
Une fois arrivés en Chine, les éléphants dépérissent rapidement. Photo Conservation Action Trust
35 éléphanteaux capturés pour la Chine au Zimbabwe
35 nouveaux éléphanteaux, dont certains âgés de deux ans à peine, viennent d’être capturés au Zimbabwe pour plusieurs grands zoos situés en Chine. Les jeunes éléphants sont actuellement détenus dans des enclos dans le parc national de Hwange.
Les caissons pour les transporter sont déjà préparés et leurs documents de voyage vers la Chine déjà délivrés.
Cette pratique très cruelle remonte à l’époque de l’ancien président du Zimbabwe, Robert Mugabe, qui vendait les espèces sauvages du Zimbabwe aux pays d’Asie et du Moyen-Orient pour régler ses dettes.
Dans un communiqué, la Human Society International – Africa a confirmé avoir reçu des images filmées des jeunes éléphants du parc de Hwange arpentant frénétiquement leur enclos. Certains d’entre eux montrent des signes de stress intense, qui se manifeste par des coulées sombres sur les tempes, par des yeux écarquillés ou par des postures défensives aux oreilles déployées.
Sur la base des données commerciales de la CITES depuis 2012, le Zimbabwe a déjà exporté 108 éléphanteaux vers des zoos chinois, malgré l’opposition d’autres pays africains et des ONG.
Audrey Delsink, biologiste spécialisée dans les éléphants, explique :
«La capture de bébés éléphants dans leur milieu sauvage est barbare et la captivité signifie pour eux d’être condamnés à une vie de souffrance. Les images vidéo nous montrent que ces jeunes animaux affichent déjà des comportements de stress après avoir été arrachés à leurs mères et à leur groupe familial. Ces jeunes sont terrifiés ».
« Normalement, les éléphanteaux de cet âge sont encore étroitement liés à leur mère et aux groupes de leur famille natale. Les femelles ne quittent jamais leur famille tandis que les mâles ne s’éloignent du troupeau qu’à l’âge de 12 ou 15 ans. Aucune femelle adulte n’est là pour les rassurer, les guider et leur dire quoi faire ! On ne peut qu’imaginer la détresse de ces petits !
Le Zimbabwe continue de brader sa faune sauvage au plus offrant, sans aucune surveillance digne de ce nom. L’Afrique du Sud a interdit pour sa part la capture d’éléphants sauvages, en reconnaissant les éléphants comme des êtres sensibles. Le Zimbabwe doit suivre cet exemple de toute urgence pour se racheter. »

« Aucune femelle adulte n’est là pour les rassurer, les guider et leur dire quoi faire ! »
Les sentiments de Delsink font écho à ceux exprimés la semaine dernière par Najib Balala, secrétaire du cabinet kényan chargé du Tourisme et de la Faune, qui s’exprimait lors du sommet de la Coalition de l’éléphant d’Afrique (AEC) à Nairobi.
Balala avait déclaré : « Le commerce des éléphants vivants ne devrait viser qu’à renforcer la conservation de l’espèce au sein de ses habitats naturels (in situ) considérés comme seule destination appropriée et acceptable. »
Iris Ho, de la Humane Society International, ajoute : «Il est moralement indéfendable et moralement répréhensible de séparer des bébés éléphants de leur famille ! Nous ne pouvons qu’être d’accord avec l’honorable Balala et la Coalition de l’éléphant d’Afrique quant à ses préoccupations relatives au bien-être et à la conservation des éléphants sauvages délibérément capturés pour être gardés en captivité loin de leur aire de répartition naturelle. »
Le communiqué de presse du sommet par l’AEC a également appelé à la fin des exportations d’éléphants sauvages vers des zoos et autres installations captives.
Ces positions sont reflétées dans les propositions et les documents soumis par le CEA à la 18e session de la Conférence des Parties à la CITES qui se tiendra en mai à Sri Lanka.