
L’ambassadeur d’Allemagne ne sait rien du dauphin qui le tire par l’aileron et il s’en soucie peu
4 août 2016
Il n’y a plus de dauphins captifs en Tunisie !
Chers clients,
Friguia Park en Tunisie : nagez avec de vrais dauphins de Taiji !
Entre 2010 et 2011, la Tunisie a importé 11 dauphins capturés dans une mer de sang aux Iles Salomon et dans la baie de Taiji.
C’est au Friguia Park que vous pourrez nager avec les 5 derniers survivants, tous venus du Japon.
Ce parc d’attractions a été fondé en 2000 par des entrepreneurs privés.
« Notre but est de préserver l’espèce animale en favorisant le développement de celle la plus menacée » déclarent-ils sur leur site, ajoutant : «En collaboration avec la Direction générale des forêts et du parc zoologique de Paris ( ?), nous oeuvrons ici à reconstituer l’espèce animale décimée afin de la réintroduire dans son environnement naturel».
«Reconstituer une espèce animale décimée», vraiment ? Mais par qui ? Par ceux qui les achètent pour les vendre en spectacle ?
En tout, Friguia Parc posséda 11 dauphins.
En 2009, 6 d’entre eux, de la sous-espèce Tursiops aduncus, furent capturés aux Iles Salomon.
Après que le trafiquant Chris Porter les ait choisi puis gardé dans ses enclos en face de sa maison, les dauphins furent expédiés au Taman Safari en Indonésie. Tous les membres de leur famille avaient préalablement succombé sous les haches et les lances des pêcheurs mélanésiens, pour qui les dents de dauphin ont valeur de monnaie.
En janvier 2010, nos 6 dauphins quittèrent les piscines minuscules du Taman Safari pour rejoindre la Tunisie.
Deux d’entre eux moururent pendant ou peu après le voyage. Tina décéda ensuite à une date indéterminée.
Enfin, l’ultime survivante de ce transfert indonésien, baptisée Rita, fut expédiée à l’Ocean Park à Hong Kong en novembre 2012.
Elle semble y être toujours en vie. Une prouesse quand on songe aux transports incessants que ce mammifère marin a du subir en moins de 4 ans : Iles Salomon, Indonésie, Tunisie et puis Chine.
Qu’advient-il des autres ? Mystère.
Le maître d’oeuvre de ce transfert devait s’appeler Johann Marcus, consultant au « FRIGUIA PARK TUNEZ » entre 2009 et 2011.
M. Markus fut aussi le bras droit de l’actuel directeur du Marineland d’Antibes, lorsqu’ils travaillaient tous deux au Zoo de Madrid. A la même époque, en mars 2011, Markus se chargea aussi d’une brève mission au Kish Dolphinarium en Iran, plate-forme bien connue de tous les trafics de mammifères marins venus de Russie, Turquie, Chine ou Japon.
En avril 2011, 5 nouveaux dauphins furent amenés au Friguia Park.
Ils appartenaient à une sous-espèce différente (Tursiops gilli), puisque capturés au Japon.
Inutile de rappeler ici le contexte monstrueux de ces chasses au rabattage, qui dépassent en barbarie ce que le boucher le plus sadique pourrait imaginer. L’industrie de la captivité internationale s’y pourvoit abondamment, perpétuant ainsi des chasses qui alimentaires initiées lors de la grande crise d’avant-guerre dans les années 30 et relancées par SeaWorld en 1969. Aujourd’hui, faute de consommateurs, la chair des cétacés jugés inaptes à survivre en bassin termine en croquettes pour chiens ou en engrais.
Les dauphins FP-TTG-E1101, P-TTG-E1102, FP-TTG-E1103, FP-TTG-E1104 et FP-TTG-E1105 furent capturés en mai 2011.
On les nomme aujourd’hui Aras, Daisy, Honey, Luna et Skandi.
Ce fut une chasse particulièrement atroce, comme en atteste cette vidéo, mettant en scène une mère et son enfant.
