Capturée à Taiji, Lulu tuera-t-elle son second delphineau ?
Capturée à Taiji, Lulu a donné naissance à un enfant mâle le 17 mai 2018 à l’Aquarium de Port Nagoya.
Le delphineau a été conçu par insémination artificielle. Le Nagoya Aquarium tient ainsi ses promesses de ne plus capturer de dauphins sauvages à l’avenir et de développer un programme de reproduction au Japon, selon les vœux de la WAZA et de la JAZA.
Mais pourquoi choisir l’insémination, alors que tant de femelles et de mâles issus des chasses sanglantes à Taiji tournent en rond dans les bassins de l’Aquarium et qu’un accouplement normal aurait suffi ?
L’Aquarium de Port Nagoya explique :
« À l’Aquarium du port de Nagoya, Lulu (ou « Ruru »), une jeune femelle de 21 ans capturée à Taiji, nage dans le bassin avec son bébé, Heisei, né le jeudi 17 mai à 16h06. La taille du delphineau est de 1 mètres 20 et son poids, seulement de 18 kg.
A 23h39, la première tétée a été observée. Les deux dauphins ne seront exposés au public que lorsqu’ils auront repris leurs forces.
Tous les dresseurs souhaitent que le nouveau-né grandisse sans risques d’accidents ou de maladie, ainsi que tous ceux qui naîtront après lui. Cette naissance sera la troisième obtenue avec succès grâce à l’insémination artificielle au Japon, avec deux cas semblables au Kamogawa Seaworld de Chiba.
Acquérir des compétences en cette matière est important, quand on voit les réussites des recherches sur la reproduction des orchidées. En outre, il est difficile de capturer les dauphins dans le monde naturel, et nous continuerons donc nos efforts pour promouvoir la recherche sur les techniques d’insémination artificielle« .
La naissance de Moana obtenue par insémination articificielle a fait la gloire du Marineland d’Antibes avant de faire sa honte…
Dans ce domaine, le Marinland d’Antibes a été le pionnier en Europe, avec la naissance de l’orque mâle Moana des œuvres de la toute jeune Wikie. SeaWorld s’est même essayé à la manipulation génétique du sexe chez le dauphin.
Toutes ces recherches ont été justifiées par divers prétextes : sauver les dauphins blancs par clonage en Chine, ou éviter les transports traumatisants pour les dauphins reproducteur régulièrement déplacés. La vérité est sans doute plus triviale : le dauphin étant un produit de consommation courante déjà ancien, il serait bien nécessaire de le renouveler un peu. Pourquoi pas des dauphins mutants, au sourire accentué et aux grands yeux dilatés pour ressembler davantage à des personnages de Walt Disney, des dauphins roses ou bleus à l’agressivité réduite, à la docilité acquise génétiquement ?
On le fait bien pour les hérissons domestiques, très en vogue aux USA.
Comme le suggère l’article japonais, élever des dauphins, c’est comme produire des orchidées toujours plus belles et insolites.
Ce que l’Aquarium de Port Nagoya oublie cependant de rappeler, c’est qu’en 2016, Lulu avait tué son premier enfant.
Le 24 septembre, Lulu donnait naissance à son premier « veau ». Alors que les mamans dauphins sont connues pour être très attentionnées avec leurs jeunes, ce fut très différent ici. Au terme de quatre jours de vie, le bébé a été retrouvé mort au fond de l’eau, des morsures en râteau couvrant tout son corps.
Cette mise à mort constitue probablement une tentative désespérée de Lulu pour épargner à son enfant la vie horrible qu’elle subit jour après jour depuis sa capture. Il est difficile de dire avec certitude quelles étaient ses raisons, car l’infanticide chez les dauphins sauvages est incroyablement rare.
Mais la vie de Lulu n’est plus celle d’un dauphin sauvage.
Née aux alentours de 1997, Lulu a été capturée lors du massacre annuel des dauphins à Taiji, elle a vu tous les membres de sa famille poignardés, éviscérés, noyés dans les eaux rouges de sang. Dressée à la dure, elle a survécu à la Dolphin Base et fut remise aux mains de l’Aquarium de Nagoya le 10 avril 2001. Depuis, son existence n’a été faite que d’ordres, de coup de sifflet et de travail salarié par de la nourriture morte.
Les captures à Taiji sont les plus brutales et les plus cruelles au monde mais aucun parc marin japonais ne les condamne explicitement, car tous en vivent
L’infanticide en bassin n’a d’ailleurs rien d’un fantasme. Il a été attesté à plusieurs reprises et même directement filmé par des caméras de surveillance, comme ce fut le cas à l’Edmonton Mall lorsque Mavis tua son ultime bébé, avant de mourir elle-même.
À l’Aquarium du port de Nagoya, Lulu (ou « Ruru »), une jeune femelle de 21 ans capturée à Taiji, accouche de son second bébé, Heisei, né le jeudi 17 mai à 16h06.
Les cétacés détenus au Port Nagoya Aquarium
Le Nagoya aquarium possède 26 cétacés captifs, à savoir :
12 dauphins Tursiops, tous capturés à Taiji, dont Lulu, la delphine cobaye.
3 dauphins à flanc blanc du pacifique normalement destinés à vivre en haute mer
6 bélugas capturés en Russie
3 orques
Stella, une femelle capturée en octobre 1987 près de Seyðisfjörður, Islande.
Son compagnon Bingo est mort. Il était notamment le père de sa fille Ran, qui lui fut arrachée à sa famille pour être envoyée au Kamogawa Sea World (07-Dec-2015) à l’âge de 5 ans.
Earth, un jeune mâle né captif le 13 octobre 2008 au Kamogawa Sea World
Lynn, la fille de Stella et de Bigo, née en 2013
Parviendra-t-on à créer génétiquement des dauphins encore plus « mignons » ? C’est le défi que semblent se donner les delphinariums japonais
Source : Ceta Base
Le premier dauphin japonais né de l’insémination artificielle
Une orque libre visite le delphinarium de Nagoya