Au Japon, les dauphins sont toujours des poissons

Alors que la primatologie japonaise fait figure de modèle dans le monde entier, l’étude cognitive et sociale du dauphin semble avoir été frappée d’interdit dans cet archipel férocement baleinier

Au Japon, les dauphins sont toujours des poissons

Au Japon, les dauphins sont toujours des poissons.
C’est dans la brèche de cet anachronisme de la loi sur les pêcheries que des activistes s’engouffrent pour traîner en justice les inacceptables chasses sanglantes à Taiji.   

Même au Japon, on mettrait fin à ces méthodes s’il s’agissait de vaches ou de porcs

Extrait du texte de Peter Singer

« Pourquoi la législation japonaise sur le bien-être des animaux ne met-elle pas un terme à la souffrance exceptionnelle des dauphins ?
Même au Japon, on mettrait fin immédiatement à de telles méthodes, s’il s’agissait de vaches ou de porcs.
Action for Dolphins et Life Investigation Agency vont arguer que la loi japonaise a classé à tort les dauphins parmi les poissons, plutôt que de leur appliquer le niveau de protection plus élevé que cette même loi accorde aux mammifères.

Il est compréhensible que bien avant l’élaboration de la taxonomie scientifique, les cétacés aient pu être classés parmi les poissons plutôt qu’avec les mammifères. Nous en savons plus, désormais, et les plaignants exhorteront le tribunal à adopter la vision scientifique moderne selon laquelle les dauphins sont des mammifères et à statuer en conséquence que l’exigence législative de minimiser la souffrance des mammifères s’applique pleinement dans leur cas.
Si la législation japonaise sur le bien-être des animaux reconnaît enfin que les dauphins méritent d’être protégés, il faudra mettre fin à l’horreur du type de chasse actuellement pratiqué à Taiji.

Ce serait une avancée significative pour les dauphins au Japon, mais cela ne devrait pas mettre fin à notre préoccupation concernant l’assassinat des dauphins.
Ces animaux intelligents et conscients d’eux-mêmes vivent dans des groupes sociaux aux relations personnelles complexes. Ils ont un intérêt personnel à continuer à vivre. Si nous n’avons pas besoin de les tuer pour notre survie, ne devrions-nous pas ne plus les tuer du tout ?

Extrait du texte de Peter Singer

Photo Action for Dolphins

Des activistes japonais traînent la chasse à Taiji devant la justice

13 février 2019

Les défenseurs des droits des animaux ont lancé un recours judiciaire sans précédent contre le massacre de dauphins au Japon. Ils affirment que les pêcheurs violent régulièrement les lois sur le bien-être des animaux et dépassaient les quotas fixés par le gouvernement.

Action for Dolphins, basée à Londres et l’ONG japonaise Life Investigation Agency ont annoncé mercredi qu’ils espéraient mettre un terme à la chasse annuelle aux dauphins à Taiji, une ville baleinière sur la côte japonaise du Pacifique.
« Il s’agit là de la première action en justice contre la chasse de Taiji. Les dauphins sont toujours considérés à tort comme des »poissons » par de nombreuses personnes au Japon, de sorte que les lois nationales protégeant les mammifères des actes de cruauté ne leur sont pas appliquées » a déclaré Sarah Lucas, directrice générale d’Action for Dolphins.
La plainte, déposée devant le tribunal de district de Wakayama, « rappelle que les dauphins sont des mammifères marins en termes de biologie et que la cruauté qui leur est infligée à Taiji est illégale au regard de la législation japonaise« .

Yoshinobu Nisaka. Photo Foreign Press Center


Yoshinobu Nisaka, gouverneur de la préfecture de Wakayama, où se trouve Taiji, aurait par ailleurs abusé de son pouvoir en délivrant des permis aux pêcheurs qui enfreignent notoirement les lois japonaises sur le bien-être des animaux et sur leurs quotas de capture.
On ignore si ces accusations seront rejetées, mais d’ores et déjà, un responsable du la préfecture citée a refusé de les commenter lorsque The Guardian a pris contact avec lui, affirmant qu’il n’était pas au courant de ce procès.

