc kenyan, a rapporté l’histoire d’une vieille femme Turkana qui s’était assoupie sous un arbre après avoir perdu son chemin. Quand elle se réveilla, un éléphant se tenait debout au-dessus d’elle et la caressait doucement. La femme resta sans bouger, car elle était très effrayée. D’autres éléphants arrivèrent alors qui se mirent à barrir haut et fort en l’ensevelissant sous les branchages. Elle fut retrouvée le lendemain
matin par les bergers locaux, saine et sauve.

Le même George Adamson raconte également qu’il a un jour tué d’un coup de fusil un éléphant mâle.
Celui-ci menait une harde qui venait de pénétrer en force dans les jardins du gouvernement au nord du Kenya. George a donné la viande de l’éléphant aux membres de la tribu Turkana locale puis il a traîné le reste de la carcasse à quelques kilomètres delà. La nuit même, les autres éléphants ont retrouvé le corps dépecé.
Ils se sont saisi des os de l’omoplate et des pattes et les ont ramené à l’endroit exact où leur compagnon avait été abattu. Face  de tels faits, les scientifiques débattent aujourd’hui pour comprendre jusqu’à quel degré les éléphants ressentent des émotions.

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6. Le jeu

Les bébés éléphants, qui sont dorlotés comme des princes, adorent jouer.

Les bébés éléphants, qui sont dorlotés comme des princes, adorent jouer.

Joyce Poole a observé à de nombreuses reprises des éléphants africains sauvages en train de jouer. Ils se livraient apparemment à des actes destinés à les divertir et à « faire rire » les autres. On a vu ainsi certains d’entre eux se pencher près d’une rivière relever très haut leur trompe et pulvériser l’eau vers le ciel comme le ferait une fontaine.

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7. L’imitation

Kosik, l’éléphant qui parle

Des études récentes démontrent que les éléphants peuvent également imiter les sons qu’ils entendent.
Mlaika, un jeune orphelin, reproduisait le bruit des camions qui passait à proximité de son enclos.

Calimero, un éléphant d’Afrique de 23 ans, fit preuve quant à lui d’une forme unique de mimétisme.
Il se trouvait dans un zoo suisse en compagnie de quelques éléphants d’Asie. Ceux-ci s’expriment avec des sortes de gazouillis qui sont bien différents des grondements profonds propres aux éléphants africains. Calimero se mit donc à gazouiller à son tour et cessa complètement de produire des grondements.

Kosik, un éléphant indien captif à l’Everland Amusement Park, en Corée du Sud, est capable d’imiter jusqu’à huit mots coréens, y compris les « assis », « oui », « non » et « couché ». Kosik produit ces sons humains en plaçant sa trompe dans sa bouche, puis en la secouant tout en expirant, un peu comme les gens qui sifflent entre leurs doigts. Il comprend en outre les mots qu’il prononce.

Les éléphants lancent des appels répétés pour rester en contact avec un autre individu dès qu’il a quitté son champ de vision. Les femelles sont capables de se souvenir et de distinguer les appels de contact de chaque membre féminin de leur famille mais aussi de celles qui vivent en dehors de leur réseau familial élargi. Ils peuvent également reconnaître une famille d’une autre en fonction de la fréquence sonore des appels que celles-ci utilisent.

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8. L’usage d’outils

Un grattoir à orreilles

 

