Attica Zoo : qui a dit vraiment quoi à propos des dauphins

Attica Zoo : qui a dit vraiment quoi à propos des dauphins ?

Attica Zoo : qui a dit vraiment quoi à propos des dauphins ?
Le groupe allemand WDSF affirme que le directeur du zoo et son dresseur en chef se seraient laissé aller à des confidences nostalgiques, évoquant la fermeture du delphinarium, la recherche d’un sanctuaire pour Veera la delphine finnoise et d’autres propos similaires, qui sonnent comme des obscénités dans la bouche d’un professionnel du dauphin captif.
Vraies ou fausses, ces réflexions pleines de bon sens ne pourraient pourtant résoudre la situation difficile de ce delphinarium né dans la controverse et planté en plein coeur d’un pays qui respectait les dauphins libres depuis l’Antiquité et ne les avaient jamais enfermés jusqu’alors.

J.J. Lesueur, le directeur français de l’Attica Zoo

Des confidences contestées

« Le directeur du zoo nous a déclaré qu’il fermerait immédiatement le delphinarium s’il existait un sanctuaire marin pour les dauphins, ce qui n’est pas le cas actuellement. Le dauphin dont il voudrait se débarrasser au plus vite est l’unique femelle perdue parmi sept dauphins mâles, qui tente sans cesse de s’isoler du groupe.
Comme nous avons pu le documenter, Veera reste enfermée seule dans une mini-piscine après le spectacle.
Un autre dauphin présente des blessures graves à l’aileron et aux nageoires, qu’il aurait reçu il y a 11 ans. Tous les dauphins portent des marques de morsure sur le corps, du fait des combats hiérarchiques dans la petite installation de béton.
Le directeur du zoo a précisé qu’il n’y aurait aucun problème de personnel si le delphinarium venait à fermer, car sur un total de 70 employés, 4 seulement sont affectés aux dauphins.
Le dresseur Robert Gojecta perdrait probablement son travail. Il a d’ailleurs déclaré à Jürgen Ortmüller, responsable du WDSF, que les delphinariums de Duisburg et Nuremberg étaient des endroits « horribles » mais qu’il était très fier du delphinarium d’Athènes
« .
Tel est la teneur du communiqué publié par l’association allemande WDSF.

Indigné, le fondateur-directeur du Zoo, M. J.J. Lesueur, a été profondément choqué par « ces mensonges scandaleux et cette déformation flagrante de la vérité ». Pour cette raison, il a a tenu à rétablir sa propre vérité dans les pages du site Mediazoo, dont la mission est de dénoncer les mensonges de « l’industrie des droits des animaux qui s’enrichit grassement sur de fausses promesses de sanctuaires marins ».

Les fausses promesses ont en tous cas convaincu un industriel du jouet, qui y voit sans doute là un investissement d’avenir.


« Tout cela est hautement invraisemblable, a déclaré le directeur à Mediazoo

Le gestionnaire actuel du Studbook – ce catalogue européen de tous les dauphins captifs qu’il convient d’apparier à des fins de reproduction – est basé dans notre zoo même, puisqu’il s’agit de Robert Gojecta. Ce serait donc complètement absurde qu’il mette en cause l’élevage de dauphins.
Il est également ridicule de dire que les «dauphins doivent être réintroduits dans leurs « aires marines d’origine ». Un seul dauphin né en mer vit encore au delphinarium: il s’agit de la delphine Veera, capturée en Floride en 1984.
De même, l’idée que le delphinarium puisse fermer dans l’immédiat est absolument incroyable, tout comme les déclarations critiques à propos des delphinariums de Duisburg et de Nuremberg.

Le biologiste Robert Gojecta a renchéri :
« Bien sûr, ces informations sont fausses. Je suis personnellement choqué par tant de mensonges répandus. Je n’ai jamais dit une telle chose à propos des deux zoos très modernes de Duisburg et de Nuremberg, qui jouissent de la plus haute reconnaissance internationale« .

