Baby boom chez les dauphins libres en baie de Sarasota

Les bébés dauphins, encore maladroits, sortent toute leur tête hors de l’eau quand ils respirent.

Baby boom chez les dauphins libres en baie de Sarasota

Au cours de la saison de vêlage de 2017, 19 naissances ont été documentées par le Sarasota Dolphin Research Program, l’étude la plus longue jamais menée sur une même population de dauphins sauvages.
Ces 19 heureux delphineaux ont rejoint les rangs des dauphins Tursiops qui résident dans la baie de Sarasota tout au long de l’année, depuis plus de 5 générations.  Et qui, semble-t-il, se portent bien : Nicklo, la vieille matriarche, fêtera ses 68 ans au mois de juin prochain ! 

Baby boom chez les dauphins libres en baie de Sarasota

Une équipe de la chaîne News Channel 8 s’est embarquée avec des scientifiques sur un bateau dans la baie de Sarasota, afin de participer au Dolphin Research Program de la Chicago Zoological Society, en collaboration avec le Mote Marine Laboratory.

C’est une belle journée, mais ce n’est pas nécessairement une journée idéale.
Il y a du vent et l’eau n’est pas très claire. « Je pense que c’est juste ici », décide le directeur du programme, le Dr Randy Wells.
Les scientifiques gardent les yeux rivés sur la surface de l’eau. L’un utilise même des jumelles pour scruter les vagues. Soudain, nous en repérons un ! Un dauphin !

Le cétacé bondit hors de l’eau, avant d’y replonger une seconde plus tard.
C’était tout ce dont les chercheurs avaient besoin. Il s’agissait de F-247 !
« Une jeune femelle âgée de 6 ans », nous explique l’un des scientifiques à bord. Ceux-ci se livrent régulièrement à ce genre de recherches pour suivre au plus près la population locale de dauphins.
« A partir des petites entailles et cicatrices sur la nageoire dorsale, nous pouvons identifier chaque individu. C’est un peu comme une empreinte digitale pour les humains »,  poursuit le directeur du laboratoire, Jason Allen.
Et pour tous ces chercheurs, c’est aussi le moment de retrouver de vieux amis.
«Vous apprenez à bien les connaître et vous vous souciez beaucoup d’eux, surtout quand vous voyez les drames qu’ils doivent affronter dans leur vie». 

Ces dauphins et leurs familles ont été observés dans les mêmes secteurs de la côte depuis 1970.
Au fil de ces observations continues, un répertoire de tous les dauphins présent dans le secteur, de leurs parents et de leurs grands-parents a pu être établi, de sorte que les chercheurs peuvent facilement les distinguer et les nommer quand ils les voient.
La plupart portent de simples désignations numériques, mais certains reçoivent des noms tel que « Beggar » ou « Pup ».
« Nous donnons des noms à tout le monde, d’une façon ou d’une autre. Mais parfois, le patronyme choisi n’est pas très malin » reconnaît le Dr Wells.

Beggar, « le mendiant », a été retrouvé mort sous un pont de Sarasota. Trop fréquenter les humains n’est pas prudent pour un dauphin

Une communauté de 170 dauphins résident actuellement dans la baie de Sarasota et ses alentours. Ce sont ces dauphins et leurs descendants qui ont permis aux scientifiques du monde entier de comprendre comment fonctionnaient les sociétés de dauphins.
« Ils demeurent ici toute l’année, année après année, décennie après décennie, génération après génération. Ils se sont familiarisés avec les ressources locales, suffisantes pour les nourrir mais aussi avec la structure sociale particulière au sein de laquelle ils ont grandi » continue le chercheur.

La population se porte bien, elle est même en croissance. Au cours des dernières années, les scientifiques ont observé un véritable baby-boom. Pas moins de 21 nouveaux bébés sont nés l’année dernière dans la baie, ce qui représente presque le double de la moyenne.
19 d’entre eux ont survécu. « Depuis toutes les années où je travaille ici, jamais je n’ai vu autant de naissances en même temps », s’étonne le Dr Wells.

Les delphineaux sont faciles à repérer. «Quand ils naissent, ils sont un peu maladroits. Ils sortent encore toute la tête hors de l’eau pour respirer et ils ne nagent pas très bien, c’est pourquoi il est important de leur laisser de l’espace et de ne pas les approcher», explique le Dr Allen.

Durant la dernière décennie, ces dauphins ont connu des épisodes de froid mortel et de dangereuses marées rouges, qui ont gravement affecté la population. Ce renouveau des naissances constitue donc un excellent signe pour tous ceux qui apprécient cette baie, hommes et dauphins.

Ginger et son enfant. Ginger a été sauvée de l’échouage à trois ans puis remise en mer un fois soignée. Sa réhabilitation est manifestement une réussite.

« Les dauphins de la baie de Sarasota sont en effet de très bons indicateurs de la santé de l’écosystème » explique Randy Wells. Les dauphins sont comme le thermomètre pour la santé des eaux. S’ils commencent à souffrir, c’est que leur environnement est en grande difficulté. Les dauphins sont des mammifères comme nous. Redoutables prédateurs, ils se tiennent au sommet de la chaîne alimentaire. Ils respirent le même air que nous, ils nagent dans les mêmes eaux, ils mangent le même poisson que celui que nous pêchons, simplement, ils font tout cela un peu plus que nous».

Et justement, un tel baby boom montre que le poisson redevient abondant. Les eaux sont sûres mais aussi, les gens interagissent moins avec les cétacés. «C’est vraiment ça l’étalon-or», continue le Dr Wells: «S’il y a des polluants dans l’eau, cela commence par affecter les animaux de façon très négative, ce que nous pourrons détecter grâce aux évaluations constantes de leur santé que nous menons, en plus de la surveillance de la population globale ».

En 2010, par exemple, une terrible marée noire est survenue dans la région. Encore aujourd’hui, huit ans, plus tard, les dauphins dans le nord du golfe du Mexique connaissent encore de graves problèmes de santé et des déclins de naissances à cause de ces déversements de pétrole. Leur santé a pu être comparée à celle des dauphins de Sarasota, heureusement préservés de la catastrophe.

La catastrophe de 2010

Une surveillance constante de cette petite population a permis de mieux comprendre les structures sociales chez les dauphins résidents. L’US Navy et les delphinariums s’y sont beaucoup intéressés

Les dauphins sont plus que de sympathiques animaux. Nous avons la responsabilité de prendre soin d’eux.
«Ils sont nos voisins et ils sont ici depuis plus longtemps que la plupart d’entre nous», déclare le Dr Wells.
« Les dauphins et nous, on est tous dans le même bateau ! Si ces dauphins en venaient à ne plus pouvoir survivre ici, ce n’est pas quelque chose dont nous profiterions et ce n’est peut-être pas quelque chose auquel nous pourrons survivre très longtemps non plus ».

Les scientifiques disent que nous devons faire notre part pour aider ces dauphins à prospérer. Dès lors, il est essentiel que vous ne jetiez pas de déchets dans l’eau et, surtout, que vous ne nourrissiez pas les dauphins. Cela les rend dépendants des humains, et ils peuvent attraper nos maladies ou se blesser dans les hélices de nos bateaux.

Traduit de l’article  de John Rogers 
Dolphin Baby Boom


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