Malgré l’absence de mains, les éléphants sont capables de fabriquer des outils et d’en faire usage.
Ils se servent de leur trompe comme on le ferait d’un bras.
Les éléphants se servent couramment de branches en guise chasse-mouches ou de grattoirs à dos.
Mieux encore, certains ont été observés en train de poser de grosses pierres sur une clôture électrique afin de faire s’effondrer la clôture et de couper l’électricité.
Les éléphants en captivité déplacent souvent des objets d’un endroit à l’autre afin de les utiliser comme tabourets pour s’y tenir debout et accéder à une nourriture jusque là hors de portée.
Les éléphants utilisent les branches comme des outils, notamment pour construire des barrages sur les rivières et faire ainsi monter le niveau d’eau afin de faciliter leur baignade. On les a vu aussi en train de creuser un trou au bord d’un trou d’eau sale afin d’obtenir une eau plus pure. Les éléphants domestiques en Asie ont souvent une cloche placée autour de leur cou pour que leurs gardiens puissent entendre où ils se trouvent. Une nuit, ces éléphants ont décidé de manger des bananes dans une plantation, mais pour ne pas être trahi par le son de leurs cloches, ils les ont remplies de boue.
On les a vu creuser des puits pour boire de l’eau, puis arracher  l’écorce d’un arbre, la mâcher pour en faire une sorte de balle, refermer le trou avec cette boule ligneuse puis recouvrir le tout avec du sable pour éviter l’évaporation. Ainsi, ils pourront revenir plus tard pour se désaltérer.
Les éléphants se servent couramment de branches en guise chasse-mouches ou de grattoirs à dos. Certains ont été observés en train de poser de grosses pierres sur une clôture électrique afin de faire s’effondrer la clôture et de couper l’électricité. Les éléphants en captivité déplacent souvent des objets d’un endroit à l’autre afin de les utiliser comme tabourets pour s’y tenir debout et accéder à une nourriture jusque là hors de portée.

 

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9. Art et musique

Une peinture spontanée d’un éléphant

Comme plusieurs autres espèces, les éléphants sont capables de produire de l’art abstrait, en utilisant leurs trompes pour tenir un pinceau.
On a pu voir ainsi des vidéos d’un éléphant d’un zoo de Thaïlande en train de dessiner son propre auto-portrait agrémenté d’une fleur ou d’autres thèmes similaires . Mais il s’agissait là d’un dressage.
Une éléphante du zoo national de Washington DC a a démontré ses capacités à jouer de l’harmonica et de divers instruments à vent. Elle finissait toujours ses morceaux avec un crescendo.

Dans la plupart des cas, ces comportements sont appris, mais ils peuvent également apporter à l’animal captif une forme de distraction. L’éléphant bat des oreilles de plaisir quand on lui propose ce « jeu » qui le distraie de l’ennui du zoo.
On peut aussi se trouver devant devant des oeuvres spontanées, le plus généralement abstraites ou semi-figuratives.
C’est également le cas des  peintures réalisées par des chimpanzés ou d’autres grands singes captifs (Wattana et ses macramés, notamment) .

Peinture éléphant

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10. Résolution de problèmes

Déplacement du tabouret

Les éléphants sont capables de passer beaucoup de temps à essayer de résoudre des problèmes.
Ils modifient radicalement leurs comportements pour faire face à de nouveaux défis, une caractéristique propre à toute intelligence complexe.

Le moment «aha» (ou « eurêka ! ») c’est à dire la découverte soudaine d’une solution à un problème est une expérience humaine courante.
La résolution spontanée de problèmes sans comportement antérieur d’essai et d’erreur  a été appelée « perspicacité » chez les humains et d’autres animaux. Étonnamment, les éléphants, considérés comme très intelligents, n’ont pas réussi cette épreuve de perspicacité dans les études cognitives précédentes. Nous avons donc testé trois éléphants d’Asie (Elephas maximus) pour voir s’ils utiliseraient des bâtons ou d’autres objets afin d’obtenir des aliments placés trop hauts, hors de leur portée. Sans préalable, un premier éléphant d’Asie mâle âgé de  7 ans a montré une résolution spontanée du problème en déplaçant un grand cube de plastique, sur lequel il s’est surelevé pour atteindre la nourriture.
Lors de tests supplémentaires, il a montré une souplesse comportementale, en utilisant cette technique pour atteindre d’autres objets et récupérer le cube à partir de divers endroits pour s’en servir comme outil. En l’absence du cube, il a généralisé cette technique d’utilisation d’outil à d’autres objets similaires. Lorsqu’on lui a donné des objets plus petits, il les a empilé dans une tentative d’atteindre la nourriture. Le comportement global de l’éléphant était cohérent avec la définition de la « perspicacité ». L’échec des expériences antérieures tient au fait qu’on avait a demandé aux éléphants de tenir des bâtons, ce qui inférait avec le rôle oflactif de leur trompe.