La delphine Iris en train de mourir à Duisburg en 2003

 Ce qui s’est vraiment passé selon Mediazoo

Au mois de mai dernier, vers 11h du matin, les militants ont pénétré dans le zoo, ce dont le directeur a été averti par son personnel. Tous furent autorisés à entrer, sauf l’activiste Andreas Morlock (Pro Wal) qui se trouvait parmi eux, car il avait publié voici quelques mois une « vidéo dégoûtante » sur le zoo. Il a donc été reconduit à la sortie, non sans avoir été remboursé du prix de son billet. Aucune autre entrée n’a été refusée.

Puis, le soigneur en chef Robert Gojecta a été appelé.
Les représentants du WDSF, Stefan Bernhard Eck et Jürgen Ortmüller ont assisté au show de dauphins avec lui et le directeur, afin d’en discuter ensuite. L’expert Gojecta a invité Ortmüller et trois ou quatre autres Allemands à visiter les coulisses, où les questions soulevées par la vidéo de ProWal ont été discutées.
Ci-dessous, la vidéo incriminée : 


« Ortmuller et Eck ont évoqué à un moment donné l’idée d’un sanctuaire de dauphins, et nous en avons longuement parlé.
Au cours de cette discussion, j’ai clairement déclaré que, si une telle entreprise était réalisée, et si toutes les infrastructures, la dotation en personnel et le financement étaient assurés, j’envisagerais d’y envoyer notre vieille femelle Veera.
La raison en est qu’elle est le seul dauphin sauvage capturé du groupe mais aussi la seule femelle avec 6 mâles autour d’elle, ce qui crée pas un groupe socialement cohérent, comme vous pouvez l’imaginer.

Et bien sûr, je n’ai JAMAIS parlé d’envoyer les autres dauphins ou de « fermer le delphinarium immédiatement ». Ce n’est même pas une distorsion de mes paroles, ce sont des mensonges clairs et flagrants!  » s’étrangle le dresseur.

Veera en Finlande; avec son compagnon Delphi et ses deux fils

« Veera est arrivée d’un delphinarium en Finlande il y a quelque temps car celui-ci fermait et il fallait urgemment trouver pour elle un endroit pour vivre.
Il est heureux que le zoo Attica ait accepté d’aider dans cette situation d’urgence. Il n’y a nulle part de sanctuaires de dauphins, mais seulement des projets créés par les organisations de défense des animaux pour faire payer leurs donateurs.
Même dans leur phase de planification, ces sanctuaires n’ont rien à voir avec la gestion des dauphins en bassin, car ils vont à l’encontre des normes de de l’EAZA. S
erait-il d’ailleurs jamais possible de transporter des animaux du programme EEP vers un tel sanctuaire, qui ne répond pas aux normes. Aucun gestionnaire de Studbook digne de ce nom n’autoriserait un tel transport.

L’objectif de notre delphinarium est actuellement de garder un groupe de mâles et de transporter Veera dans une autre communuté de dauphins mieux équilibrée. Le zoo Attica se spécialise dans les groupes de mammifères mâles et apporte ainsi une contribution importante aux programmes d’élevage. Dans de tels groupes de célibataires, les mâles peuvent apprendre à socialiser, comme cela se produit aussi dans la nature. Cependant, ni Gojecta ni moi ne nous opposons à l’élevage des dauphins et nous ne sommes jamais prononcés contre cette pratique ».
Enfin, quand un militant lui a demandé ce qui se passerait s’il devait fermer le delphinarium, le directeur lui aurait répondu : « Nous serions obligés de licencier la plus grande partie du personnel »,

La nageoire d’un dauphin (lequel?) porte de vilaines traces

Confiance abusée

Les deux responsables du zoo se sont montrés surpris de voir à quel point les activistes pouvaient répandre des informations erronées et mal informées. Le zoo leur ouvrait ses portes, prêt à discuter et pensant en toute candeur que l’information serait traitée avec sérieux. C’est sans doute la bonne manière, mais cette transparence et cette ouverture s’est révélée finalement désastreuse.

