Orque Morgan : un procès décisif

D’après deux articles d’Elizabeth Batt (Digital Journal)
http://digitaljournal.com/article/334016
http://digitaljournal.com/image/127014

Lire aussi :
http://www.freemorgan.org/morgan-at-loro-parque.html


En juin 2010, Morgan a été découverte seule et affaiblie dans la mer des Wadden, au large de la côte nord-ouest des Pays-Bas.
Le premier objectif visait à obtenir le retour cette orque au sein de sa famille, mais en dépit de l’avis documenté de plus de 30 experts scientifiques, présentant un plan de réhabilitation circonstancié et crédible, il a été décrété par un juge des Pays-Bas que Morgan serait expédiée au Loro Parque, un parc à thème à Tenerife, en Espagne.

A l’origine, l’orque, âgée de deux ans, a été prise en charge par le delphinarium hollandais de Hardewijck.
Elle y fut baptisée du nom de « Morgan » et y reçut des soins appropriés, de telle sorte qu’elle reprit rapidement force et santé. Ces soins avaient d’ailleurs pour but de lui permettre de retourner à son habitat naturel. A ce titre, afin d’éviter toute « acculturation » humaine », l’aquarium ne fut pas autorisée à l’exhiber au public.

La situation a changé lorsque le Harderwijk Dolfinarium a estimé que Morgan n’était pas une bonne candidate pour une réhabilitation dans l’océan et qu’il voulait l’expédier dans un autre parc marin, où elle aurait de la « compagnie ».
En dépit d’un plan de rééducation et de réhabilitation présentés par les experts du groupe de scientifiques bénévoles « Free Morgan Foundation », un tribunal néerlandais a décidé en novembre dernier que Morgan partirait faire le clown à Loro parque jusqu’ la fin de ses jours.

Morgan à Harderwijk

Ce 1er novembre 2012, tous ceux qui luttent pour la libération de Morgan se retrouveront dans la salle d’audience d’une Cour de Justice néerlandaise à Amsterdam, dans l’espoir de voir la décision du procès antérieur annulée. Un groupe s’est constitué pour assister à l’audience, que coordonne Sam Lipman, une militante britannique qui arrivera de Londres pour assister au procès.

« Ce groupe ne s’est constitué que récemment », explique Samantha, « bien que notre action n’ait pas cessé depuis deux ans. Il y a quelques mois à peine, Ingrid Visser (membre de l’équipe d’experts Orca Research Trust, attaché à
la Free Morgan Foundation) et moi-même avons discuté de Morgan et de l’intérêt de réunir le plus de gens possible pour appuyer ce dernier procès décisif qui se tiendra à Amsterdam.
Ingrid m’a demandé si j’accepterais de cordonner les voyages des militants étrangers avec l’aide d’Ulla Ludewig, originaire d’Allemagne. A nous trois, nous avons donc mis en place un guide de voyage qui fournit tous les détails afin de rendre le déplacement des amis de Morgan aussi aisé que possible. J’ai créé une page spéciale sur Facebook et diffusé l’ensemble de nos informations par ce moyen, ce qui est une excellente façon de toucher beaucoup de monde »
.

Vous m’avez dit, demande Elizabeth Batt, que « nous en étions à la troisième manche du processus judiciaire pour Morgan ». Pourriez-vous me préciser l’idée ?

« Le cas de Morgan a fait l’objet de deux audiences antérieures. La première eut lieu le 3 août 2011, la deuxième le 7 novembre 2011.
Le procès du 1er novembre 2012 aura lieu devant trois juges. Ils seront appelés à réétudier les décisions antérieures du même tribunal, qui avait alors autorisé le transfert de Morgan à Tenerife. La Cour se penchera également sur la légalité du maintien en captivité de l’orque Morgan. Morgan a été initialement recueillie en vue d’être soignée puis réhabilitée. C’est ce qui avait été annoncé par le Dolfinarium de Hardewijck en 2010. Il est clair qu’elle n’a jamais été relâchée. Au lieu de cela, elle a été exhibée au public par le delphinarium néerlandais, lequel ne disposait pas du permis pour ce faire. Le Dolfinarium de Harderwijk a donc violé la loi et l’autorisation de transport de Morgan est une autre violation de la loi commise par Loro Parque ».

Précisions du journal Nothern Advocate

« Le 1er novembre, trois juges reviendront sur la décision de l’an passé. Ils ne peuvent pas modifier le jugement à propos de l’avenir de Morgan, mais s’ils découvrent que des erreurs légales ont été commises, ils peuvent renvoyer l’affaire au Ministère néerlandais des Affaires économiques et de l’Agriculture. Le Ministère aura alors à décider une nouvelle fois si l’orque – toujours propriété de l’état néerlandais – doit rester en captivité ou être libérée.

