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La violence chez les dauphins

Victime du stress et de la faim qui frappent les dauphins captifs

La violence chez les dauphins

La violence chez les dauphins ? Ne sont-ils pas des animaux doux et gentils obéissant comme des petits chiens ?
On ne sait plus trop, à vrai dire. D’un côté, les delphinariums nous présentent de gentils petits Flippers et de l’autre, certains scientifiques nous les dépeignent sous les traits de bêtes sauvages, attaquant les nageurs humains sans sommation, massacrant les bébés issus de mâles autres qu’eux-mêmes ou violant de façon brutale les femelles lors de combats enragés.

On peut ainsi lire d’extraordinaires assertions, lancées à l’emporte-pièce :
« Capables de nouer des alliances, les mâles usent de celles-ci pour kidnapper les femelles qui n’auraient pas eu le bon goût de remarquer tout de suite quels partis enviables ils font. Si d’aventure madame a déjà un rejeton, celui-ci est tué afin de provoquer une ovulation, à la suite de laquelle la mère endeuillée aura la joie de goûter au viol collectif mâtiné de violence, au besoin. Heureusement, nos amis dauphins ne sont pas sectaires et tentent parfois de faire l’éducation sexuelle de l’une ou l’autre nageuse. Merci à eux ».

Un autre exemple de désinformation massive ? :
« Ces petits hippies des mers, que l’on s’imagine volontiers sautillant au gré des vagues à longueur de journée en saluant les humains sur leur passage, sur fond de guitare hawaïenne, sont en réalité de dangereux psychopathes. Les dauphins n’ont besoin que d’une seule raison pour tuer : parce que c’est marrant. C’est la seule explication scientifique qui ait été fournie (véridique). Leurs victimes préférées ? Les marsouins ».

http://explosm.net

 

Certains « scientifiques » s’étaient déjà appliqués à nous présenter les dauphins comme des débiles mentaux, incapables de sauter par-dessus un filet – comme le ferait un poisson rouge hors de son bocal – mais la violence, c’est encore autre chose.
Il s’agit de salir l’image des dauphins pacifiques et surtout de nier leur capacité à gérer leurs sociétés de façon plus harmonieuse que nous ne le faisons. Bref, de les rabaisser plus bas que l’homme encore en termes d’agressivité.
Il convient aussi de ramener du monde dans les delphinariums – et pourquoi pas dans les programmes pourtant si dangereux de « swim with dolphins » – en affirmant contre toute raison qu’en mer les nageurs sont gravement menacés, alors qu’ils n’ont rien à craindre en piscine. Or, c’est tout le contraire qui se passe !

Mettons à part le cas de certains dauphins solitaires, dont les approches amoureuses inter-espèces sont prises pour des attaques, qui s’énervent quand la foule devient trop dense ou, mais oui, qui tuent carrément, comme Tiao le fit d’un coup de caudale, le nageur qui lui enfonçait des objets dans l’évent en décembre 1994. Ce qu’on ne saurait lui reprocher.

Certes, les cétacés sont des gens comme les autres, et non des anges tombés du ciel.
Les mâles costauds aiment à se battre, comme chez la plupart des mammifères, humains compris, et l’on sait que les orques transients ne font pas de cadeaux aux phoques ou aux otaries lorsqu’elles s’amusent avec leurs corprs pantelants.
En revanche, force est de constater que les attaques de dauphins sur des humains sont presque inexistantes en mer, sauf dans des cas exceptionnels, alors qu’elles sont fréquentes en bassin.

YG discutant paisiblement avec un dauphin libre

Se peut-il que le dauphin soit agressif ou en colère ?
F. C. : Tout à fait. Alors, il suffit de le laisser et de reculer. Un jour j’ai vu une dauphine en colère. Elle avait un petit et les enfants que j’’emmenais ne s’étaient pas rendus compte qu’ils bloquaient un passage.