« Je pense que Robert et moi-même avons fait du très bon travail en les recevant et en leur parlant ouvertement. Mais nous n’avions pas tenu compte du fait que ces personnes ont un programme très ciblé et qu’il ne faut jamais leur faire confiance. La seule façon pour eux de promouvoir leur cause est de mentir afin que nos visiteurs se sentent coupables de visiter notre zoo« .

Ce n’était pas la première fois que le WDSF répand de la désinformation. (…)
Nous avions pu prouver nous-mêmes que le WDSF donnait des chiffres faux quant aux 64 dauphins morts au delphinarium de Duisburg.
« Ce ne sont là que des exemples parmi tant d’autres qui montrent ce qui se passe constamment dans l’industrie des droits des animaux: les activistes utilisent le mensonge pour se faire le buzz et discréditer les delphinariums. Nous voyons cela tous les jours » conclut, amer, l’article de Mediazoo.

La peau strié de morsures en râteau de l’un des dauphins (lequel?)

D’autres vérités qui dérangent

Que le « dresseur- biologiste- expert » Robert Gojecta l’ait évoqué en ces termes ou non, le sort de Veera est en effet préoccupant.
Seule femelle perdue au milieu de jeunes mâles, la malheureuse ne peut pas faire grand chose d’autre que de s’isoler. Il serait donc urgent de trouver une solution pour elle, tout en rappelant qu’il serait sans doute cruel de la séparer de ses deux fils, avec lesquels elle a vécu depuis leur naissance.
Par ailleurs, si les derniers dauphins du seul delphinarium de Finlande fermé faute de public, ont été envoyé en Grèce, c’est d’abord parce qu’ils avaient besoin d’une piscine filtrée à l’ozone et non au chlore. Les militants finnois demandaient un peu de temps et de coopération de la part du Delphinarium le plus au Nord du Monde, pour aménager un sanctuaire sur l’île de Lipsi.
Ce temps ne leur a pas été accordé ni aucune aide de la part de l’Industrie de la Captivité.
Le directeur oublie également de signaler que Delfi, le compagnon de Veera, est mort peu de temps après son arrivée. De quoi  ? Sa mort subite est plutôt embêtante pour un zoo qui voulait rendre si gentiment service, aussi n’en parle-t-il pas.

Le site choisi pour les bélugas de Shanghai se situe dans les eaux froides d’Islande

Par ailleurs, on aimerait rappeler à M. Le Sueur et Cojceta, qui n’ont pas assez de mots pour dénoncer ces cages de mer où des activistes avides d’argent voudraient enfermer leurs chers dauphins captifs, que le delphinarium de Baltimore et celui de Shanghai sont actuellement en train de déplacer leurs cétacés vers des « cages de mer » de ce genre, l’une aux Caraïbes pour les dauphins et l’autre en Islande à l’usage de deux bélugas.
Quant au Whale Sanctuary Project, auquel se sont associés  des chercheurs aussi prestigieux que Hal Whitehead, le spécialiste des cultures cachalots ou Denise Herzing, sa construction commencera d’ici peu dans la région de Vancouver, avec tous les moyens financiers nécessaires. Au lieu de condamner d’avance ces sanctuaires si détestés, ils feraient mieux de s’y associer.

Si MM. Lesueur et Gojecta avaient donné leur soutien au projet de refuge sur l’île de Lipsi et partagé leurs compétences en « dolphin husbandry », les dauphins de Finlande auraient pu s’y retrouver et rester tous en vie.
Car c’est un point sur lequel il faut insister : sans l’aide de dresseurs « repentis », il sera difficile de gérer correctement les dauphins placés en sanctuaire. Ces professionnels du dressage savent à quel point les dauphins ont été conditionnés, brisés, drogués, médicamentés et sont à même d’assurer la délicate transition entre les bassins stériles aux parois de béton nu et les profondeurs vertigineuses d’une crique marine.
Ce serait bien le moins qu’ils contribuent à réparer tout le mal qu’ils ont fait depuis des décennies !

L’île de Lipsi en Grèce se prête parfaitement à la création d’un sanctuaire

 


 

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