Une autre expérience menée en 2010 a révélé que, pour atteindre de la nourriture, les éléphants pouvaient apprendre à coordonner leurs actes avec un partenaire lorsqu’une tâche nécessitait que deux individus tirent simultanément une corde à chaque extrémité pour obtenir une récompense. A cet égard, ils sont sur pied d’égalité avec les chimpanzés en ce qui concerne leurs compétences en termes de coopération.

Dans les années 1970, à Marine World Afrique, Etats-Unis, vivait un éléphante d’Asie du nom de Bandula.
Celle-ci a longuement étudié toutes les manières de briser ou de déverrouiller diverses  équipements utilisés, dont le Brummel Hook, pour maintenir ses pattes enchaînées. Une fois qu’elle s’était libérée, Bandula aidait les autres éléphants à s’échapper. Dans son cas et certainement dans le cas d’’autres captifs en fuite, les pachydermes prenaient grand soin d’observer les alentours pour s’assurer que personne ne les voyait fuir.

Ruby, un éléphante d’Asie enfermée au Zoo de Phoenix écoutait souvent les conversations des gardiens autour d’elle.
Quand elle a entendait le mot « peinture », elle devenait très nerveuse. Ses  couleurs favorites étaient le vert, le jaune, le bleu et le rouge. Un beau jour, une voiture de pompier  s’est garé en dehors de son enceinte : un homme venait d’avoir une crise cardiaque. Les lumières rouges, blanches et jaunes clignotaient sur le toit du camion. Quand Ruby s’est mise à peindre plus tard dans la journée, elle a choisi ces couleurs. Elle a également montré une préférence pour les couleurs particulières que les gardiens portaient.

Harry Peachey, un dresseur d’éléphants, a développé une coopération étroite avec un éléphant nommé Koko.
Koko encourageait les gardiens à lui apprendre de nouveaux tours et de nouveaux mots pour les effectuer. Peachey a déclaré que les éléphants se montrent prédisposés à travailler avec les humains, du moment qu’ils sont traités avec respect et sensibilité.
Koko a ainsi prêté main forte à ses gardiens quand eux-ci avaient besoin de son aide. Elle participait notamment au transfert de certaines femelles du groupe vers celui d’un autre zoo.

Lorsque les gardiens voulaient transférer une femelle, ils avaient pris l’habitude de lui dire son nom, suivi par mot « transfert » (par exemple, « Connie transfert »). Koko comprenait aussitôt ce qu’on attendait d’elle. Si les gardiens ordonnait à un éléphant de se déplacer pour être déplacé et qu’il ne bougeait pas, ils lançaient alors : «Koko, viens nous donner un coup de main !». A ces mots, Koko venait  à la rescousse. Après 27 ans de travail avec les éléphants, Peachey est convaincu que ceux-ci comprennent la sémantique et la syntaxe d’un grand nombre des phrases qu’ils entendent. La chose est considérée comme très rare dans le règne animal.

Une étude menée par le Dr Naoko Irie de l’Université de Tokyo a montré que les éléphants faisaient preuve de compétences étonnantes en arithmétique. L’expérience consistait à laisser tomber un nombre variable de pommes dans deux seaux devant les éléphants du Zoo de Ueno.
On étudiait ensuite selon quelle fréquence ils faisaient le choix correct des seaux contenant le plus de fruits. «Lorsque plus d’une pomme tombait dans le seau, cela signifiait donc que les éléphants comptaient les autres une à une et se souvenaient du nombre total ».

Les résultats ont montré que les pachydermes choisissaient le seau le plus rempli avec un taux de réussite de 64%. Un éléphant africain nommé Ashya a obtenu la meilleure note avec record de 87 % de succès. Les êtres humains placés dans les mêmes conditions ne réussissaient l’épreuve qu’à raison de 74%. Cette aptitude a été filmée et n’est donc pas sujette à caution.

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11. Conscience de soi

Happy est désormais extrêmement malheureux...

Happy est désormais extrêmement malheureux…

 Les éléphants d’Asie ont désormais rejoint le club assez restreint mais dont les membres semblent croître au fur et à mesure des recherches, de ces animaux qui ont conscience d’eux-mêmes, aux côtés des dauphins, des grands singes, hommes compris, des corbeaux et des pies, pour n’en citer quelques uns.