La mère dauphine et son petit nageaient de long en large en étant bloqués contre la rive. La dauphine était donc stressée. J’ai demandé aux enfants de reculer. Quand elle a senti que je leur disais de reculer, elle est passée vers moi et j’ai vu effectivement qu’elle était stressée.
Je me suis mis les bras en croix en surface et j’ai envoyé vraiment le message à la dauphine : « Tu peux passer, je ne bougerais pas, je ne te toucherais pas, tu es en sécurité ». La dauphine a choisi de passer et j’ai vu, dans son regard, qu’elle était effectivement prête à mordre. Le dauphin a plusieurs manières de se défendre : ce peut être un coup de rostre, des coups de dents ou des coups de nageoire caudale. Les dauphins sont capables de tuer un requin ».

En ce qui concerne le gestionnaire de ce site, qui a nagé plusieurs années de suite avec les Tursiops du Golfe du Mexique et les Tachetés des Bahamas, JAMAIS il n’a été témoin du moindre geste d’agression de la part de l’un d’eux. Le tout est évidemment de se conduire correctement entre personnes civilisées…

Mais l’infanticide, le viol ?
Une fois encore, on confond tout, fourrant dans le même sac l’ensemble des cétacés, comme si le cannibalisme de certaines populations étaient  pratiqué par l’humanité toute entière.
Regardons cela de plus près et tuons l’hoax dans l’oeuf !

Marsouin tué par un dauphin en Ecosse

L’infanticide chez les dauphins

L’infanticide chez les dauphins semble à vrai dire un phénomène rare et récent, géographiquement limité à trois populations de dauphins bien précises, l’une vivant au large de la Virgine (USA), l’autre à Moray Firth en Ecosse.
Une troisième observation a été faite chez le dauphin Tucuxi (Sotalia guianensis).

Aucun ouvrage de référence même récent, n’évoque l’infanticide comme une pratique répandue partout.
En outre, pas mal d’observations sont parfois sujettes à caution : il se peut en effet que d’autres espèces de cétacés soient mises en cause dans ces tueries très limitées ou que les infanticides ait lieu dans le cadre extrêmement malsain de la captivité, où le stress, la compétition et l’agressivité sont la norme.

Néanmoins  : « Le nombre de jeunes dauphins retrouvés massacrés pas des adultes est en constante augmentation.
Les causes de ces infanticides ne sont pas complètement élucidés.
En fait, le grand dauphin appelé aussi Tursiops, présenterait le premier cas d’infanticide jamais rapporté chez les cétacés. Telle est la conclusion d’une équipe de chercheurs écossais de l’Université d’Aberdeen et du Veterinary Service Division d’Inverness.
En effet, entre 1992 et 1996, sur les 18 dauphins Tursiops trouvés morts sur la côte de Moray Firth, en Ecosse, 5 d’entre eux âgés de moins d’un an portaient des traces de dents de leurs semblables ».

Notons tout de même que la population de dauphins à Moray Firth, Ecosse, se limitait encore récemment à moins de 130 Tursiops, soumis par ailleurs à de sérieuses difficultés environnementales et à des famines récurrentes qui les poussent aussi à tuer des marsouins. Leur comportement s’en trouve certainement perturbé.

De même, entre 1996 et 1997, 9 bébés dauphins morts échoués sur les côtes de Virginie, aux États-unis, montraient des blessures semblables à celles constatées en Ecosse : fractures, contusions à la tête et au thorax, tissus déchirés, organes disloqués et marques de dents de dauphin. Déjà, en 1994, une violente et longue altercation entre un Tursiops adulte et un jeune dauphin avait été observée en Ecosse.

Si l’hypothèse du jeu qui tourne mal ou celle d’un apprentissage de prédation sont envisageables, les chercheurs privilégient la frustration sexuelle.  » L’agression que l’on retrouve chez les animaux peut conduire à la mort, notamment quand l’enjeu est sexuel « , note Anne Collet, directrice du Centre de recherche des mammifères marins de La Rochelle. La dauphine n’étant pas fertile pendant la période d’allaitement, le mâle pourrait chercher à se débarrasser du petit. Des études menées en Australie ont montré que la femelle s’accouplait quelques jours seulement après avoir perdu son bébé »‘.

La cétologue évoque par ailleurs une éventuelle  » automutilation » de la population du fait de la diminution des stocks de poissons. Selon Kate Grellier, chercheuse à l’Université d’Aberdeen, l’infanticide pourrait effectivement être perpétré par les mâles ou les femelles en cas de ressources insuffisantes. Si ce nouveau phénomène est difficile à interpréter, sa progression n’en demeure pas moins inquiétante.

