Les dents de l’orque Wikie au Marineland d’Antibes. On y distingue nettement les trous forés à vif par une fraiseuse, pour empêcher les abcès mais qu’il faut régulièrement nettoyer avec une sorte de waterpik. Le menton de Wikie est également meurtri.
Les orques du Marineland d’Antibes mâchent du béton, et c’est pourquoi elles ont les dents détruites.
Ce n’est nullement le cas de toutes les orques dans le monde, comme ose l’affirmer Pascal Picot dans une interview à Paris-Match, mais bien le triste résultat d’un comportement stéréoptypique qui trahit un désespoir profond chez les orques captives.
Des morceaux de béton au fond du bassin
John Hargrove raconte comment les orques de SeaWorld détachaient avec une sorte de frénésie obsessionnelle, des pans entiers de peinture aux murs de leurs bassins nus.
Elles s’ennuyaient à ce point qu’elles pouvaient passer des heures à râper les parois avec leur dents, au point de s’en faire saigner le menton.
Il en va de même pour les dauphins d’Antibes, qui picorent des morceaux de plastique au revêtement de leur lagon, détachent savamment les jointures en caoutchouc des vitres, sans s’abîmer les dents mais en s’empoisonnant. Pour les orques, le choix des dérivatifs est plus vaste, puisqu’ils disposeraient de gros morceaux de béton au fond du « grand » bassin.
C’est qu’entre deux spectacles ou deux séances de dressage, ces prisonniers n’ont strictement rien à faire et que tout est bon pour distraire leur ennui.
A Antibes, le fond du bassin principal est malheureusement fissuré.
De ce fait, les orques jouent avec les morceaux de béton qu’elles peuvent arracher du sol avec les dents et les mâchonner à loisir.
Ces fissures n’ont toujours été réparées, car il faudrait pour cela vider tout le bassin, ce qui est impossible. Les spectacles devraient être arrêtés pendant des mois, les orques relogées quelque part et perdre au final beaucoup d’argent.
Il faut pourtant savoir que ce bassin a été construit sur la nappe phréatique du Parc de Vaugrenier, qui se trouve juste derrière le Marineland et possède un étang.
L’état de celui-ci s’est d’ailleurs bien dégradé depuis la construction du grand bassin des orques.
Par un jeu de vases communicants, l’eau de mer chlorée de Marineland remonte dans celle de l’étang, en y provoquant les lents dégâts qu’on imagine.
A l’inverse, les eaux de l’étang colore parfois le bassin des orques d’une brume boueuse épaisse. La filtration est très lente au Marineland d’Antibes, par rapport à celle de SeaWorld.
Lors de la construction du bassin, le béton n’a pas eu le temps de sécher.
Il fallait absolument accélérer les travaux pour réduire les budgets, mais lorsque les flots commencèrent à remplir le bocal géant, le béton encore humide a cédé sous leurs poids.
L’eau de la nappe phréatique mêlée l’a soulevé par-dessous et c’est ainsi que des morceaux de béton continuent à se détacher régulièrement du sol, détruisant peu à peu la denture de nos orques.
Les orques d’Antibes n’ont évidemment pas l’exclusivité d’avoir les dents pourries; C’est le cas de toutes les orques de SeaWorld.
Références
Tooth damage in captive orcas (Orcinus orca)
John Jett, Ingrid N.Visser, JeffreyVentre, JordanWaltz & Carolina Loche
The Hidden Cost Of Captivity- Oral Health of Killer Whales Exposed
Damaged Teeth a Consequence of Captivity for Orcas
Plus l’ennui est profond, plus les dents se dégradent. Ici, Kiska au Marineland du Canada
Le « grand » bassin du Marineland d’Antibes
«Sa construction fut une entreprise titanesque.
En basculant de millénaire en l’année 2000, Marineland a effectué un bond en avant en réalisant le plus gros pari jamais pris par le parc, ni aucun autre parc européen : créer un complexe marin gigantesque pour la famille d’orques qui ne cessait de s’agrandir. Réalisé en 11 mois, ce chantier hors du commun a eu raison de nombreux défis technologiques.
Le bassin (divisé en 5 lieux de vie)
44 millions de litres d’eau de mer, le bassin principal a 11 mètres de profondeur, un peu moins dans les quatre autres bassins.
Outre le bassin de spectacle, l’espace de vie des orques est constitué d’un lagon, de deux bassins de maintien et d’un bassin hôpital.
Les armatures en inox des vitres sont créées à partir des mêmes composés que ceux de la Tour Eiffel, par la société du même nom.
Les vitres sont du méthacrylate* (de la famille des plastiques) bombé des deux côtés, de 17 cm d’épaisseur, de 4.60 mètres de haut et de 64 mètres de long, fabriquées spécialement aux USA.
Les gradins peuvent contenir de 3600 à 4000 personnes. La toiture est composée d’une structure analogue à celle du Stade de France.
Remplissage et filtration
Il faut 7 jours pour remplir le nouveau bassin avec le système de pompage actuel.
La station d’épuration est équivalente à celle de la ville de Nice, soit un débit de 9000m3/heure ».