Helen est la dernière survivante du Vancouver Aquarium !
Après la mort de son compagnon de bassin la semaine dernière, un petit dauphin à flancs blancs du Pacifique du nom d’Helen est désormais le seul cétacé encore vivant à l’Aquarium de Vancouver.
Chester, la fausse orque qui partagea le bassin d’Helen pendant plus de deux ans, s’est éteint le 24 novembre 2017, après qu’il soit tombé malade deux jours plus tôt. Le rapport de nécropsie rédigé par l’aquarium affirme qu’il aurait succombé à une maladie bactérienne.
La mort de Chester n’est que le dernier d’une longue série de décès au sein de cet aquarium controversé.
Pas moins de cinq cétacés y ont successivement perdu la vie en moins d’un an et demi ! Ce fut d’abord Daisy, le marsouin commun en mars 2016, puis en novembre 2016, Aurora et Qila, deux bélugas mères et filles, tuées l’une après l’autre à neuf jours d’intervalle du fait d’une substance toxique mystérieuse qui leur aurait été transmise par l’eau, la nourriture ou l’homme.
Jack, un autre marsouin commun, est mort pour sa part en août 2016.
Helen et Chester, les deux derniers cétacés de l’aquarium, sont restés ensemble pendant deux ans.
Après s’être pas mal bagarré – Helen est une vieille dame, Chester était un enfant – on les voit dans les vidéos qui ne s’éloignent jamais trop l’un de l’autre.
Helen, qui a environ 30 ans, a été amenée à l’aquarium en 2005.
On l’aurait, dit la légende, trouvée par hasard dans un filet de pêche au Japon plusieurs années auparavant. L’histoire ne dit pas si c’est à Taiji ou ailleurs qu’elle s’y est prise par mégarde, mais vous êtes priés de le croire.
Chester était encore un bébé quand il a été trouvé en 2014 sur une plage dans un état critique. Aucun des deux cétacés n’a été jugés réhabilitables, selon l’aquarium.
A présent qu’Helen se retrouve seule dans sa cellule aquatique, sans aucun dauphin pour dormir près d’elle, elle va devoir faire face à un avenir encore plus sombre que celui la plupart des dauphins en captivité. Nombreux sont ceux qui se demandent si l’aquarium est encore capable de la garder en bonne santé psychique dans de telles conditions.
Naomi Rose, cétologue à l’Animal Welfare Institute (AWI), pense que le défi le plus difficile pour Helen, ce sera de vivre sans la compagnie d’autres cétacés.
« Les dauphins à flancs blancs du Pacifique sont des cétacés éminemment grégaires. En mer, ils peuvent se déplacer par groupes de plusieurs centaines d’individus, voire de milliers » explique le Dr Rose. « Les dauphins sont les plus sociaux de tous les cétacés. Dès lors se retrouver complètement seule est sans aucun doute une épreuve psychologique très difficile pour elle. Or, un mal-être émotionnel peut avoir un impact physiologique très négatif, et c’est vrai pour tous les mammifères ».
Les responsables de l’aquarium nous assurent qu’ils ont multiplié le nombre d’interactions humaines et des d’activités d’enrichissement pour que Helen reste stimulée mentalement.
Mais le Dr Rose considère que ce n’est pas suffisant.
« Helen bénéficiera dans une certaine mesure de ces interactions avec ses gardes humains, mais suggérer que cela pourrait suffire pour assurer le bien-être émotionnel d’une espèce aussi profondément sociale est une attitude très égoïste. Les humains ne passent pas leur journée à tourner avec elle dans le bassin, ils sont laids et difformes selon les critères des cétacés et ceux-ci ne sont pas des animaux domestiques, élevés depuis des générations pour vivre avec nous. Nous ne nous comprenons pas assez bien les uns les autres pour que nos interactions avec eux puissent se substituer à celles de vrais dauphins. «
En mai dernier, les autorités de la ville – le Vancouver Park Board – a décidé d’une nouvelle mesure légale interdisant l’importation et l’exhibition de cétacés dans les parcs municipaux, y compris le parc Stanley où se trouve l’aquarium de Vancouver.