L’étude a été menée avec la Wildlife Conservation Society (WCS) avec l’aide des éléphants du Zoo du Bronx à New York. Bien que de nombreux animaux réagissent à la présence d’un miroir, peu d’entre eux font preuve de tous les indices qu’ils se reconnaissent bien dans l’image qu’ils regardent.
Signalons cependant que Happy s’est depuis lors trouvée si solitaire et malheureux au Zoo du Bronx que le Non Human Rights Project envisage de porter son affaire en justice. 

Les éléphants d’Asie impliqués dans cette étude ont également affiché ce type de comportement face à un miroir de 2,5 m sur 2,5 m. Ils en ont d’abord inspecté l’arrière et puis ils ont apporté de la nourriture pour se voir manger dans le reflet.
La preuve de la conscience de soi chez l’éléphant a été prouvée lorsque l’éléphante Happy a frotté à plusieurs reprises à l’aide de sa trompe un X peint en blanc sur son front, marque qui ne pouvait être vue par lui que dans le miroir. Happy ne prêta pas attention à une autre marque incolore, également peinte sur son front, démontrant ainsi qu’elle ne réagissait pas simplement à une odeur ou à une sensation tactile.

Happy

Frans De Waal, qui a dirigé l’étude, a déclaré :
« Ces parallèles entre les humains et les éléphants suggèrent une évolution cognitive convergente, sans doute liée à leurs sociétés complexes et à la coopération entre individus. »

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Photo KOTA Foundation for Elephants

12. Langage et communication

Les éléphants, qui sont sociables, sensibles et intelligents, communiquent entre eux par le toucher, l’odorat et la gestuelle, mais surtout par des sons. On pense aussitôt au barrissement lancé par la trompe, mais la plupart des sons produits par les éléphants proviennent de leur gorge et sont si bas que nos oreilles ne peuvent pas les entendre. En revanche, nous pouvons les enregistrer et les rendre audibles à nos oreilles. Ces infrasons sont si bas que leurs vibrations transmises par la terre peuvent être entendues par d’autres éléphants au-delà de 5 kilomètres. Ils peuvent ainsi s’avertir les uns les autres à longue distance d’un danger possible ou bien faire savoir où de l’eau est disponible. En communiquant de cette façon, il est également possible pour une femelle de trouver un étalon ou pour deux mâles en musth, de se tenir à l’écart de la route de l’autre. Ils peuvent également appeler à l’aide ou simplement rester en contact.

Les éléphants dans un troupeau bavardent constamment.
Une chercheuse américaine, Katy Payne, étudie le langage des éléphants depuis longtemps et commence à comprendre ce qu’ils racontent exactement. Elle a déjà découvert le son qu’un éléphant bébé lance pour dire à sa mère qu’il ne veut plus de lait. Elle a aussi découvert des sons indiquant que les éléphants sont surpris ou quand ils veulent apaiser un autre. La matriarche lance un certain cri pour dire au troupeau de se lever ou de se réunir tous autour d’elle. Elle émet aussi d’autres vocalisations pour indiquer au mâle de rester très prudent quand il approche les femelles trop jeunes. Katy Payne espère déchiffrer toute la langue des éléphants afin qu’un jour les humains puissent communiquer avec eux.

Les éléphants sont très sensibles aux vibrations de la surface du sol. Le bourdonnement tellurique d’un éléphant frappant du pied ou celui d’un troupeau qui s’enfuit, peut être ressenti à des milliers de kilomètres de là. De cette façon, les éléphants sont probablement capables de transmettre des messages les uns aux autres, tout en étant extrêmement éloignés. Une récente étude prouve aussi qu’ils entendent les orages à très longues distances et se déplacent vers eux pour profiter de la pluie.

Les éléphants sont des animaux d’une extrême sensibilité tactile. Ils se touchent affectueusement à l’aide de leur trompe, de leurs oreilles, de leurs défenses, de leurs pieds, de leur queue, et même de leur corps tout entier. Les interactions tactiles entre les éléphants se produisent dans un large éventail de contextes, agressifs, défensifs, affiliatifs, sexuels, ludiques, de prise en charge ou de comportement exploratoire.