Entre le 1er septembre 2010 et le 4 mai 2011, les pêcheurs et dresseurs rabattirent un total de 1.297 cétacés au fond de la Baie de la Honte. 849 d’entre eux (soit 65%) y furent été massacrés à l’aide d’une tige de métal enfoncée dans la nuque ou par noyade. 181 (soit 14%), ont été repoussés en mer, pour la plupart de jeunes enfants promis à une mort lente loin de leurs mères massacrées. Enfin, 98 cétacés, soit 8% du total, furent vendus à différents delphinariums. Le sort des 169 individus restants demeure inconnu.
En 2011, parmi les espèces capturées et/ou tuées, figuraient non seulement des dauphins Tursiops (T. gilli), des dauphins de Risso (G. griseus), des dauphins bleu et blanc (S. coeruleoalba), des dauphins tachetés pantropicaux (Stenella attenuata), des dauphins à flancs blancs du Pacifique (L. obliquidens) et des globicéphales du Pacifique (G. macrorhynchus).
Des 700 dauphins Tursiops pris derrière les filets, 311 ont été tués, 62 vendus vivants et 158 relâchés.
Parmi ces 62 individus vivants, 5 dauphins issus du même pod furent choisis et arrivèrent en Tunisie un mois plus tard.
On imagine qu’un délégué du delphinarium tunisien (Johan Marcus, fort probablement) s’est rendu au Japon pour y choisir les plus beaux exemplaires. Un dauphin qui survit au dressage dans les enclos flottants de la Dolphin Base est réputé solide. Il vaut beaucoup d’argent.
Aux dernières nouvelles, il ne reste donc plus que 5 dauphins à Hammamet : Aras, Daisy, Honey, Luna et Skandi.
En termes statistiques, Friguia Park peut donc aisément briguer le titre du delphinarium le plus meurtrier du monde, puisqu’il est parvenu à tuer 6 dauphins en 4 ans. Voilà qui ne dérange aucunement les autorités tunisiennes ni les gérants du parc et encore moins les touristes.
Au contraire ! L’Ambassadeur d’Allemagne est même venu officiellement encourager le tourisme local en nageant avec nos 4 derniers rescapés de Taiji.

L’Ambassadeur d’Allemagne à Friguia Park
Certes, un « lagon » a été aménagé récemment, mais on ne voit nulle part d’endroits ombragés pour les dauphins. Ceux-ci sont brûlés par les coups de soleil, car ils demeurent le plus souvent à flotter en surface. Sur le site du parc d’attractions, aucune information n’est donnée sur l’identité des 4 captifs. On peut lire simplement :
« Spectacles des Dauphins
11H00 – 16H00
Une expérience qu’on n’oublie jamais
Nagez avec les Dauphins
11H45 – 14H45
Réservation 24 h à l’avance ».
Suivent quelques conseils de prudence et l’avertissement que les gens ivres, drogués ou malades de la peau ne peuvent participer aux sessions de nage avec les dauphins.
Une expérience qu’on n’oublie jamais, donc…
Et les dauphins moins encore. On sait que cette «personne non humaine» consciente d’elle-même, dotée langage, de cultures et de vastes sociétés, dispose aussi d’une excellente mémoire.
Ces 4 dauphins qui amusent les touristes ont subi d’épouvantables traumatisme.
Ils ont vu mourir sous leurs yeux leurs parents, leurs amis, leurs enfants. Tous ont nagé dans une mer de sang avant d’être rudement dressés par la faim, la drogue, les coups, l’isolement dans les enclos flottants de la Dolphin Base à Taiji. Tous enfin ont été hissés dans un hamac, enfermés une carlingue d’avion et transportés sur des milliers de kilomètres pour se retrouver sous un soleil de plomb dans une piscine vide. Chaque jour, deux fois par jour, ils doivent subir les palpations de touristes qui s’accrochent à leur aileron dorsal, comme le faisaient les plongeurs de Taiji au moment de leur capture.