Lara Pozzato, un biologiste marin de la Fondation Free Morgan, explique que l’’audience du 1/11 ne durera qu’’un jour, mais que les juges disposeront de six semaines pour prendre une décision. S’’ils estiment que le cas est au-delà de leur compétence, ils pourront faire appel à l’aide de la Commission européenne.
Même si les juges concluent en faveur de Morgan et annule la licence d’exportation, ce ne sera pas la fin de la bataille.

Pour obtenir le retour de Morgan aux Pays-Bas pour la préparer à sa réhabilitation en dans les eaux norvégiennes, Free Morgan Foundation devra obtenir des tribunaux espagnols qu’ils appliquent la décision rendue par le tribunal d’Amsterdam.
Malgré plus de deux ans passés en captivité, Morgan peut parfaitement retourner à l’état sauvage, selon l’experte internationale Ingrid Visser, qui sera présente lors du jugement ».

Ingrid Visser en Nouvelle-Zélande

Votre groupe prévoit d’appuyer la cause de Morgan dans la salle d’audience. Combien de membres y participent et de quels pays viennent-ils ?

« Jusqu’ici, nous avons environ 25 membres qui ont confirmé leur présence. Ils arrivent de Grande Bretagne, d’Allemagne, d’Autriche, d’Espagne, de France, de Belgique et des Pays-Bas. Certains viendront sans doute également des USA et bien sûr, Ingrid nous rejoindra depuis la Nouvelle-Zélande ».

Morgan à Loro Parque

Nous avons également demandé à Sam Lipman de nous rappeler quelques faits relatifs aux orques que les gens ne connaissent pas toujours mais dont il est bon qu’ils se souviennent lors de ce second procès.

Les orques libres vivent longtemps. Les femelles peuvent atteindre l’âge canonique de 80 à 90 ans (en moyenne 60 ans) et l’on sait qu’il existe des orques plus que centenaires qui nagent
aujourd’hui dans l’océan. Réduisez ces chiffres de moitié et puis divisez le résultat obtenu par deux encore une fois et vous trouverez peut-être une orque captive qui atteint cet âge, comme c’est le cas tout à fait exceptionnel de Lolita-Tokitae en Floride, 43 ans.  Il ne s’agit pas là d’une exagération. Les faits et les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Les statistiques sont formelles : la longévité moyenne d’une orque captive est inférieure à 9 ans !

Les orques sont grandes et très rapides : les femelles peuvent atteindre la taille de 8,5 mètres et pèsent environ 7.500 kg. Les mâles sont encore plus grands. L’aileron dorsal d’un mâle peut s’élever jusqu’à 6 mètres de haut.

Ces gigantesques prédateurs peuvent se déplacer à des vitesses excédant 56 km à l’heure et nager sans prendre de repos sur des distances de plus de 100 kilomètres en 24 heures. Aucune piscine au monde ne pourrait jamais leur fournir l’espace dont ils ont besoin. Leur situation est celle d’un être humain confiné dans un cachot sa vie durant.
L’industrie estime que cela leur convient.

Les orques sont incroyablement intelligentes : elles sont conscientes d’elles-mêmes, elles savent qui elles sont, où elles sont et sont capables d’élaborer des pensées abstraites. Elles planifient leurs actions bien à l’avance et relient entre eux évènements passés, présents et futurs afin d’en tirer toutes les leçons utiles à leur survie.

Il s’agit de créatures hautement sociales. Certaines orques passent toute leur vie sans quitter leurs familles. Ils demeurent dans leur groupe, lequel s’intègre à une communauté plus vaste, associé à un écotype particulier. Par
exemple, les orques qui vivent en mer d’Islande ne se mélangeront jamais avec des orques du Pacifique Nord-Ouest. Mieux encore, les orques résidentes du Nord -Ouest du Pacifique ne fréquentent pas les tribus transients de la même région. A moins que l’on ne les y oblige en les enfermant toutes ensemble dans le même bassin !

Sam Lipman conclut :

Ce sur quoi je tiens à insister, c’est que cette espèce est exceptionnellement complexe et qu’il existe une foule de choses que nous ignorons encore ou que nous ne comprenons tout simplement pas à son propos.
Mais ce que nous savons, par contre, c’est qu’elles ne s’adapteront jamais à survivre dans de minuscules espaces artificiels où les Humains les obligent à à socialiser et à interagir avec d’autres orques qu’elles n’auraient jamais approché en milieu naturel. Il suffit de voir l’énorme blessure infligée au menton de Nakai à Seaworld pour se rendre compte es tensions qui règnent en bassin. Ou de se souvenir des quatre réattaques mortelles dont des dresseurs ont fait l’objet de la part de prédateurs géants devenus à moitié fous d’être enfermés dans un espace clos et vide de tout objet.

Orque dressée

La naissance en bassin, c’est pas ça !

Les documents de la défense au tribunal

Le rapport officiel du sauvetage de Morgan

Plan de réhabilitation pour Morgan

A quoi pensent les orques lorsqu’elles tuent leur dresseur ?

Comment réhabiliter les orques ?

Orques tueuses

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