
La chasse à la baleine est une tradition ancienne en rupture complète avec les réalités écologiques modernes, tout comme la chasse à l’ortolan ou au grand tétra en France.
Des baleines bientôt piégées dans la baie de Taiji ?
Des baleines bientôt piégées dans la baie de Taiji ? Ce sera possible dès cet été.
Car tandis que les grandes compagnies de chasse baleinière au Japon restent sceptiques quant à l’avenir de leur métier, le maire de Taiji, lui n’a pas assez de mots pour remercier le premier ministre Shinzo Abe d’avoir claqué la porte de la Commission Baleinière internationale.
Normal : tous deux sont issus du même vivier politique ultra-nationaliste mais surtout de la même région côtière, traditionnellement dévolue à ces pêches criminelles.
Le gouvernement japonais a donc décidé de se retirer de la Commission baleinière internationale (CBI) en juin 2019 et de reprendre la chasse commerciale à la baleine au large du Japon dès le mois suivant, au terme d’un moratoire d’environ 30 ans.
Les entreprises du secteur de la pêche ne se montrent pourtant guère enthousiastes quant aux perspectives offertes par cette décision du gouvernement de Shinzo Abe. Les critiques internationales et le manque d’intérêt des consommateurs pour ce type de viande explique leur attitude.
« Nous ne prévoyons pas de reprendre nos activités de chasse à la baleine », a déclaré un responsable des relations publiques du Maruha Nichiro Corp., anciennement Taiyo Gyogyo K.K., qui allait chasser la baleine dans l’océan Antarctique.
« Avec la faible demande de viande de baleine, il sera difficile de poursuivre de telles pratiques, a ajouté le responsable.
Un responsable des relations publiques de Nippon Suisan Kaisha Ltd. a également manifesté peu d’intérêt pour cette reprise, en déclarant: « Nous n’avons pas l’intention de reprendre la chasse à la baleine à des fins commerciales. »
Kyodo Senpaku Co., la seule société à avoir annoncé son intention de pratiquer la chasse baleinière commerciale en haute mer, mène actuellement des recherches sur les cétacés disponibles avec le soutien du gouvernement.
Les grands détaillants, quant à eux, sont de plus en plus prudents face à la vente de viande de baleine. Ils craignent la tendance croissante de l’opinion publique en faveur de la protection de l’environnement ainsi que les réactions négatives de la communauté internationale.
Bien que l’exploitant de la chaîne de supermarchés Aeon Co. vende encore de la viande de baleine dans certains de ses points de vente, il n’envisage pas de renforcer la promotion de ce produit.
« Nous ne pensons pas qu’il y aura une demande dans tous nos points de vente. Nous n’avons donc pas l’intention d’augmenter la production de viande de baleine ni de réaliser des promotions spéciales » a précisé un responsable.
En 2014, la Cour internationale de justice avait ordonné au Japon de suspendre ses recherches sur la chasse à la baleine. À l’époque, Rakuten Inc., un important détaillant en ligne, a retiré la viande de baleine de ses offres commerciales.
Malgré la réaction globalement tiède à ce changement de politique, le maire de la ville de Taiji, centre historique de la chasse à la baleine, s’est chaudement félicité de la sortie du Japon de la CBI.
« Du fond du cœur, nous voulons exprimer ici toute notre gratitude pour la décision du gouvernement », a déclaré Kazutaka Sangen, maire de Taiji dans la préfecture de Wakayama.
Kazutaka Sangen a fait cette remarque à Tokyo, après avoir assisté à une réunion organisé par un groupe d’avocats du Parti Démocrate Libéral à propos de la chasse baleinière.
« Nous accordons une grande importance à cette décision, car elle a été prise pour protéger la vie des gens impliquées dans l’industrie de la pêche. Nous allons mener une « chasse locale », une « chasse côtière » plutôt qu’une chasse à la baleine à des fins commerciales« .
Hajime Ishikawa est le propriétaire d’un restaurant à Tokyo spécialisé dans les plats à base de viande de baleine. Selon lui, et bien qu’il soutienne également le changement de politique, le gouvernement aurait dû prendre la décision après s’être préparé suffisamment pour répondre à la question: « Pourquoi le Japon continuera-t-il à chasser les baleines ? »
Ishikawa, âgé de 39 ans, a ouvert Himitsukujira il y a environ quatre ans après avoir mangé une baleine à bec de Baird chassée dans la préfecture de Chiba et l’avoir trouvée délicieuse. Il sert de la viande de baleines tuée dans les eaux du Japon.
Selon les statistiques de l’Agence de la pêche, environ 3.000 tonnes de viande de baleine congelée restent actuellement stockées au Japon, ce qui correspond à peu près à la consommation annuelle du pays.
« De nombreux Japonais ne pensent pas qu’il soit nécessaire ni même souhaitable de chasser les baleines et de manger de la viande », a regretté le restaurateur. « Si les gens accordaient une plus grande valeur à la viande de baleine en tant que nourriture, la décision du gouvernement de se retirer de la CBI serait plus compréhensible. ”
On se souvient qu’environ 233.000 tonnes de cette viande avaient été consommées en 1962, du temps qu’il s’agissait encore d’une source importante de protéines. Ces dernières années, en revanche, la consommation annuelle a varié entre 3 000 et 5 000 tonnes par an. Cette diminution est principalement due au passage de la chasse commerciale à la chasse pseudo-scientifique menée par le Japon depuis son adhésion à la Commission baleinière internationale. Le moratoire de la CBI a été adopté en 1982 et le Japon a mis fin à la chasse baleinière à des fins strictement commerciales en 1988.
Celle-ci, qui devrait reprendre en juillet 2019, comportera deux piliers.
Le premier pilier sera constitué par la chasse en haute mer avec une base à Shimonoseki, dans la préfecture de Yamaguchi.
L’autre sera la chasse côtière, avec des bases à Abashiri et Kushiro à Hokkaido, à Hachinohe dans la préfecture d’Aomori, à Ishinomaki dans la préfecture de Miyagi, à Minami-Boso dans la préfecture de Chiba et enfin à Taiji, dans la préfecture de Wakayama.
D’après un article du magazine Asahi

Dépeçage d’une baleine à bec de Baird à Wada. Photo Isanatori
Au Japon, non seulement les baleines à bosse, les baleines de Minke et les cachalots, mais aussi d’autres espèces en voie de disparition comme la baleine à bec de Baird, la baleine grise, la baleine franche du Pacifique et le rorqual commun ont déjà été la cible de captures illégales, menées en utilisant des harpons destinés au dauphin ou en poussant les cétacés dans des filets.
Des rapports étaient ensuite déposés auprès des organes administratifs ou des instituts de recherche, où les pêcheurs déclaraient qu’ils pêcheurs avaient fait de leur mieux pour sauver ces baleines des filets.
La viande de ces espèces protégées au niveau international peuvent également être trouvés sur les marchés encore aujourd’hui.
Il a également été révélé que dans un cas au moins, des baleines à bosse ont été illégalement massacrées dans des zones de pêche de pays étrangers opposés à cette chasse, comme le Mexique ou l’Afrique du Sud. Le Japon a par ailleurs poursuivi officiellement la chasse d’espèces très menacées telles que la baleine noire du Pacifique Nord jusqu’en 1994. Par la suite, d’autres prises de ce genre ont sans doute été réalisées, mais avec plus de discrétion.
Verra-t-on bientôt des baleines à bosse ou des cachalots rabattus dans la baie sanglante à Taiji ?
En tous cas, rien ne s’y oppose tant que le Japon sera gouverné par un criminel écologique tel que Shinzo Abe.