2005
Pas de Chasse à l’arc en Wallonie !
20 octobre 2005
Grâce au travail intense de « lobbying politique » mené par plusieurs défenseurs des animaux, parmi lesquels Marie-Laurence Hamaide et notre infatiguable ami André Arcq, grâce aussi aux questions musclées du député Philippe Fontaine, le Ministre Lutgen a renoncé à une éventuelle autorisation de la chasse à l’arc en Wallonie !
Sa décision a été confirmée par Joëlle Milquet.
« Cher Monsieur,
Ces dernières semaines, vous avez été fort nombreux à m’interpeller au sujet de la question de la chasse à l’arc et son éventuelle introduction en Région wallonne. Vos réflexions ont retenu ma meilleure attention.
Il est exact que, dans le cadre de la rédaction d’un projet d’arrêté relatif à la chasse (visant notamment à interdire le plomb dans les zones humides aux fins d’éviter la pollution de l’eau), le Ministre Lutgen a mis à l’étude la question de la chasse à l’arc, pratiquée notamment en France et au Danemark.
Conscientisée par cette question, j’ai pu sereinement échanger avec le Ministre qui a parallèlement poursuivi diverses consultations sur le sujet. Nous sommes conjointement arrivés à la conclusion qu’il n’était ni opportun ni nécessaire de permettre l’apparition de ce mode de chasse en Région wallonne.
La chasse à l’arc n’est donc nullement autorisée en Région wallonne et le projet de l’introduire s’est révélé inopportun dès le stade des premières consultations.
En espérant vous avoir apport l’éclairage nécessaire et restant à votre disposition, je vous prie d’agréer, cher Monsieur, l’expression de ma meilleure considération.
Joëlle MILQUET
Cette volonté a été renouvelée par M. Benoît Lutgen dans une intervieuw à la RTBF.
Bravo à tous et à chacun, car il s’agit car là d’un pas important vers une véritable prise de conscience écologique pour notre petit pays.
La Nature sauvage n’est plus un jouet dont on use pour se faire plaisir, c’est désormais un trésor précieux qu’il importe de préserver. Cette réaction du Ministre montre aussi qu’en Belgique, le dialogue entre les citoyens ordinaires et le corps politique reste encore possible, dès lors qu’on y met toute l’énergie qu’il faut !
Lire ici les débats
et la réponse du Ministre concerné
25 octobre 2005
Un courrier du ministre Lutgen justifiant sa
décision de ne pas autoriser la chasse à l’arc
Lire ici le courrier du Ministre Lutgen
Ce message nous rappelle à juste titre les heureuses décisions que le Ministre de l’Agriculture et de la Ruralité a prises et qu’il prendra encore en faveur la protection de la Nature et de la biodiversité en Wallonie. Un bon point pour lui.
Mais il évoque aussi « les nombreuses recherches prouvant que la chasse à l’arc provoque une mort rapide ». Ah bon ? Nous aimerions connaître les sources de cette curieuse information et ses références bibliographiques.
Plus globalement, si le rôle de la chasse consistait réellement à remplacer les prédateurs absents, comme le prétend le
Ministre, pourquoi ne réintroduit-on pas dès lors en Wallonie l‘aigle, le lynx, la belette, la martre ou la fouine, plutôt que des chasseurs humains ?
A quand le grand retour du loup dans les forêts d’Ardenne, assorti le cas échéant d’une gestion scientifique et
rationnelle de la faune excédentaire par des agents de l’Etat assermentés que sont les garde-chasses ?
Depuis des millions d’années, les équilibres subtils entre chasseurs et chassés ont été régulés par la Nature elle-même, qui faisait cela tellement mieux que nous !
Faut-il vraiment qu’un acte aussi grave que la régulation de populations d’animaux sauvages, sensibles et conscients soit envisagée comme un loisir de luxe ou comme une tradition culturelle, et confiée de ce fait à tout quiconque peut s’offrir un permis de chasse et se payer un arme à feu (ou un arc) ?
La vie sur cette planète s’en va, comme le sang qui s’échappe d’une veine.
Sauvons-la de toutes nos forces.
N’en faisons pas un jeu ni une source de profit.
