
Petit éléphant désespéré collé au cadavre de sa maman.
De la savane jusqu’au zoo : le voyage du petit éléphant
De la savane jusqu’au zoo, le voyage du petit éléphant n’a jamais pris fin. Plus que jamais, on capture les bébés éléphants pour les zoos chinois et nombre d’éléphants d’Afrique que nous voyons aujourd’hui derrière les grilles d’un zoo ou sur la piste d’un cirque, ont été capturés lors de ces « cullings » massifs où l’on tirait sur le troupeau depuis un hélicoptère.
En 1966, à une époque où la population d’éléphants se situait autour de 6.500 individus, le parc Krüger avait décidé de procéder à leur recensement annuel et d’en abaisser le nombre à 6.000.
Le « culling » fit donc partie de la politique officielle du parc de 1964 à 1994. Un moratoire fut imposé ensuite, au termes de débats houleux entre défenseurs des éléphants et chasseurs, qui réclament toujours aujourd’hui la reprise de ces massacres collectifs.
Des études ultérieures ont permis de révéler qu’une seule de ces opérations pouvaient marquer tout un troupeau à vie. Et à plus forte raison, les éléphanteaux que des hommes de main venaient collecter pour les zoos parmi les cadavres jonchant la savane, après l’interminable tuerie tombée du ciel.
Aujourd’hui, de tels prélèvements se font encore par l’intermédiaire des chasseurs de trophée ou lors d’abattages de régulation dans d’autres pays d’Afrique. Au Zimbabwé, par exemple, un grand nombre d’éléphanteaux orphelins ont été achetés par les zoos chinois.
Bon voyage, petit éléphant
Comme chez les dauphins, les relations entre la maman éléphant et son bébé sont d’une extrême intensité.
La naissance d’un petit éléphant est toujours accueillie par une véritable fête et le bambin fait l’objet de soins jaloux non seulement de la part de sa mère mais également de ses tantes, soeurs et grand-mères ! C’est le petit trésor de la famille, la fierté de tous.
Mais le petit éléphanteau a encore tout à apprendre de ses aînés. Livré à lui-même, il ne pourrait survivre et ne sait encore rien des secrets complexes de la savane.
Son éducation s’étendra sur de très longues années.
Jusqu’il y a peu, le Krüger Parc procéda chaque année à l’abattage systématique des éléments superflus, afin de réduire la sur-population.
Chaque année, donc, une équipe spécialisée part à la recherche des éléphants et en abat un bon nombre.
Ceux-ci prévoient souvent le massacre à l’avance, du fait de leur excellente mémoire et tentent de se cacher dans quelque vallée lointaine. Mais les réserves ne sont pas immenses et la tuerie a toujours lieu.
Ce bébé éléphant est terrifié. Il ne comprend plus rien.
Voici un instant, tout allait bien, sa famille l’entourait et voilà que tout à coup, tout le monde est mort !
Il pleure, il appelle, il ne veut pas quitter le corps sanglant de sa maman, mais personne n’est plus là pour lui venir en aide…
Mais les humains l’ont déjà repéré.
Il s’agit de récupérer cet éléphanteau. Des zoos et des cirques ont passé commande et celui-ci n’a pas l’air trop esquinté.
Allez hop ! On l’épargne et on le met de côté….
Où attacher ce bambin pour qu’il se tienne tranquille, si ce n’est au cadavre de sa propre mère ?
Le temps qu’on administre le coup de grâce aux derniers agonisants, qu’on prélève l’ivoire et la viande et que l’on commence à faire ses comptes : un éléphant vaut beaucoup d’argent !
Et voilà : bon voyage, petit éléphant !
On transporte le petit survivant vers sa nouvelle destination, soit une autre réserve où il ne connaît personne, soit un lieu de détention…
Celui-ci n’a pas eu beaucoup de chance.
Il fera le clown toute sa vie dans un cirque pluvieux, quelque part loin dans le Nord, à mille lieux de son monde, de ses parents et de ses amis….
Toutes ces photos sont extraites du livre Battle for Elephants écrit par Ian et Oria Douglas-Hamilton et publié chez Doubleday en 1992.
Captures des éléphants d’Asie
Echo, une matriarche chez les éléphants