« Le dauphin est un animal bricolé ! »
John Kershaw, directeur animalier du Marineland d’Antibes
17/7/2012
Dans une interview assez ahurissante publiée par le journal Libération le 17 juillet 2012, John Kershaw, l’ancien comparse de Mike Riddell, et celui par qui la petite orque Shouka fut expédiée vers l’enfer aux USA, se laisse piéger par un journaliste plus finaud qu’on ne le croit.
Il en vient à émettre des déclarations éclairantes sur ses capacités professionnelles et sur le rôle du Marineland en termes de préservation de l’espèce et de sensibilisation à la vie sauvage.

Le directeur zoologique John Kershaw après l’inondation d’octobre 2015. ©PHOTO NICE MATIN / FRANZ CHAVAROCHE / ANTIBES / LE 14/10/15
Extraits choisis :
–« Le dauphin a un bon capital sympathie chez les humains, voire une sacrée réputation d’animal intelligent. Celle-ci est fondée sur la magie du cinéma et pas mal de choses fausses aussi » rigole John Kershaw, directeur animalier du parc depuis 20 ans. «Depuis un demi-siècle, on nous bassine avec le langage des dauphins, mais il n’en a pas, de langage ».
– « Il y a des fans qui viennent tous les jours, connaissent les animaux par leur nom, leurs manies, s’attendrissent devant les bébés. Surtout des filles, à 90%, qui achètent les posters, les photos »
A propos du spectacle le journaliste raconte :
«On file au spectacle dans la gigantesque piscine avec des soigneurs-animateurs pêchus comme des pom-pom girls, qui font du jet ski sur les dauphins, ressortant de l’eau les pieds sur le museau des dauphins, dansent sur le bord (…) »
John Kershaw commente :
«Ça donne une belle image de l’animal, la mise en scène humaine avec la musique, les soigneurs, etc.
C’est comme un concert de Johnny, ça commence doucement, après on change de rythme, le spectacle, c’est pareil, ça fait hérisser les poils et ça provoque l’émotion ».
Comment arrive-t-on à faire ça avec un dauphin ?
«Quadrupède terrestre carnivore, le dauphin vit d’abord dans l’eau. en sort puis y retourne au fil de son évolution. Il vit dans l’eau mais respire de l’air par son nez au-dessus de sa tête. C’est un animal bricolé, en quelque sorte. Sa survie – qu’il ne maîtrise pas, contrairement à nous les humains, les êtres les plus feignants de la création – il la doit à la communication active. Il utilise des bruits, par exemple, et a une petite dosette d’intelligence qu’il lui faut vider régulièrement pour ne pas s’ennuyer. »
– Le dauphin peut apprendre avec une méthode gestuelle : «Stimulus, réponse, renforcement », précise Jon Kershaw.
Comme un chien.
Et la suite à l’avenant : s’ils se reproduisent, c’est qu’ils sont heureux.
On sait pourtant que la captivité entraîne une suractivité sexuelle. L’hypersexualité des dauphins augmentent, quant à elle, avec le stress, auquel elle sert de dérivatif.
– « La nourriture pendant l’exercice » est du « supplément-récompense » – si chichement distribué que le dauphin est bien obligé d’obéir ! – « un dauphin a une moyenne de vie de 7 ans et demi et en plus les Humains les distraient ».
John Kershaw précise aussi que «le dauphin n’éprouve strictement aucune affection pour l’homme, tout au plus a-y-il une préférence pour tel ou tel dresseur ».
Sans doute est-ce là la seule parole sensée de son interview…
On l’aura compris, M. Kershaw ignore – ou fait mine d’ignorer – toutes les passionnantes recherches actuellement menées par des scientifiques de haut niveau sur l’intelligence et le langage des dauphins. Il est vrai que seul, le dressage l’intéresse. Il a donc beau jeu de dire n’importe quoi, dans la mesure où son lectorat est aussi ignorant que lui, et ne lit pas l’anglais.
Il ose qualifier ce chef d’oeuvre biologique « d’animal bricolé » alors c’est le cerveau de l’être humain qui est mal fichu et construit sur trois niveaux qui peuvent entrer en conflit (cerveau reptilien, cerveau mammalien, néocortex) et non celui du dauphin, parfaitement intégré.

Cerveaux comparés
Enfin, il s’affirme définitivement comme le montreur d’esclaves cynique qu’il est, en se moquant froidement de son public (qui paie pourtant près de 95 euros le droit de toucher un dauphin), et en révélant que chez lui, les dauphins ne vivent que 7 ans !
On imagine que comme la plupart des associations françaises, le journaliste de Libération a du être mis en garde préalablement : le Marineland fait régner la terreur et surveille jalousement son image médiatique.
C’est donc par la bande qu’il a réussi à ridiculiser ce Jon Kershaw dont il faudra un jour retracer la biographie complète et décompter le nombre d’orques (tiens, pas un mot sur elles dans l’article !) et de «dauphins de sept ans» qu’il a mené au clos d’équarrissage.
L’art de dresser une orque selon Jon Kershaw