Cela dit, ces actes ne sont observés qu’en deux endroits du monde. Aucun infanticide n’a jamais été vu à Shark Bay ou à Sarasota, là où pourtant des études à très long terme sont menées depuis des années sur les mêmes communautés de dauphins.

L’amour existe aussi chez les dauphins

Le viol chez les dauphins

Les dauphins font l’amour de diverses façons.
Parfois, un dauphin seule courtise une delphine seule et tout se passe en douceur et, dirions-nous, en toute volupté.
L’amour peut même lier un couple.
Dans d’autres cas, des « gangs » de jeunes mâles en affrontent d’autres, parfois jusqu’au sang – mais rarement jusqu’au meurtre- pour s’accaparer les femelles d’un groupe rival. Celle-ci, une fois isolée, fait en effet l’objet d’un traitement assez rude qui vu de loin, par une lorgnette anthropocentriste, peut ressembler à un viol.

C’est oublier que des alliances de delphines peuvent interférer dans ce processus pour défendre leur amie et que ces prétendus viols s’apparentent davantage à des joutes, à des jeux, certes musclés, mais qui, une fois encore, ne font jamais de victimes. Trois mâles encadreront par exemple la femelle et copuleront à tour de rôle, chacun tenant d’éjaculer plus fort que l’autre afin que son sperme parvienne le premier jusqu’à l’ovule.

Richard C.Connor , l’un des meilleurs spécialistes des cétacés au monde, avoue qu’il n’a jamais pu observer de cas au cours de ses recherches où un dauphin mâle parvenait vraiment à contraindre une femelle à des relations sexuelles non consenties. En fait, certaines d’entre elles ne semblent même pas dérangées par la cohorte d’amants potentiels qui la suit et rechercheraient même à copuler avec le plus grand nombre. En revanche, c’est le trop grand nombre de mâles autour d’elle qui peut provoquer des blessures accidentelles, reçues dans la mêlée.

Attention, une fois encore, nous ne parlons pas des dauphins communs, ni des sténelles, ni des clymènes, ni des bleus-et-blancs ni des lagenorhynchus albirostris, ni des lissodelphis borealis, ni des dauphins d’Hector ni des dauphins de Pealed, mais bien d’une communauté culturellement spécifique de Tursiops vivant à Shark Bay, en Australie.
Un dauphin n’est pas l’autre, sa culture n’est pas celle d’un autre et tous n’agissent pas de la même manière comme des robots, parce qu’ils appartiennent à la même espèce !

Dauphin bleu et blanc. Rien à voir avec les Tursiops !

A Shark Bay, donc, les alliances s’organisent sur trois niveaux :
– Un premier groupe, généralement composé de deux ou trois individus, se consacre à à chercher  des femelles
fertiles pendant la saison des amours.
– Dans une «alliance de second ordre », les animaux forment des « équipes » de 4 à 14 mâles qui fomentent des attaques sur d’autres groupes afin de s’emparer de leurs femmes pour le temps de la copulation ou défendre les leurs.
– Le troisième niveau d’association se charge de maintenir des «relations amicales» avec tous les autres groupes de dauphins et viennent en aide à l’un ou l’autre « équipe » lorsque des forces supplémentaires sont nécessaires.

Inutile de dire que les cadavres de ces luttes tribales ne s’échouent pas en masse sur les plages.
La mortalité élevé des dauphins est massivement causée par l’impact anthropique.
A ce propos, faut-il encore rappeler, l’être humain se pose en champion toutes catégories des véritables viols, comme nous le prouvent les guerres récentes au Congo ou simplement la violence faite au femmes dans un cadre familial.

Alors, info ou intox ?
Un peu des deux. La violence existe chez les dauphins, mais elle n’est en rien comparable à celle de bien d’autres espèces, la nôtre en particulier. Les dauphins ne sont pas des disciples de Gandhi, mais il n’y a pas d’Adolf Hitler, de Joseph Kabila ou de Pol Pot parmi eux. La guerre, la vraie, telle que la conçoivent humains et fourmis, n’existent pas chez les autres animaux.
Et moins encore chez les dauphins.

Massacre en RDC


Altruisme et compassion : la nature des dauphins

Yvon Godefroid