L’aquarium ne peut donc plus ajouter de nouveaux animaux dans ses bassins actuels. L’aquarium a bien sûr contesté cette interdiction devant la Cour suprême de Colombie-Britannique, demandant un contrôle judiciaire de cette mesure légale.
L’aquarium affirme en effet que cette interdiction l’empêchera désormais de sauver les cétacés échoués, arguant que son objectif premier est de réhabiliter ces animaux et de les rendre à l’océan.
A cela, on pourra répondre que nombreux sont les animaux sauvés par l’aquarium qui ne l’ont plus jamais quitté. L’aquarium les ajoute à sa collection de bêtes de show. Cette transition d’un monde ouvert à un monde clos est extrêmement traumatisante pour les cétacés sauvages, qui très souvent ne survivent pas au processus.
« La seule raison pour laquelle Hélène reste seule aujourd’hui, c’est à cause du fait que les cétacés rescapés survivent rarement lorsqu’on les retire de la plage et qu’on les soigne – vire qu’on les nourrit au biberon ! – dans un bassin quelque part », ajoute Naomi Rose.
Certaines personnes craignent que l’arrêt de cette interdiction n’ouvre la porte à des installations destinées à élever de plus en plus de cétacés captifs. Alors que l’Aquarium de Vancouver déclare ne plus participer à la reproduction, SeaWorld et l’Aquarium de Géorgie ont organisé en 2012 une tentative d’importation de 18 bélugas sauvages capturés en Russie. La Russie lancera un programme nord-américain d’élevage en captivité. Il a également envoyé plusieurs cétacés aux parcs SeaWorld comme « prêts d’élevage » (breedin loan).
Malheureusement, il n’existe aujourd’hui aucun sanctuaire fonctionnel spécifiquement destiéns aux cétacés ex-captifs.
Julie Woodyer, directrice de campagne de Zoocheck, pense qu’Helen irait mieux si au moins, on l’envoyait dans un delphinarium où elle pourrait vivre avec d’autres dauphins.
Bien que l’Aquarium de Vancouver ne l’abandonnera jamais volontairement, il pourrait bientôt exister un endroit où Helen pourrait jouir enfin d’une retraite méritée et paisible, parmi d’autres personnes de son espèce.
« Le mouvement est très fort pour soutenir l’idée du The Whale Sanctuary Project. Il s’agit de créer un vaste sanctuaire marin pour les anciens détenus, qui finiraient leur vie là où beaucoup sont nés, dans l’océan » précise Woodyer. « Là-bas, ils pourraient plonger profond, nager sur de longues distances et même communiquer avec des cétacés sauvages. Comme il n’existe encore aucune installation de ce type actuellement, comme il en existe pour les chimpanzés et les éléphants, Helen devrait être immédiatement déplacée dans une delphinarium qui lui permettrait de vivre avec sa propre espèce. Et aucun cétacé ne devra plus jamais franchir désormais le seuil du Vancouver Aquarium pour y être exhibé ! »
Comme les aquariums continuent à perdre leurs cétacés à cause de maladies et d’autres complications associées à la captivité, Naomi Rose, qui siège également au conseil du Whale Sanctuary Project, pense que beaucoup d’autres captifs connaîtront le même sort qu’Helen.
« Cette situation, où il ne reste plus qu’un seul dauphin dans une installation, se produira de plus en plus souvent, car l’exhibition payante de de cétacés captifs disparaît lentement de notre société comme une pratique démodée » a joute Rose.
« La situation spécifique d’Helen devrait être évaluée par des experts indépendants. Ensuite, des décisions objectives devraient être prises en vue de ses meilleurs intérêts – et non ceux de l’aquarium »
L’Aquarium de Vancouver n’a pas répondu à une demande de commentaire.
Article original
Lonely Aquarium Dolphin Just Lost Her Only Friend
Le dauphin solitaire du Vancouver Aquarium Dolphin vient de perdre son seul ami
Son compagnon de bassin était le cinquième cétacé à mourir cette année – maintenant elle est la dernière qui reste ?
Par Kristen Warfield
Publié le 5/12/2017
The Dodo
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