Bien-être et dauphins captifs : première étude scientifique

Les orques au Marineland d’Antibes

Bien-être et dauphins captifs : première étude scientifique !

 Applying welfare science to bottlenose dolphins (Tursiops truncatus)
Can We Assess Marine Mammal Welfare in Captivity and in the Wild?

L’arrêté ministériel réglementant les delphinariums en France et mettant fin à la reproduction des cétacés suscite, comme on le sait, quelques remous dans le milieu professionnel concerné.
Et de hurler à la maltraitance parce que les dauphins seront placés sous contraceptifs, comme ils l’ont pourtant si souvent été au gré des programmes de reproduction ! Et de sangloter sur le sort de ces malheureux dauphins, privés à tout jamais du bonheur d’enfanter un esclave, ou un bébé de l’inceste, lequel leur aurait été retiré de toutes façons quelques années plus tard.  Bref, «une situation cruelle et inhumaine pour les animaux sous la responsabilité des soigneurs», qui s’indignent et pétitionnent tous parcs confondus.
Mais sur quelle base scientifique se fondent-ils pour affirmer tout cela, eux qui affirmait encore l’an dernier que personne ne savait si un dauphin était heureux ?
A vrai dire, sur aucune.

Dauphin atteint d’une maladie de peau au Marineland d’Antibes : les maladies dues à la captivité sont toutes bien connues, sinon bien soignées.


Aucune recherche scientifique ne s’est encore réellement attachée à définir la notion de bien-être chez le dauphin captif.
Aucune. Il existe quantité de recherches à propos de la gestion des dauphins captifs, des soins à leur donner, y compris psychiatriques, de leur reproduction, mais rien sur leur bien-être, à part le relevé de taux de cortisol dans le sang. On peut s’en étonner, car tout de même, les delphinariums ne datent pas d’hier !

Heureusement, par hasard ou nécessité, voici que trois scientifiques de renom s’attachent à combler ce vide, dans une première étude publiée en date du 1 mai 2017, intitulée « Applying welfare science to bottlenose dolphins ».
Et c’est cette étude elle-même qui nous annonce qu’elle est la première de son genre !

«La science du bien-être des animaux est un domaine en plein essor, mais la recherche sur les cétacés (baleines, dauphins et marsouins) manque » annonce d’emblée l’abstract.
« Les grands dauphins de l’Atlantique (Tursiops truncatus) sont les cétacés les plus connus et les plus étudiés, en particulier en captivité, et ils sont donc utilisés dans cette étude comme modèle pour d’autres espèces de cétacés.
Malgré l’intérêt public et le besoin de telles recherches, les études qui étudient spécifiquement le bien-être des dauphins font défaut.
Cette recherche se fonde sur les trois grandes catégories de comportement, de santé et de connaissance, pour discuter de la façon dont le bien-être des dauphins a été évalué jusqu’à présent et pourrait être évalué à l’avenir. Nous présentons des indicateurs de bien-être validés dans d’autres espèces qui pourraient être appliquées aux dauphins, y compris des mesures novatrices, telles que l’évaluation cognitive des émotions. Nous fournissons un résumé des recommandations pratiques pour la validation des indicateurs du bien-être des dauphins Tursiops. Cet article vise à stimuler la poursuite de la recherche sur le bien-être des dauphins qui pourrait améliorer la vie des animaux eux-mêmes et finalement à soutenir les décisions réglementaires. Nous recommandons d’unir l’expertise en cétologie et en science du bien-être afin de développer une approche holistique de l’évaluation du bien-être des dauphins».

« Des mesures novatrices, telles que l’évaluation cognitive des émotions »pour « soutenir les décisions réglementaires »….
Ah zut ! Voilà qui arrive un peu tard, hélas et c’est fort dommage. Le travail doit certainement être de qualité, car ses auteurs sont loin d’être des inconnus.

Fabienne Delfour est une figure incontournable de l’industrie de l’esclavagisme cétacéen.
Diplômée en Biologie du Comportement et Neurosciences Cognitives (DEA, univ. Toulouse III), en Recherche Clinique en Psychomotricité (univ. Paris VI), elle est également Dr ès Ethologie Cognitive, qualifiée aux fonctions de Maître de conférence en Neurosciences et en Biologie des Populations. D’abord dresseuse de chiens, elle est aussi considérée comme une spécialiste de l’enrichissment environnemental des dauphins captifs. C’est à ce titre qu’elle a assisté aux peu fructueuses discussions sur le bien-être des dauphins de Bruges de 2011 à 2014.

Niels van Elk est pour sa part biologiste marin.
Il opère principalement comme vétérinaire au Dolfinarium de Harderwijk et tient le rôle central de coordinateur du Programme de Reproduction EEP du dauphin Tursiops en Europe.  Autrement dit, il supervise le cheptel global des cétacés captifs en Europe.
Niels van Elk est aussi l’un des principaux responsables du triste sort de l’orque Morgan et l’on peut s’étonner qu’il commence seulement à se soucier du bien-être des dauphins captifs, alors qu’il s’en occupe depuis 1998.

Isabella Clegg enfin, est une petite doctorante qui s’est déjà illustrée dans diverses recherches en milieu carcéral.
L’une d’elle, qui eut l’honneur de la presse anglophone, nous explique par exemple que les dauphins adorent faire des shows, car le fait de sauter de manière synchrone les rendraient optimistes.

Antibes

Bref, on peut être sûr au moins d’une chose : c’est que pour ses auteurs, le bonheur est dans le delphinarium, sinon tout de suite,  du moins bientôt ! Quelque chose nous dit aussi qu’ils risquent peu de définir la captivité comme un facteur irrémédiable du mal-être chez les dauphins.


Lire aussi cet autre  sommet de verbiage contourné pour justifier l’injustifiable publié en mars 2018 
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