Les zoos, derniers cimetières des éléphants

Eléphants d’Asie

Les zoos, derniers cimetières des éléphants

Eléphants d’Afrique ou éléphants d’Asie : ce ne sont pas les zoos qui les sauveront !
Que ce soit en Asie ou en Afrique, la situation des éléphants sauvages ou semi-domestiqués est catastrophique.

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ASIE

«Il est impossible d’imaginer l’Inde sans ses éléphants, tant cette espèce animale attachante fait partie de l’imagerie populaire de notre pays. Pourtant, la présence artificielle d’éléphants sur les sites célèbres tels que Jaipur au Rajasthan, Guruvayur au Kerala, ou encore Sonepur au Bihar, cache aux yeux des visiteurs la grave situation de l’espèce en général.
En effet, les recherches les plus récentes indiquent qu’il ne resterait en tout et pour tout que 50.000 éléphants dans toute l’Asie et les spécialistes doutent que l’espèce survivra aux siècles à venir.

Est-ce vraiment sous la seule forme d’esclave déguisé et dressé que nous voulons voir survivre les derniers éléphants d’Asie ?

Depuis les années 70, l’attention était concentrée sur l’éléphant d’Afrique qui subissait le coup d’un braconnage systématique pour alimenter le marché de l’ivoire. Il en resterait aujourd’hui quelque 400 000 spécimens. Le commerce de l’ivoire est banni par la CITES et l’attention du public est retombée.

L’interdiction, dans l’ensemble bienfaitrice pour l’espèce, a eu pour effet pervers de faire monter vertigineusement le prix de l’ivoire sur le marché clandestin. Récemment, des échos erronés sur une supposée croissance de la population d’éléphants en Afrique, propagés par les parties intéressées au commerce de l’ivoire, apaisaient les esprits. Les pressions exercées par les pays consommateurs d’ivoire, le Japon en tête, ont remis en question les accords internationaux.
Aujourd’hui, l’exportation d’ivoire est de nouveau autorisée pour trois pays du sud de l’Afrique. Le braconnage a repris de plus belle partout ailleurs, y compris en Asie, renflouant le marché illégal des produits issus d’animaux sauvages, lequel vient, en importance, juste après celui de la drogue dans le monde.

L’éléphant d’Asie est le cousin oublié. Jamais il n’a retenu l’attention internationale. Jamais il n’a bénéficié des mêmes efforts de conservation. C’est une espèce à part, trop éloignée de l’éléphant d’Afrique pour que les deux espèces puissent se reproduire entre elles.

L’éléphant d’Asie est de façon croissante en grave danger d’extinction. La population qui survit à l’état sauvage aujourd’hui se répartit sur treize pays du sud et sud-est de l’Asie et le nombre d’individus à l’état sauvage se situe entre 35 000 et 45 000, dont la plus grande partie entre l’Inde et la Birmanie.
En plus, il y aurait environ 16 000 éléphants « domestiqués » en Asie. 
L’éléphant d’Asie est actuellement classé parmi les espèces les plus menacées au monde ».

Prajna Chowta, Aane Mane Foundation

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Assassins hilares...

Dans certaines régions d’Afrique, les éléphants confinés sur de petits territoires ou dans des réserves deviennent parfois trop nombreux. Tout le plaisir est alors pour les chasseurs riches !

AFRIQUE

La situation des éléphants d’Afrique est, on le sait, non moins dramatique. Là aussi, le braconnage systématique – voire étatique, comme au Congo ! – et les conflits entre villageois et éléphants précipitent la fin annoncée de ces magnifiques héritiers de l’ère tertiaire dotés d’une prodigieuse intelligence et de cultures sophistiquées.

« Avant l’arrivée des Occidentaux sur le continent africain, on comptabilisait au moins 4 millions d’éléphants. En 1945, il n’en restait plus que la moitié. Aujourd’hui, il en reste moins de 600 000. Quelques chiffres pour bien monter l’ampleur du carnage : 
De 1900 à 1945, 50 000 éléphants ont été abattus chaque année. Malgré l’interdiction, en 1989, les braconniers ont tué 90 000 éléphants.

Cette extermination en règle a débouché sur la convention de Washington qui regroupe 105 pays et a rendu illégale l’importation d’ivoire.
Ce n’est qu’en 1990 que l’éléphant a été enfin considéré comme une espèce menacée d’extinction immédiate.
Ne nous leurrons pas, le trafic d’ivoire n’a pas cessé. D’une part, les pays exportateurs d’ivoire n’ont pas signé la convention et d’autre part les moyens pour protéger les éléphants sont dérisoires et n’empêchent nullement les braconniers de continuer le massacre.

Encore une fois le Japon est montré du doigt car c’est le plus grand consommateur d’ivoire au monde. Et tant que des pays comme celui là continueront à accepter sans le moindre remord que des espèces soient exterminées pour que certains puissent jouer sur des touches de piano ou avec des boules de billard en ivoire, l’avenir des éléphants et de bien d’autres espèces restera plus qu’aléatoire.  Dans un avenir très proche, si rien n’est fait, observer des éléphanteaux en liberté en train de s’asperger d’eau, ne sera plus qu’un lointain souvenir ».

DINOSORIA

Trophée d’éléphants au Musée de l’Afrique à Tervueren. La colonisation belge au Congo a lancé le massacre…

Reconnaissons au parc de Planckendael le mérite de soutenir une association d’aide aux éléphants d’Asie, qui semble nettement plus sérieuse que le Dolphin Fund du Boudewijn Sea Park de Bruges.
Mais est-ce suffisant ?
Bien sûr, des programmes de sauvegarde « in situ » existent, bien sûr, des conférences ont lieu dans des hôtels de luxe, pleines de belles décisions mais si rarement suivies d’effet ?
La bonne volonté de nombre de scientifiques et de militants, associé au courage des rangers affrontant presque à mains nues des hordes de trafiquants surarmés, viendront-ils jamais à bout de 3 fléaux majeurs propres aux pays « en voie de développement » : la corruption de l’état, la surpopulation et la misère des peuples locaux et la dégradation irréversible de l’habitat sauvage ?
On peut hélas en douter.
La vie sauvage, sous toutes ses formes, semble condamnée à très court terme par l’explosion démographique et toutes ses conséquences, économiques et climatiques.

Les zoos n’y pourront rien changer.
Même s’ils offrent d’aussi vastes espaces que celui de Planckendael, du moins en été. Et même s’ils réussissaient par extraordinaire  à préserver plus de 50 ans une population carcérale, les éléphants que nos enfants regarderont tourner en rond derrière des barrières métalliques ne seront plus des éléphants. Ce seront des êtres dégénérés, privés de toute culture et de toute autonomie.
De pâles et tristes copies de ce que furent leurs ancêtres…


Photo YG


Kai-Mook et les éléphants de Planckendael

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