On peut souhaiter qu’ils survivent un peu plus longtemps que les dauphins qui les ont précédés.
Car sitôt morts, ils seront remplacés, alimentant ainsi les monstrueuses boucheries de la baie de Wakayama. Soulignons que tous sont parfaitement réhabilitables puisque kidnappés à l’âge subadulte. Pas en Méditérranée, bien sûr, car il s’agit de dauphins du Pacifique. Mais il est des lieux au Japon où les dauphins sont respectés et où nos 4 captifs pourraient retrouver un vie normale.
Mais le Friguia parc a des ambitions !
En 2014, il s’est fait livrer quelques grands fauves fraîchement débarqués du Gabon, qui eux aussi, troqueront leur vie de félins libres contre le statut d’attractions payantes. Au vu de son succès commercial, il y a peu de chances que quiconque se penchent jamais sur les conditions légales de telles importations, au regard des accords CITES ou ACCOBAMS.
Dans un pays menacé par le fondamentalisme islamique et qui sort assommé de décennies de dictature, l’économie est une priorité.
On peut le comprendre. Mais la Tunisie gagnerait à investir davantage dans des activités plus «durables» et plus éthiques.
Dans la région, elle est sans doute l’un des pays qui s’implique le plus dans la défense des cétacés de la Méditéranée. Ceux-ci y sont encore nombreux, malgré les pêches au thon, et représente un potentiel touristique important.

Rendre visite aux dauphins en jet-ski surpuissant n’est pas vraiment une bonne idée non plus…
Il revient donc au gouvernement de ce pays de faire un choix : soit il privilégie le profit à court terme en s’associant à l’une des chasses les plus cruelles au monde. Soit il encourage la protection des cétacés et le whale watching le long de ses côtes, au bénéfice des populations riveraines, du tourisme et des dauphins eux-mêmes !
Quant au touristes, une seule consigne : ne nagez JAMAIS avec les dauphins captifs. Que ce soit au Mexique, en Floride, en Turquie, en Egypte ou ailleurs, boycottez les delphinariums, ainsi que les hôtels, les agences et les compagnies aériennes qui les encouragent.
La captivité des dauphins est toujours cruelle. Ne l’alimentez pas en toute ignorance.
Ces «rencontres avec les dauphins» ne sont que la triste parodie d’un contact authentique choisi par les deux parties. Ici, le dresseur contrôle chaque geste de son «animal». Un poisson lui est glissé dans la bouche chaque fois qu’il a bien obéi. Les touristes ne remarquent rien : ils prennent plaisir à ces gestes d’amitié qui leur semble spontanés, alors qu’ils sont appris par coeur et répétés deux fois par jour, tous les jours, toute l’année.
En savoir plus :
« L’expansion de l’industrie du delphinarium et l’import de dauphins capturés à l’état sauvage en Tunisie vont à l’encontre de l’esprit de l’Accord pour la Conservation des Cétacés de la Mer Noire, de la Méditerranée et de la zone Atlantique adjacent (ACCOBAMS), dont la Tunisie fait partie. La résolution 3.13 de l’ACCOBAMS, votée en 2007, notant «la prolifération continuelle des delphinariums », demande expressément aux parties de «ne pas autoriser l’importation de dauphins qui ont été capturés à l’état sauvage».
En outre, l’article II de l’ACCOBAMS exige de ses membres qu’ils “interdisent et prennent toutes les mesures nécessaires afin d’éliminer, où cela n’est pas encore fait, le prélèvement délibéré de cétacés”.
Nage avec les dauphins de Taiji ailleurs dans le monde
Les massacres aux Iles Salomon
Nage avec les dauphins captifs : danger !!
Houtiyat, Association Tunisienne d’Études et de Recherches sur les Cétacés
La protection animale en veilleuse en Tunisie
Une association de protection animale dans chaque région de la Tunisie ?