Si la plainte était actée et reconnue comme fondée, ces permis seraient déclarés nuls et la chasse aux dauphins à Taiji devra s’arrêter net.
« Il ne s’agit ici pas de lancer des critiques morales à propos du Japon, mais de simplement de respecter les lois du pays », a déclaré Angie Plummer, la porte-parole d’Action for Dolphins. « Nous essayons de dépolitiser le débat. »

Pour sa part, Sarah Lucas insiste sur le fait que l’argument des pêcheurs de Taiji selon lequel les dauphins seraient été tués humainement en utilisant de nouvelles méthodes d’abattage, est évidemment faux.
« La méthode utilisée pour tuer les dauphins pendant la chasse est exceptionnellement cruelle », explique celle qui s’est vu dédommagée de 110 000 yens par un tribunal japonais il y a trois ans, pour avoir été empêchée d’entrer au Taiji Whale Museum afin d’y vérifier l’état de santé d’un jeune dauphin albinos.
« Les pêcheurs repoussent les dauphins vers la baie de Taiji en heurtant des tuyaux métalliques plongés dans l’eau pour les faire fuir.
Pris de panique, nombre d’entre eux se trouvent piégés dans des filets et se noient.
D’autres se jettent avec la violence du désespoir contre des rochers et s’y vident de leur sang. Enfin, ceux qu’on choisit pour la boucherie sont achevés sous une bâche par les pêcheurs. Une sorte de tournevis droit est plongé à plusieurs reprises dans la nuque du dauphin? puis la plaie ouverte est fermée par un bouchon en bois pour éviter que la baie ne devienne rouge.
Paralysés, suffocants, les dauphins ainsi traités mettent parfois plusieurs minutes à se noyer dans leur propre sang qui remplit leurs poumons ».

Photo Life Investigation Agency

Les requérants en justice affirment aussi que les pêcheurs de Taiji bafouent régulièrement les quota de capture fixés par le gouvernement. Ainsi, plus de 400 petits cétacés ont été capturés au-delà des limites autorisées au cours des cinq dernières années.
Selon la définition juridique japonaise, les quotas devraient inclure non seulement les dauphins tués délibérément ou vendus à des aquariums, mais également ceux capturés et relâchés – parfois après plusieurs jours – et qui meurent ensuite pour des raisons collatérales dues à leurs blessures ou à leur trop jeune âge.
« La chasse excessive irresponsable de centaines de dauphins a contribué à la quasi-élimination de certaines espèces dans les eaux japonaises », a rappelé Sarah Lucas.

Yoshifumi Kai, un haut responsable de la coopérative de pêche de Taiji, a déclaré qu’il n’avait pas encore lu la plainte. Il a également démenti le fait que les pêcheurs locaux dépassaient les quotas ou tuaient les dauphins de manière inhumaine.
« Les autorités japonaises n’exigent pas que nous comptions les dauphins libérés dans le quota officiel », a-t-il rétorqué, ajoutant que les dauphins tués n’agonisaient pas non plus de façon prolongée.
« Dans la plupart des cas, ils meurent immédiatement, bien que cela ne se produise pas dans 100% des cas. Cela ne s’applique pas seulement aux dauphins, d’ailleurs, il en va de même pour le bétail ».

Certains des dauphins capturés à Taiji sont tués et leur viande vendue dans des supermarchés et des restaurants.
Mais la raison même de ces chasses est d’abord de satisfaire la demande de l’Industrie de la Captivité, principalement chinoise et japonaise. Les spécimens les plus attrayants, par contre, sont épargnés et vendus à des aquariums pour des dizaines de milliers de livres chacun.

En 2015, Action for Dolphins avait d’ailleurs déjà intenté une action en justice contre l’Association Mondiale des Zoos et Aquariums (WAZA) à ce propos.
Au terme d’une longue hésitation, la WAZA avait fini par menacer d’expulsion les 62 aquariums japonais, qui achèterait encore leurs dauphins à Taiji. Le Taiji Whale Museum avait aussitôt quitté la section japonaise de l’association mondiale en signe de protestation et continue à exposer et à vendre plus que jamais des cétacés capturés localement.

Les pêcheurs de Taiji répondent quant à eux qu’ils n’ont nulle intention de mettre fin à ces chasses, car qu’elles font partie de leurs « traditions baleinières » et qu’elles constituent une source de revenus vitale pour l’économie locale.

D’après un article du Guardian

 


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