Les éléphants peuvent utiliser leurs défenses pour attaquer un autre mâle, pour soulever doucement un bébé ou pour exprimer la solidarité pendant une cérémonie de salutation. Les éléphants se servent beaucoup de leurs oreilles pour caresser délicatement un autre de manière affectueuse ou par jeu. Leurs queues peuvent se frotter l’un l’autre ou s’assurer doucement de la présence d’un nouveau-né au sol.

La trompe d’un éléphant peut être utilisée pour caresser, rassurer ou aider un bébé, pour explorer les organes génitaux, la bouche ou les glandes temporales d’un membre de la famille, pour toucher et explorer les restes d’un éléphant mort, pour toucher ou pousser un autre en jeu. Dans un contexte plus agressif ou défensif, un éléphant peut utiliser sa trompe pour frapper ou pour bloquer un adversaire ou pour appeler à l’aide un compagnon lorsqu’il fait face à un prédateur.

Les éléphants utilisent leurs pattes pour frapper le sol agressivement ou pour caresser ou pour aider quelqu’un.
Ils peuvent aussi utiliser tout leur corps pour pousser agressivement, se frotter sensuellement contre un autre d’une manière amicale ou de conduire une femelle dans un contexte sexuel.

Bien qu’un certain nombre des gestes des éléphants ait une visée tactile, la plupart envoient également un message visuel. Ils utilisent leurs têtes, leurs yeux, leurs bouches, leurs oreilles, leurs défenses, leur trompe, leur queue, leurs pieds et même leur corps entier pour communiquer des messages à leurs semblables ainsi qu’à d’autres espèces. Par exemple, un éléphant menaçant ou dominant indique son statut en se faisant plus grand : il porte la tête haute au-dessus des épaules en écartant les oreilles, tandis qu’un éléphant subordonné garde la tête basse et les oreilles en arrière. Un éléphant effrayé soulève sa queue et son menton. Un éléphant socialement excité agite rapidement ses oreilles en écarquillant les yeux. La richesse de la communication gestuelle des éléphants est telle qu’on établit aujourd’hui des bases de données pour les répertorier.

Certains des appels utilisés par les éléphants sont de puissantes vocalisations à basse fréquence qui se déplacent sur de longues distances. Un éléphant peut reconnaître les voix de centaines d’autres éléphants jusqu’à 2 kilomètres de distance. Les membres de la famille ont en particulier un vaste répertoire vocal et un réseau de communication exceptionnellement grand.
Il s’agit sans doute d’un phénomène unique dans le monde animal, excepté l’homme, de mammifères intelligents aux systèmes sociaux fluides, disposant de  capacités de communication à très longue distance associée à la capacité mentale d’une reconnaissance sociale et individuelle étendue.

Eléphants et langages humains

Les éléphants d’Afrique peuvent différencier les langues humaines et réagir face à celles qui sont considérées comme des menaces. Des recherches menées à l’Amboseli National Park au Kenya ont permis de mettre en lumière cette compétence étonnante des pachydermes.

L’expérience consistait à faire écouter à des troupeaux d’éléphants des enregistrements de voix humaines et d’observer leurs réactions. Tous les enregistrements contenaient la même phrase (« Regarde, regarde, là-bas, un troupeau d’éléphants qui vient ») déclamée en plusieurs langues. Face à des voix d’hommes s’exprimant en langue Maasai –des chasseurs potentiellement dangereux pour eux – les éléphants se regroupent et agissent en mode « alerte », quittant précautionneusement l’endroit.

Face à des voix d’hommes s’exprimant en langue Kamba -qui sont le plus souvent des fermiers ou des employés de la réserve et donc moins susceptibles de représenter une menace- par contre, les éléphants n’avaient pas l’air autrement perturbés.

Plus subtil encore: face aux voix d’enfants et de femmes s’exprimant en langue Maasai, les pachydermes restaient également sereins.

Les chercheurs sont formels, leur étude suggère que les éléphants sont non seulement capables de différencier les différentes langues auxquelles ils sont confrontés mais également d’adapter leurs réactions avec beaucoup plus de subtilité que d’autres espèces.

D’après un article de Wikipedia et d’autres sources citées. 2013.

Indifférents à toutes ces données, l’homme continue à massacrer l’éléphant pour son ivoire, à le capturer pour les zoos et les cirques, à le chasser pour le « sport » dans les réserves, en payant le prix qu’il faut.


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