Delphinarium de Bruges : des selfies avec les dauphins ?
Au Delphinarium de Bruges, on aime faire des selfies avec les dauphins !
Le « biologiste marin » Jan Haelters confirme que le contact entre les dauphins et les humains n’est pas du tout nouveau dans le parc.
« Depuis des années, il y a des activités qui sont organisées durant lesquelles il y a contact entre l’homme et l’animal. C’est absolument sans danger. Les dauphins sont des animaux très sociables. Il existe des mesures d’hygiène qui prescrivent de se laver les mains très soigneusement avant d’entrer en contact avec les bêtes.
De plus, tout contact a lieu sous la supervision d’un soigneur et est limité dans le temps. Les parcs animaliers ne sont plus depuis longtemps des endroits où l’on exhibe les bêtes n’importe comment mais des lieux éducatifs avec une grande attention portée au bien-être animal. » (in DH 2/2/19)
Sans danger, vraiment ?
Dans un rapport qui fit scandale auprès de nos ministres, l’association Born Free dénonçait la non-conformité des zoos belges au regard des directives européennes, ainsi que l’absence flagrante d’aménagements permettant aux espèces de faire de l’exercice, de se reposer ou d’exprimer leur comportement normal.
Ce réquisitoire implacable englobait évidemment la situation au delphinarium de Bruges.
Celui-ci peut être à bon droit être décoré du titre de « pire delphinarium d’Europe ».
Il est en effet l’un des trois derniers delphinariums européens, avec celui de Duisburg et de celui de Kölmarden, à enfermer ses détenus sous cloche sans lagon extérieur. Plus remarquable encore, le delphinarium de Bruges n’a connu aucun aménagement structurel important depuis 1988 et il enferme 8 dauphins alors qu’il ne peut en posséder que 7.
Mais c’est au niveau de la sécurité que les choses s’aggravent encore.
En effet, Le rapport de Born Free rappelait aussi que « les visiteurs des zoos belges courent des risques à cause de contacts trop rapprochés – et illégaux selon la loi – avec les individus captifs ». L’enquête démontrait que le public pouvait facilement se trouver en contact direct avec les animaux dans 50 des 153 enclos sélectionnés au hasard, dont parfois des animaux « potentiellement dangereux ».
Parmi les 34 delphinariums européens, considérés comme des zoos et non des cirques, 19 d’entre eux seulement offrent aux visiteurs la possibilité de se rapprocher des cétacés, soit pour la prise de photographies-souvenirs, soit pour entrer dans l’eau avec eux soit encore dans le cadre de programmes de delphinothérapie. Le contact direct entre le public et les cétacés captifs met pourtant les deux parties en danger de maladie et de blessure.
C’est d’ailleurs pourquoi le Marineland y a renoncé récemment.
Dans ses publicités, le delphinarium de Bruges ne fait nullement mystère de ces pratiques, qui contreviennent pourtant à la loi belge sur les zoos.
L’Arrêté royal du 10 Août 1998 relatif à l’agrément des parcs zoologiques exige par exemple dans son article 3 «qu’ un contact direct entre le public et les animaux dangereux soit rendu impossible par des barrières maintenant une distance suffisante».
Pour illustrer son propos, le rapport publiait ainsi la photo d’une jeune femme aux côtés d’une otarie de Californie alors que les femelles de cette espèce pèsent en moyenne 110 kilos.
Mais il aurait pu aussi bien publier les photos qui suivent, prises par Myriam V.
Elles nous montrent la succession d’enfants qui se relaient devant un seul dauphin d’un certain âge, Puck ou Roxanne sans doute, tandis que le dresseur s’assure qu’elle reçoit son poisson.
Mais voilà. Tout à coup, plus de dresseurs ! Plus de poissons non plus !
Un garçonnet de 3 ans à peine reste tout seul face à l’imposant animal qui, de son côté, s’énerve de ne pas avoir à manger.
Images…

Les dauphins choisis pour les contacts sont des femelles ou des jeunes très dociles. Les mâles sont exclus, car trop dangereux et fantasques Photo MV

Les enfants défilent devant ce qui pourrait être Roxanne ou Indy ou toute autre delphine de confiance. Difficile de déterminer son identité sans connaître son aileron dorsal.

Le dauphin aussi est intéressé, mais il commence à avoir faim. Il attend son poisson. Où sont les autres, se demande le petit.

Furieuse d’être laissée sans nourriture pour sa peine, la delphine s’en va en claquant de la caudale. Le petit se met à hurler. On accourt pour le rassurer.
Rien de grave, donc !
Non, rien de grave. Sauf que c’est illégal.
Et qu’il y a déjà eu de nombreux accidents dans d’autres delphinariums.
Alors, à vous de choisir, la photo… ou le risque !
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