Lire aussi :
Rassemblement Anti-Chasse
Août 2005
A l’initiative de M. Benoît Lutgen, la Région Wallonne autorise
la chasse à l’arc
Ecrire à benoît Lutgen
Le CDH et la « gestion de la nature » en wallonie
Ecrire à la fédération des chasseurs à l’arc

Ceci doit être planté dans la chair palpitante d’un animal vivant…
- Philippe Fontaine (MR). – Pendant les vacances, vous avez manifesté l’intention d’autoriser la chasse à l’arc en Région wallonne au travers d’un projet d’Arrêté du Gouvernement wallon du 20 juillet 2005. II semble qu’à ce jour, les principales associations de chasseurs n’aient pas eu connaissance de ce projet et n’aient pas été préalablement consultées. Ce qui n’est pas le cas de certaines associations de protection animale qui elles semblent plutôt dénoncer cette initiative comme malheureuse. Le projet aurait évolué depuis lors.
Leur position consiste à dire qu’il est impossible de chasser proprement en utilisant ce type d’arme qui n’entraîne pas une mort instantanée mais une lente agonie de l’animal seulement gravement blessé. Elles inscrivent donc votre projet en complète opposition avec les plus élémentaires concepts de la protection des animaux et de leur bien-être.
Quand on en parle aux chasseurs, ceux-ci rétorquent que ce projet touche à peine 3 à 5 % des chasseurs et qu’il concerne de toute façon les 25 % des chasseurs au gros gibier. Ils disent aussi que ce type de chasse n’est pas à la portée de n’importe qui et demande une grande expérience des techniques d’approcher du gros gibier pour le tirer d’assez près afin de le tuer et pas de le blesser.
Les associations de chasseurs se demandent également quelles seront les conséquences en termes d’octroi de permis de chasse et s’il y aura du matériel autorisé, homologué. Je ne suis pas chasseur et je ne veux pas prendre position pour l’une ou l’autre partie.
Pourriez-vous me préciser les tenants et aboutissants de ce projet ? Avez-vous eu des contacts avec les associations de défense animale ? Puisqu’autorisé dans d’autres pays, avez-vous des éléments qui permettent d’évaluer la cruauté d’un tel mode de chasse ? Pouvez-vous me préciser ce que la chasse à l’arc représente en Région wallonne en termes d’effectif ?
- Benoît Lutgen, Ministre de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme. –
Effectivement, ce projet a été pensé durant la période de vacances.
- Philippe Fontaine (MR). – Cela ne nous empêche pas d’être attentifs.
- Benoît Lutgen, Ministre de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme. –
Nous avions reçu un avis favorable du Conseil supérieur de la Chasse à propos de ce projet. Il prévoyait notamment la possibilité d’achever un animal au couteau et l’emploi de l’arc pour la chasse. Ce projet d’arrêté a été envoyé au Conseil d’État et les articles concernant la chasse à l’arc ont été retirés.
Je suis un ancien chasseur et un défenseur de la nature. J’ai eu de nombreuses discussions avec tous les acteurs concernés. Différentes associations ont insisté sur l’aspect de contrôle social dans le monde de la chasse. En effet, les groupes de chasseurs exercent un contrôle les uns sur les autres. Ce
contrôle n’était pas rendu possible par la chasse à l’arc car il s’agit d’une chasse silencieuse. Par ailleurs, des environnementalistes ont jugé qu’il s’agissait d’une chasse respectueuse des animaux, qui demande tout un travail d’approche.
Cependant, les différentes études sont contradictoires en la matière. Certaines estiment qu’il n’y a pas plus de risques d’avoir des animaux blessés dans une chasse à l’arc que dans une chasse traditionnelle alors que d’autres pensent le contraire.
La chasse est un mal nécessaire qui est doit être respectueuse de la faune et de la flore. Il faut que les souffrances des animaux soient réduites le plus possible.
Étant donné que les études aboutissent à des conclusions contradictoires, j’ai décidé de retirer des articles concernant la chasse à l’arc dans le projet d’arrêté.
- Philippe Fontaine (MR). – Je savais que l’arrêté n’avait pas été transmis tel quel, mais quand j’ai déposé ma question, je ne savais pas encore que des modifications avaient eu lieu. J’en prends acte. Cela rassurera ceux qui avaient des craintes par rapport à la cruauté que pouvait engendrer ce type de chasse.